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Adaptation au changement climatique dans le bassin du Niger: Des défis pressants pour la composante béninoise du Pidacc

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La composante béninoise du Programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique dans le bassin du Niger (Pidacc-Bn) fait face à d’importants défis. Malgré des avancées notables, des difficultés structurelles freinent l’avancement du projet, mettant en péril l’atteinte des objectifs avant la clôture prévue en 2025.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 04 oct. 2024 à 11h58 Durée 3 min.
#changement climatique dans le bassin du Niger

Bien que des progrès significatifs aient été réalisés, la composante béninoise du Programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique dans le bassin du Niger (Pidacc-Bn) rencontre encore de nombreux défis. Selon le rapport sur l’état d’exécution et sur les résultats (Eer) du projet, daté du 30 août 2024 et publié par la Banque africaine de développement (Bad), partenaire financier du projet, certaines initiatives ont avancé. Plusieurs marchés publics ont été finalisés, et des études techniques, telles que les avant-projets sommaires (Aps), les avant-projets détaillés (Apd) et les dossiers d’appel d’offres (Dao), sont en attente de validation.

Le projet a également initié des actions pour la gestion des plantes envahissantes dans les cours d’eau, avec 38 sous-projets communautaires en cours. Ces projets visent la restauration de 2 150 hectares de terres dégradées, la plantation de 400 hectares de forêts sylvopastorales, ainsi que la réhabilitation de 900 hectares de la rôneraie de Goroubi et de la zone cynégétique de la Djona. Par ailleurs, 140 km de couloirs de passage pour le bétail sont en cours d’aménagement, et des mesures sont prises pour éradiquer les plantes envahissantes sur 50 hectares de cours d’eau.

Cinq sessions de formation ont également été organisées, touchant 820 bénéficiaires, afin de renforcer les capacités locales pour la gestion durable des ressources naturelles. En outre, le projet a progressé dans la réhabilitation de 9 stations climatologiques et la construction de 5 magasins de stockage agricole, contribuant ainsi à l’adaptation au changement climatique.

Obstacles majeurs

Malgré des avancées dans plusieurs domaines, le projet est confronté à des défis considérables qui pourraient compromettre l’atteinte de ses objectifs d'ici à la clôture prévue en 2025, selon le rapporteur Moussa Mahamane. Il souligne des problèmes structurels, notamment les retards dans l’exécution des études et la passation des marchés, qui constituent un obstacle majeur.

Le rapport met également en lumière la faible performance de l’Unité de coordination du projet (Ucp) au cours des quatre dernières années, suscitant des inquiétudes quant à la capacité du projet à atteindre ses objectifs, même en cas de prolongation jusqu’en 2027.

Début juillet, un atelier de revue à mi-parcours a été organisé pour identifier des solutions afin d’accélérer les travaux, qui accusent un retard important. Jean Huchon, représentant de la Délégation de l’Union européenne, a déploré à cette occasion le « contexte sécuritaire délicat » dans lequel le projet se déroule.

L’un des éléments clés du projet est la construction d’une digue de protection à Malanville, essentielle pour la prévention des inondations et l’aménagement de 4 000 hectares de périmètre irrigué, qui sera financé par la Banque mondiale. La réalisation de cette infrastructure subit des retards en raison de difficultés dans le recrutement d’experts pour les études d’impact environnemental (Eies) et le plan d’action pour la réinstallation (Par). Les lenteurs dans le financement et l’exécution des travaux, ainsi que la coordination complexe entre les parties prenantes, compromettent la réalisation de cette infrastructure stratégique.

Points d’attention

Serge Dossou-Yovo, directeur général du Financement du Développement au ministère de l’Économie et des Finances, a souligné lors de la revue que ces retards proviennent de la finalisation tardive des études techniques avant le lancement du programme, ainsi que des difficultés organisationnelles au niveau de la coordination régionale.

Le rapport met en exergue plusieurs autres défis, notamment la lente appropriation du projet par les autorités locales et la faible adoption des innovations technologiques par les communautés. De plus, les ressources allouées à la gestion du projet ont déjà dépassé le budget initialement prévu, atteignant 107 % de celui-ci, ce qui pourrait entraîner un dépassement des coûts de gestion à plus de 25 % du total.

À cela s’ajoutent des retards dans l’exécution des services par les structures partenaires, la capacité limitée des entreprises locales impliquées dans le projet, ainsi que l’absence de mise en œuvre des mesures d’atténuation environnementales et sociales, et la faible adhésion des populations locales.

Pour surmonter ces obstacles, le rapport appelle à une meilleure coordination entre le gouvernement, l’unité de coordination du projet et les partenaires financiers, notamment la Banque africaine de développement. L’accent est également mis sur le renforcement du suivi rapproché des dossiers relatifs à la passation des marchés et des travaux et services en cours■

Nobles ambitions du projet

Lancé en 2018, le Pidacc-Bn a pour objectif de renforcer la résilience des populations et des écosystèmes du bassin du Niger face aux impacts du changement climatique. Ce projet régional, initié par l’Autorité du bassin du Niger (Abn) et soutenu par divers partenaires financiers, couvre plusieurs pays. Il regroupe neuf projets-pays et un projet régional géré par l’Abn.

La composante béninoise du programme, d’un coût initial de 9,533 milliards de F Cfa, est mise en œuvre dans 13 communes du nord du Bénin : Banikoara, Bembèrèkè, Gogounou, Kalalé, Kandi, Karimama, Kérou, Kouandé, Malanville, Nikki, Péhunco, Ségbana, et Sinendé.

Le programme vise à réduire l’ensablement du fleuve Niger, à protéger les grandes infrastructures hydrauliques et les principales zones humides du bassin. Pour atteindre ces objectifs, il est impératif d’accélérer la mise en œuvre des activités restantes et de renforcer la supervision des travaux, afin que les populations bénéficiaires puissent rapidement ressentir les impacts positifs de ce programme ambitieux■

C. U. P.