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Système de retraite au Bénin: Le Fnrb engagé dans la soutenabilité financière d’ici 2032

Economie

Hausse des produits, réforme du régime, maîtrise des dépenses… Le Fonds national des retraites du Bénin amorce une phase de redressement structurel. Le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle 2026–2028 trace les contours d’une amélioration progressive de la viabilité financière du système d’ici 2032.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 24 juil. 2025 à 08h51 Durée 3 min.
#Fnrb #Bénin

Le Fonds national des retraites du Bénin (Fnrb) abordera la période 2026–2028 avec des perspectives orientées vers le rétablissement progressif de son équilibre financier. Le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2026–2028, publié en mai dernier par le ministère de l’Economie et des Finances, annonce une hausse graduelle des produits du fonds qui passeraient de 60,6 milliards F Cfa en 2026 à 63,7 milliards en 2028, soit une progression de 5,1 %. Cette dynamique repose notamment sur l’augmentation des cotisations, soutenue par la hausse de la masse salariale ainsi que le renforcement de la gouvernance et l’utilisation d’outils de gestion plus performants.

Parallèlement, les dépenses du Fnrb suivraient une progression maîtrisée, passant de 90,9 milliards F Cfa en 2026 à 91,9 milliards en 2027 et 2028. Cette stabilité relative masque cependant une hausse continue du nombre de retraités et une revalorisation progressive des pensions, éléments structurellement porteurs de pressions sur les finances du fonds.

Réforme systémique en préparation

A moyen terme, l’Etat s’engage à réduire le déficit structurel du Fnrb, qui oscillait autour de 30 milliards F Cfa entre 2022 et 2024. Selon la Direction générale du Budget (Dgb), ce déficit est passé de 32,6 milliards en 2022 à 29,3 milliards en 2023, puis à 29,7 milliards en 2024, grâce à la sous-exécution partielle de certaines charges. Les produits qui sont dominés par les cotisations, sont passés de 54,8 milliards à 59,9 milliards F Cfa sur la même période, tandis que les charges sont restées proches de 89 milliards F Cfa.

Cette réforme devrait contribuer à atteindre l’équilibre financier du fonds d’ici 2032, en cohérence avec les engagements du Bénin en matière de protection sociale universelle. Cela appelle d’ailleurs à approfondir les réflexions sur l’élargissement des régimes contributifs à d’autres catégories d’agents publics, ainsi que sur la convergence des dispositifs de sécurité sociale, notamment entre le Fnrb et la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss).

Pour inverser durablement la tendance, une étude actuarielle est en cours. Les recommandations devraient déboucher sur une réforme du régime actuel et l’instauration d’un système de retraite complémentaire. Trois objectifs guident cette transformation : assurer un revenu de remplacement aux retraités et à leurs ayants droit, renforcer la couverture sanitaire des pensionnés, moderniser l’administration et accroître les recettes du Fnrb.

Plus de 4 000 départs à la retraite d’ici 2028

La soutenabilité du système est également conditionnée par les flux croissants de départs à la retraite. Le nombre de pensionnés est attendu en forte augmentation en 2025 (+8,1 %) pour atteindre 50 308 personnes, contre 47 725 en 2024. Cette hausse découle à la fois de régularisations de dossiers et de l’évolution démographique.

Selon les projections établies par le Fnrb en février 2025, 4 168 agents de l’administration publique devraient faire valoir leurs droits à la retraite sur la période 2026-2028, avec des conséquences financières notables. Ces départs engendreront une charge additionnelle estimée à 1,746 milliard F Cfa pour le paiement des pensions. L’incidence sera particulièrement marquée en 2026, avec 1 442 départs représentant une charge de 610 millions F Cfa, niveau qui devrait se maintenir en 2027 avant de légèrement baisser à 1 284 départs en 2028.

Ces sorties massives du personnel auront également un impact négatif sur les recettes du fonds, en raison de la baisse des cotisations perçues. Pour l’année 2026, cette perte est évaluée à 311 millions F Cfa, puis atteindra 308 millions en 2027 et 275 millions en 2028.

La pression financière croissante renforce ainsi la nécessité de réformer en profondeur le système, pour en garantir la viabilité à long terme. L’objectif est d’atteindre l’équilibre d’ici à l’horizon 2032.