La Nation Bénin...
Le secteur de la microfinance dans l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) poursuit sa dynamique de croissance, portée par l’augmentation du nombre de clients, des dépôts et des crédits. Le Bénin se distingue par une progression notable de ses encours, tout en faisant face, comme l’ensemble de la sous-région, au défi de la dégradation de la qualité du portefeuille de crédits.
La microfinance au Bénin demeure un pilier de l’inclusion financière et du financement de l’économie réelle. La progression des encours et du nombre de clients témoigne d’un secteur vivant et résilient. Le Bénin compte 53 systèmes financiers décentralisés (Sfd), dont 22 intégrés dans l’échantillon de suivi de la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Ces institutions desservent près de 3,87 millions de membres et clients, à travers 851 points de services, confirmant le rôle central de la microfinance dans l’inclusion financière du pays, selon les données publiées par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), au 30 juin 2025.
Sur le plan financier, les dépôts collectés par les Sfd au Bénin atteignent 209,2 milliards F Cfa, tandis que l’encours des crédits s’élève à 235,9 milliards F Cfa. En variation trimestrielle, le Bénin enregistre une hausse de +2,1 % des dépôts, soit +4,4 milliards F Cfa, et une progression plus marquée des crédits, à+3,4 %, correspondant à +7,7 milliards F Cfa. Ces performances placent le pays parmi les contributeurs actifs à la croissance du secteur dans l’Umoa.
Toutefois, cette expansion s’accompagne de fragilités. Le taux de dégradation du portefeuille de crédits au Bénin ressort à 10,9 %, bien au-delà de la norme communautaire de 3 %. Par ailleurs, quatre institutions de microfinance béninoises sont placées sous administration provisoire, un signal d’alerte sur la gouvernance et la gestion du risque de crédit.
De façon globale, dans la sous-région, le secteur de la microfinance compte 527 Imf, desservant 19,9 millions de clients via 4 824 points de services, contre 18,9 millions de bénéficiaires un an plus tôt. L’encours global des dépôts atteint 2 665 milliards F Cfa, en hausse de 3,2 % sur le trimestre et de 10,3 % en glissement annuel, tandis que les crédits s’établissent à 2 684 milliards F Cfa, en progression de 1,2 % sur trois mois. Dans ce paysage, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso dominent en volume, mais le Bénin affiche une croissance plus soutenue que la moyenne régionale sur les crédits. L’épargne mobilisée par les Imf représente désormais 5,3 % de celle collectée par les banques, et les crédits 7,1 % de l’encours bancaire, confirmant la complémentarité entre finance classique et finance inclusive.
Inclusion financière
Les données de la Bceao révèlent que 47,6 % de l’épargne est détenue par les hommes, 23,5 % par les femmes et 28,9 % par les groupements, ces derniers jouant un rôle clé dans le financement des activités génératrices de revenus. Du côté des crédits, les hommes captent 52,3 % des concours, contre 18,9 % pour les femmes et 28,8 % pour les groupements, illustrant un potentiel encore important pour renforcer le financement des femmes entrepreneures. Le montant moyen des dépôts par client s’établit à 133 683 F Cfa, tandis que le crédit moyen par client est de 134 619 F Cfa, en légère baisse, traduisant une massification de l’accès aux services financiers plutôt qu’une hausse des montants unitaires.
Malgré cette dynamique encourageante, la qualité du portefeuille demeure la principale faiblesse du secteur. À fin juin 2025, les créances en souffrance dans l’Umoa atteignent 292 milliards Fcfa, en hausse de 12,5 % sur le trimestre, faisant grimper le taux brut de dégradation à 10,9 %, contre 9,8 % trois mois plus tôt. Cette tendance est observée dans la majorité des pays, y compris au Bénin, et interpelle les autorités de supervision. La montée des risques de crédit impose un renforcement de la gouvernance, de la supervision et de l’éducation financière. Pour le Bénin, l’enjeu est désormais de transformer cette croissance quantitative en une expansion durable, capable de soutenir les ménages et les petites entreprises sans fragiliser les institutions elles-mêmes.
Microfinance au Bénin