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Zone Uemoa: Des perspectives favorables pour une croissance solide

Economie
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La zone Uemoa devrait enregistrer une croissance de 6,3 % en 2025, impulsée par la consommation et les investissements. L’inflation recule nettement, mais la Bceao reste vigilante face aux risques climatiques, sécuritaires et géopolitiques.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 03 oct. 2025 à 09h20 Durée 3 min.
#la zone Uemoa

Le produit intérieur brut (Pib) réel de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) a progressé de 6,5 % au deuxième trimestre, après 7 % au trimestre précédent, selon le Rapport sur la politique monétaire dans l’Union publié en septembre par la Bceao. Pour l’ensemble de l’année, la croissance est projetée à 6,3 %, un niveau identique à celui de 2024.

Cette performance, explique la Bceao, repose sur plusieurs moteurs, notamment la vigueur de la consommation des ménages, la poursuite des investissements dans les infrastructures et l’exploitation accrue des hydrocarbures au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Niger. Le secteur tertiaire contribue pour 3,3 points à la croissance, devant l’industrie (1,7 point) et l’agriculture (1,3 point), dont les perspectives s’améliorent avec la campagne vivrière 2025-2026. Toutes choses ayant contribué à une baisse des importations alimentaires et pétrolières.

Dans cette veine, les termes de l’échange devraient s’améliorer. Les échanges extérieurs de l’Uemoa devraient enregistrer un excédent en 2025 et 2026, à l’instar de 2024. Cette évolution s’expliquerait par la hausse des exportations de pétrole et de gaz, ainsi que les entrées nettes de capitaux mobilisés par les pays. Le solde global de la balance des paiements ressortirait excédentaire de 2 324,0 milliards en 2025 et de 776,1 milliards en 2026, après un excédent plus important de 3 012,7 milliards en 2024. Au deuxième trimestre 2025, la balance des paiements a dégagé un excédent de près de 1 800 milliards F Cfa, grâce à la hausse des exportations d’hydrocarbures et à la baisse des importations alimentaires et pétrolières.

Risques toujours présents

La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) se félicite de l’évolution de ces indicateurs, tout en soulignant que les risques demeurent bien présents. Le rapport mentionne les aléas climatiques susceptibles de perturber la production agricole, la montée des tensions géopolitiques qui pourrait renchérir les importations, et la persistance de l’insécurité dans la zone sahélienne.

En fait, les Etats membres poursuivent leurs efforts de consolidation budgétaire. Le déficit global devrait passer de 5,1 % du Pib en 2024 à 3,7 % en 2025, puis à 3,2 % en 2026. La dette publique est évaluée à 62,5 % du Pib à fin juin 2025, ressortant ainsi inférieure au seuil communautaire de 70 %. Ces chiffres traduisent une amélioration de la discipline budgétaire, même si le financement reste coûteux. Sur le marché régional, les bons du Trésor se négocient à des taux supérieurs à 7,7 %, ce qui pèse sur les marges de manœuvre des gouvernements.

Pour autant, la Bceao appelle à la prudence. Les projections de croissance et d’inflation pourraient être remises en cause par un choc climatique, une aggravation de la crise sécuritaire dans le Sahel ou un retournement des prix mondiaux. L’institut monétaire insiste sur la nécessité de poursuivre les réformes structurelles, de renforcer la sécurité alimentaire et d’accroître la mobilisation de financements privés. La zone Uemoa conserve ainsi un potentiel de croissance robuste, mais celui-ci reste tributaire d’un environnement régional et international encore instable.

Le inflation en net recul

Après avoir atteint 3,5 % en moyenne annuelle en 2024, l’inflation dans l’Uemoa devrait chuter à 1,2 % en 2025, avant de remonter légèrement à 2 % en 2026. Cette détente reflète la baisse des cours mondiaux des produits alimentaires et énergétiques ainsi qu’une bonne disponibilité de céréales locales.

La Bceao avait assoupli sa politique monétaire en juin en réduisant ses taux directeurs de 25 points de base et a choisi de maintenir ce cap lors de sa réunion du 17 septembre. Le taux minimum de soumission aux appels d’offres reste fixé à 3,25 %, tandis que le guichet de prêt marginal demeure à 5,25 %. Le coefficient de réserves obligatoires est maintenu à 3 %. Le Comité de politique monétaire estime nécessaire de laisser jouer les effets de cette détente avant d’envisager de nouvelles mesures.