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Réduire les inégalités: Clé d’un développement durable

Economie
Les efforts quotidiens des agriculteurs, espoir d’un développement inclusif et durable Les efforts quotidiens des agriculteurs, espoir d’un développement inclusif et durable

Réduire les inégalités économiques n’est plus seulement une question d’équité sociale mais une condition indispensable pour stimuler la croissance et accélérer l’éradication de la pauvreté.

 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 29 août 2025 à 07h44 Durée 3 min.
#développement durable

Les inégalités économiques demeurent au cœur des débats sur le développement. La Banque mondiale rappelle dans une récente publication d’experts, qu’elles ne se limitent pas aux écarts de revenus, mais englobent également les inégalités de chances, de richesse ou de pouvoir. « Comment pourrait-il en être autrement ? Toutes les dimensions des inégalités ont une importance majeure. Lorsque celles-ci deviennent trop marquées ou ingérables, cela nuit au développement », a déclaré Indermit Gill, économiste en chef de l’institution, lors d’un récent échange réunissant experts et praticiens du terrain. En effet, lorsque les écarts se creusent, la mobilité sociale s’effondre, les plus vulnérables restent prisonniers de leur condition, et les objectifs de croissance inclusive et d’éradication de la pauvreté s’éloignent. À l’inverse, une réduction des inégalités peut créer un cercle vertueux : stimuler l’économie, renforcer le capital humain et accélérer la réduction de la pauvreté. Pour s’attaquer efficacement aux inégalités, encore faut-il pouvoir les mesurer, la Banque mondiale s’appuie sur sa plateforme Pauvreté et inégalités, qui fournit des estimations de l’indice de Gini dans 172 pays couvrant environ

98 % de la population mondiale. Cet indice, largement reconnu, permet de mesurer la répartition des revenus ou de la consommation dans une société. Depuis 2024, la Banque mondiale a intégré un nouvel indicateur dans sa fiche de performance institutionnelle : le nombre de pays présentant de fortes inégalités, définies par un indice de Gini supérieur à 40. Les résultats sont préoccupants. On note plus d’une personne sur quatre dans le monde qui vit aujourd’hui dans un pays considéré comme fortement inégalitaire, avec une concentration notable en Afrique subsaharienne et en Amérique latine-Caraïbes. Si ces indicateurs constituent des outils essentiels, les experts soulignent toutefois leurs limites. Les estimations reposent généralement sur des enquêtes auprès des ménages, qui tendent à sous-représenter les personnes situées aux extrêmes de la distribution des revenus, soit par sous-déclaration, soit par absence de réponse. Autre difficulté est la fréquence des enquêtes qui varie fortement d’un pays à l’autre. Certains actualisent leurs données chaque année, d’autres beaucoup plus rarement. En outre, les sources diffèrent. Tandis que certains pays utilisent les revenus disponibles, d’autres se basent sur les dépenses de consommation. Cela complique les comparaisons internationales. À ces disparités s’ajoutent des écarts méthodologiques : prise en compte ou non des différences de prix entre zones rurales et urbaines, évolution des plans d’enquête au fil du temps, ou encore absence de données fiscales fiables dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire.

Enjeu central

Pour combler ces lacunes, des initiatives récentes combinent les enquêtes traditionnelles avec des données fiscales ou administratives. Mais en dehors des pays développés, l’accès à des informations détaillées sur l’impôt sur le revenu reste limité. Consciente de ces limites, la Banque mondiale intensifie ses efforts pour améliorer la qualité des données disponibles. L’institution travaille en partenariat avec les systèmes statistiques nationaux afin de renforcer les capacités locales, exploiter davantage les données fiscales et administratives, et développer de nouvelles méthodes de collecte et d’analyse. Dans le cadre de la 21e reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (Ida), le fonds dédié aux pays à faible revenu, la Banque mondiale s’est engagée à accompagner 30 pays dans la réalisation d’enquêtes auprès des ménages. L’objectif est de fournir aux gouvernements des informations fiables pour concevoir des politiques publiques fondées sur des données probantes. La Banque mondiale rappelle que sa mission est de mettre fin à l’extrême pauvreté et de promouvoir une prospérité partagée. Cet objectif passe nécessairement par une meilleure compréhension et une réduction des inégalités économiques. Car au-delà des chiffres, les inégalités traduisent des fractures sociales profondes. Elles fragilisent la cohésion, limitent les opportunités et compromettent la durabilité de la croissance. À l’inverse, leur réduction ouvre la voie à un développement plus inclusif, où chacun, y compris les populations les plus défavorisées, peut contribuer à l’économie et en récolter les fruits. Les inégalités économiques apparaissent aujourd’hui comme un enjeu indissociable du développement. La Banque mondiale en fait un axe majeur de son action, en combinant expertise, accompagnement technique et investissement dans les données. Le défi reste immense, mais une conviction qui guide ses travaux est qu’une croissance durable ne peut être atteinte que si elle profite à tous, sans laisser personne en rade.