La Nation Bénin...
Le coaching endogène, un modèle local d’encadrement autonome et durable porté par les jeunes eux-mêmes fait la fierté du Bénin. Une approche qui transforme des bénéficiaires en champions, mentors puis coaches endogènes, et qui contribue à structurer un véritable écosystème entrepreneurial dans l’Alibori et l’Atacora.
Comment bâtir un écosystème où les jeunes agripreneurs deviennent, eux-mêmes, les moteurs d’un accompagnement durable, d’une employabilité résiliente et d’un leadership transformationnel? C’est à cette interrogation que le programme Emploi des jeunes pour l’amélioration de la sécurité alimentaire au Nord-Bénin (Ejasa) a apporté des réponses concrètes, mercredi 26 novembre, à l’occasion de la célébration du Mois de l’entrepreneuriat. Mis en œuvre depuis 2020 dans les départements de l’Alibori et de l’Atacora, Ejasa couvre quinze communes de ces deux départements. L’ambition est d’accompagner 12 500 jeunes dans quatre filières clés telles que l’élevage de petits ruminants, la volaille, le maraîchage et la production du soja, depuis la production jusqu’à la transformation et la commercialisation. Dans cet accompagnement, le programme innove avec l’endogénéisation du coaching qui est un mécanisme d’autonomisation du coaching. « Ejasa, c’est un programme structurant qui ne se limite pas à l’accompagnement technique. Nous avons voulu développer une capacité locale de coaching qui survivra au projet lui-même. C’est ce que nous appelons l’endogénéisation du coaching », explique Sadda Laouali, coordonnateur du programme. Le principe est simple mais révolutionnaire. Tous les bénéficiaires reçoivent un accompagnement de base et les plus performants d’entre eux sont sélectionnés comme « champions ». Ces champions bénéficient d’un suivi renforcé et après six mois, les meilleurs deviennent des « mentors ». Ces mentors, encadrés et appuyés par le programme, créent ensuite des entreprises coopératives capables de coacher d’autres jeunes. « Nous travaillons à la base avec des agriculteurs, mais progressivement, nous assistons à l’émergence d’entreprises portées par les champions puis par les mentors. C’est une véritable dynamique entrepreneuriale qui se met en place, et le Mois de l’entrepreneuriat est une opportunité idéale pour partager cette innovation », souligne le coordonnateur.
Des transformations visibles
Les témoignages apportés lors de la rencontre ont montré la profondeur de l’impact du programme. Nicolas Chabi Sinagahoue, éleveur de petits ruminants, est devenu une figure de référence dans son village grâce à Ejasa. « Quand le projet est arrivé en 2020, j’étais un simple bénéficiaire. Les formations, les conseils techniques et le coaching m’ont permis d’améliorer mes pratiques. Rapidement, ma communauté a commencé à s’inspirer de moi. C’est ainsi que je suis devenu champion, puis mentor, et aujourd’hui coach endogène », raconte-t-il. Pour lui, cette approche est essentielle pour garantir la continuité du travail engagé. « Même après le retrait du projet, il faut un suivi. Le coaching endogène est donc une nécessité stratégique pour la survie de l’entrepreneuriat agricole. J’invite les jeunes à commencer quelque chose, car ce dispositif est une vraie opportunité», recommande Nicolas Chabi Sinagahoue.
L’initiative ne séduit pas seulement les acteurs nationaux. Safoura Ousmane Cissé, promotrice d’une entreprise au Mali, venue découvrir le dispositif, s’est montrée particulièrement impressionnée. « Je connaissais le projet, mais pas dans cette profondeur. Ce que je retiens, c’est que c’est une première au Bénin, et même en Afrique de l'ouest. Former les jeunes pour qu’ils deviennent eux-mêmes les coachs de leurs pairs est extraordinaire. C’est une approche très puissante, parce qu’on ne peut transmettre ce que l’on n’a pas vécu. Un entrepreneur qui forme d’autres entrepreneurs, c’est toujours plus efficace », témoigne-t-elle. Elle voit dans le modèle Ejasa une source d’inspiration pour son propre pays. « Je repars avec des idées que je pourrai adapter au Mali. Ce dispositif est une vraie avancée dans la construction d’un écosystème entrepreneurial durable », fait savoir Safoura Ousmane Cissé.
En exposant ses résultats et son innovation en matière de coaching endogène, Ejasa confirme son rôle central dans la structuration d’un entrepreneuriat rural résilient au Nord-Bénin. Sa démarche, fondée sur la valorisation des compétences locales et l’accompagnement de proximité, ouvre la voie à une transformation durable des chaînes de valeur agricoles. A travers l’identification de champions, la promotion de mentors et la création d’entreprises coopératives capables d’assurer le relais, le programme jette les bases d’un écosystème autonome, inclusif et pérenne où les jeunes deviennent les acteurs centraux du changement.
Des jeunes transforment leurs pratiques, créent des entreprises rurales et deviennent des acteurs du changement dans leurs communautés