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Participation aux chaînes de valeur mondiales: Miser sur la résilience climatique dans les pays pauvres

Economie
Les catastrophes extrêmes peuvent affecter les productions agricoles  des pays en voie de développement Les catastrophes extrêmes peuvent affecter les productions agricoles des pays en voie de développement

Des politiques visant la résilience climatique sont nécessaires pour accroître la participation des pays en développement aux chaînes de valeur mondiales, suggère une récente étude sur le lien entre les catastrophes et l’économie.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 04 janv. 2024 à 01h19 Durée 3 min.
#Participation aux chaînes de valeur mondiales #Miser sur la résilience climatique

Le changement climatique affecte significativement et négativement la participation des pays en développement aux chaînes de valeur mondiales, d’après une étude menée par Kodjo Théodore Gnédéka et Kwami Ossadzifo Wonyra de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’Université de Lomé. Cette étude intitulée «Effet du changement climatique sur la participation aux chaînes de valeurs mondiales: Evidence de certains pays en développement » est publiée dans la Revue d’analyse des politiques économiques et financières (Rapef, Volume 6 - Juin 2023). Basée sur un échantillon de 27 pays en développement de 2005 à 2019, elle précise que l’amélioration de la participation des pays en développement aux chaînes de valeur mondiales passerait par la mise en place des politiques visant la résilience des pays au changement climatique. Des mesures devraient être prises pour éradiquer ou réduire l’occurrence des évènements extrêmes tels que les inondations et la sécheresse, insistent les auteurs. Ces événements extrêmes affectent les infrastructures et les routes commerciales qui sont essentielles dans la distribution des produits intermédiaires ou finis entre les entreprises ou les pays, et ainsi perturbent les chaînes de valeur mondiales.

Des études antérieures ont montré que la participation aux chaînes de valeur mondiales peut contribuer à une amélioration de la part de l'emploi soutenue par la demande finale étrangère des services, surtout dans les entreprises manufacturières et générer des rendements plus élevés pour le capital. Elle permet aux producteurs d’accéder à de nouveaux marchés et à des rendements potentiellement plus élevés, et peut affecter à la fois le volume et la valeur des biens et services qu'ils produisent.

Relation

Les inondations et les sécheresses occasionnées par le réchauffement climatique, affectent les installations portuaires ainsi que les bâtiments, les routes, les voies ferrées, les aéroports et les ponts, ce qui constitue un frein pour un développement harmonieux des chaînes de valeur mondiales, soulignent les chercheurs. Elles peuvent peut également être à l’origine de la réglementation de la disponibilité du courant électrique qui constitue un élément favorisant la participation des entreprises aux chaînes de valeur mondiales, à travers la destruction des barrages hydroélectriques ou la baisse de la capacité des barrages.

La plupart des pays en développement étant des économies fortement agraires et donc dépendants du climat, les catastrophes extrêmes peuvent affecter leurs productions agricoles, et donc anéantir leurs efforts de participation aux chaînes de valeur mondiales, expliquent les auteurs. De plus, ajoutent-ils, les événements hydrométéorologiques extrêmes peuvent également être à l’origine de la dégradation du capital humain compétent pour amorcer la participation aux chaînes de valeur mondiales. C’est dire que le changement climatique peut affecter l’économie, en affaiblissant à long terme la productivité totale des facteurs de production et en mettant en péril la recherche-développement qui est un élément important pour la durabilité et le développement des chaînes de valeur mondiales.

Par ailleurs, l’étude souligne l’importance de certains facteurs tels que les investissements directs à l’étranger (Ide), l’accès à l’électricité, la lutte contre la corruption et l’accès au crédit.

Nécessité d’un modèle de croissance adaptatif pour le Bénin

Bien que ses émissions de gaz à effet de serre (Ges) soient seulement d’environ 0,05 % des émissions mondiales, le Bénin subit de plein fouet les effets du changement climatique. Selon le Rapport national sur le climat et le développement (Ccdr) du Bénin publié en décembre par la Banque mondiale, les périodes de saisons sèches et humides risquent de devenir plus extrêmes, avec un risque accru de sécheresses et d’inondations si rien n’est fait.

Dans le cadre d’un scénario de réchauffement climatique de 2,7 °C à l’horizon 2070, environ 98 % du territoire du Bénin devrait être exposé à des températures extrêmes, précise le document. En l’absence de mesures d’adaptation adéquates, les pertes économiques annuelles moyennes augmenteraient pour atteindre jusqu’à 19 % du produit intérieur brut (Pib) à l’horizon 2050.

Le rapport préconise alors que le pays se concentre sur l’édification d’une économie résiliente, en adoptant des options d’investissement et de politique principalement axées sur l’adaptation aux risques liés au changement climatique. Cette résilience est particulièrement pressante pour l’agriculture, l’utilisation des terres, les infrastructures urbaines et de réseau, ainsi que l’éducation et la santé.