La Nation Bénin...

Matières premières dans l’Uemoa: Des signaux positifs pour la balance commerciale

Economie

Malgré le recul de certains produits énergétiques et agricoles, les exportations ouest-africaines profitent d’un regain des prix des produits non énergétiques, dopant ainsi les perspectives commerciales à moyen terme.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 22 juil. 2025 à 08h14 Durée 3 min.
#Espace Uemoa

Les économies de l’Uemoa ont profité d’un net rebond des prix de leurs matières premières exportées, en particulier les produits non énergétiques. Cette dynamique, alimentée par la hausse des cours du cacao, de l’or, de l’uranium et des fertilisants, traduit une embellie commerciale pour la région, malgré des signaux contraires sur les marchés du pétrole, du gaz et des produits alimentaires importés. Selon la note de conjoncture de juin 2025 publiée par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), l’indice des prix des produits de base exportés par les pays membres de l’Union a progressé de 4,7 % en mai, après une première hausse de 1,6 % en avril. Parmi les produits phares, le cacao, principal produit d’exportation de la Côte d’Ivoire, a vu son prix bondir de 10,1 %, en lien avec une récolte intermédiaire compromise par l’arrivée tardive des pluies. L’uranium (+8,8 %) a également connu une progression marquée, soutenue par un décret américain facilitant les projets nucléaires, tandis que le zinc (+2,2 %) bénéficie d’un optimisme renforcé sur les marchés, notamment en raison des négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis et d’une baisse des stocks mondiaux. La hausse s’étend aussi aux phosphates (+5,4 %), stimulée par la demande d’engrais dans le contexte des semis de printemps, et aux métaux précieux comme l’or, en progression de 3,0 %, profitant de son statut de valeur refuge dans un climat géopolitique tendu.

En revanche, cette dynamique positive a été atténuée par la baisse des cours de plusieurs produits énergétiques et agricoles, notamment le pétrole (-4,8 %) et le gaz naturel (-2,9 %), affectés par des perspectives d’augmentation de l’offre mondiale et un repli de la demande en Chine. Les huiles de palme (-14,2 %) et de palmiste (-7,0 %) ont souffert d’un excès de production et de stocks élevés, aggravé par une demande indienne en berne. Le café (-5,5 %), le caoutchouc (-4,8 %) et le coton (-0,6 %) ont eux aussi vu leurs cours reculer, dans un contexte d’amélioration de l’offre mondiale et de tensions commerciales affectant certains secteurs comme l’automobile.

Bouffée d’oxygène

Sur un an, la tendance est nettement positive pour les exportations ouest-africaines. Par rapport à mai 2024, l’indice des prix des produits exportés par l’Uemoa a grimpé de 15,6 %, après un recul observé le mois précédent. La noix de cajou (+35,5 %), l’or (+40,2 %), le café (+34,0 %), le bois (+29,5 %) et les huiles végétales (+28,4 %) figurent parmi les plus fortes hausses annuelles, renforçant les recettes d’exportation de plusieurs pays de la région. Néanmoins, certains produits demeurent sous pression, comme le pétrole brut (-23,1 %), l’uranium (-22,5 %), le zinc (-3,5 %), le coton (-14,2 %) et le caoutchouc (-13,5 %), qui affichent des contre-performances en glissement annuel. Ces baisses rappellent la vulnérabilité des économies de l’Union face à la volatilité des marchés mondiaux.

Sur le plan des importations alimentaires, les nouvelles sont moins réjouissantes. L’indice des prix des produits alimentaires importés dans la zone Uemoa a reculé de 0,7 % en mai 2025, effaçant la légère hausse de 0,1 % enregistrée en avril. La baisse concerne notamment le riz (-2,9 %), le sucre (-1,9 %) et le blé (-1,6 %), en raison d’une offre mondiale abondante. En revanche, les prix du lait (+6,7 %) et de l’huile de soja (+3,1 %) ont progressé, portés par une forte demande et une baisse des stocks. En glissement annuel, l’indice global des prix alimentaires importés a chuté de 19,6 %, amplifié par la baisse significative du riz (-30,5 %), du blé (-20,1 %) et du sucre (-2,0 %). Exprimé en francs Cfa, cet indice accuse même une baisse plus marquée de 24,6 %, traduisant les effets combinés de la baisse des prix mondiaux et de la stabilité relative du taux de change. La hausse globale des prix des matières premières exportées par les pays de l’Uemoa est une bouffée d’oxygène pour les balances commerciales de la région. Toutefois, cette embellie reste fragile et dépendante des aléas climatiques, géopolitiques et économiques internationaux. La diversification des exportations, la transformation locale des ressources et la maîtrise de la dépendance alimentaire restent des enjeux majeurs pour consolider la résilience économique des pays membres.