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Mars-Arès Agnoun Basso au sujet du 2e Sommet des jeunes sur la biodiversité: « Nous allons renforcer l’engagement et les capacités de la jeunesse »

Environnement
Rabi Mars-Arès Agnoun Basso Rabi Mars-Arès Agnoun Basso

Coordinateur Bénin de Youth Biodiversity Network (Bybn), Mars-Arès Agnoun Basso est le superviseur de l’organisation du Sommet national des jeunes sur la Biodiversité (Snjb) qui se tient du 25 au 29 novembre prochain, à Bohicon. Dans cette interview, l’activiste de la nature revient sur les tenants et les aboutissants de la deuxième édition de cette rencontre.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 20 oct. 2025 à 08h35 Durée 3 min.
#biodiversité

La Nation : Vous organisez la deuxième édition du Sommet national des jeunes sur la biodiversité, le mois prochain. Quel est l'objectif de cette rencontre ?

Mars-Arès Agnoun Basso : Le principal objectif du Snjb2 est de renforcer l’engagement et les capacités de la jeunesse béninoise en matière de technologies vertes et de souveraineté écologique. Ce sommet se veut un cadre d’échanges, de formation et d’innovation où les jeunes pourront comprendre le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et la Stratégie et Plan d’action national pour la Biodiversité (Spanb), afin d’y contribuer activement. Concrètement, nous voulons que les jeunes passent du discours à l’action, en proposant des solutions, des technologiques locales et durables pour préserver la biodiversité sur le territoire national.

Comment l'idée d’un Sommet des jeunes pour la biodiversité a-t-elle germé ?

Tout est parti d’un constat simple qui est que les jeunes sont souvent les premières victimes des effets de la dégradation de la biodiversité, mais rarement impliqués dans les décisions et les actions concrètes pour la protéger.

En 2022, lors de la Cop15 sur la biodiversité, la jeunesse mondiale a pris la parole pour demander une place dans les processus de mise en œuvre du Cadre de Kunming-Montréal.

Au Bénin, nous avons voulu traduire cette dynamique en action concrète, d’où la naissance du Sommet national des jeunes sur la biodiversité à la suite de plusieurs autres activités et initiatives qui ont réuni les jeunes.

C’est donc une plateforme béninoise de dialogue, d’innovation et de co-création entre jeunes, experts, décideurs et partenaires pour bâtir ensemble un avenir plus vert.

Le thème retenu pour cette deuxième édition parle de l’innovation technologique. Pourquoi cette thématique ?

Le thème retenu est « Jeunesse, technologies et souveraineté écologique : innover pour protéger et conserver la biodiversité dans le cadre de l'accord de Kunming-Montreal et de la Spanb ».

Nous avons choisi ce thème parce qu’il reflète les nouveaux défis de la conservation dans un monde en mutation. Aujourd’hui, les technologies peuvent devenir de véritables alliées pour la biodiversité : drones, cartographie, data environnementale, intelligence artificielle, applications citoyennes. Mais au-delà de la technologie, nous parlons de souveraineté écologique, c’est-à-dire la capacité du Bénin à préserver et gérer durablement ses ressources naturelles sans dépendre de modèles extérieurs. Ce thème invite donc la jeunesse à conjuguer innovation et responsabilité environnementale.

Concrètement, qu’est-ce que vous attendez ou espérez au terme du sommet et après ?

A la fin du sommet, nous espérons plusieurs résultats tangibles. Entre autres, la formation de plus de 2 000 jeunes sur la Spanb et le Cadre mondial de la biodiversité ; la co-création de trois projets innovants à travers le Challenge Biolab (hackathon écologique) ; l’adoption d’une Déclaration nationale des jeunes sur la biodiversité, pour affirmer la contribution de la jeunesse au processus national, et la mise en place d’une plateforme nationale jeunesse-Osc-institutions, pour assurer la continuité des actions après le sommet.

Notre ambition, c’est de faire du Snjb un catalyseur d’engagements durables, et non un simple événement ponctuel.

La première édition a pris fin sur une note d'espoir et des résolutions... Que retenir du suivi de ses recommandations?

Effectivement, la première édition du sommet, tenue en 2023, a été une belle réussite. Elle a réuni des jeunes venus de tout le pays et permis de formuler des recommandations fortes sur la gouvernance participative de la biodiversité, le renforcement des capacités des jeunes et la rédaction de l'appel de Bohicon qui a invité le gouvernement à concentrer ses efforts sur des cibles du cadre mondial que nous avons qualifié de prioritaires, d'intégrer les jeunes dans le processus de révision et de mise à jour de la Spanb. Il a été suggéré aussi que les jeunes et les organisations se mettent ensemble pour une synergie d'action pour conserver la biodiversité tout en s'appropriant les technologies existantes et utilisées pour la conservation. Depuis, plusieurs de ces jeunes ont intégré des initiatives locales de reboisement, de protection des mangroves et de promotion de l’agroécologie. Nous avons également travaillé à la mise en réseau des jeunes et à leur implication dans plusieurs processus tant au plan national que régional.

Le Snjb2 vient donc consolider ces acquis, élargir l’impact et renforcer le lien entre jeunesse, innovation et politiques publiques.

Une invite ?

Je dirais simplement que le futur de la biodiversité béninoise dépend de la jeunesse d’aujourd’hui. Nous devons cesser de voir la biodiversité comme un sujet d’experts, mais comme une question de survie et d’identité nationale.

J’invite donc tous les jeunes, institutions et partenaires à rejoindre le mouvement du Snjb pour construire, ensemble, une souveraineté écologique béninoise, au service des générations présente et futures. Ensemble, nous pouvons construire la souveraineté écologique du Bénin, avec et pour les jeunes.