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Transhumance transfrontalière entre le Sahel et les pays côtiers: De nouveaux engagements pour la mobilité en toute sécurité du bétail

Environnement
Par   Josué F. MEHOUENOU, le 05 nov. 2015 à 00h27

Transhumance transfrontalière entre le Sahel et les pays côtiers: De nouveaux engagements pour la mobilité en toute sécurité du bétail


Cotonou accueille depuis hier, et pour trois jours, la deuxième édition de la concertation de haut niveau sur la transhumance transfrontalière entre le Sahel et les pays côtiers. L’attachement à cette forme d’élevage, en raison de ses atouts économiques et les incidents sécuritaires y liés, seront discutés en vue de l’établissement d’une nouvelle feuille de route applicable au sein de l’espace communautaire.

Secteur d’importance stratégique, l’élevage pastoral représente au plan macro-économique, 5% du PIB régional. Cette contribution atteint voire dépasse 25% dans certains pays sahéliens comme le Burkina Faso, le Niger et le Mali. Source majeure de création de richesses à travers la mobilisation de différents maillons, cette forme d’élevage engendre des retombées significatives et les statistiques récentes font état d’un cheptel évalué à 60,5 millions de têtes de bovins et près de 160 millions de petits ruminants.

L’élevage pastoral, un moyen d’intégration régionale

Alain Sy Traoré, directeur de l’Agriculture et du développement rural à la commission de la CEDEAO, venu représenter le commissaire chargé de l’Agriculture à l’occasion des travaux de la deuxième concertation ouverte hier, indique que l’instance communautaire «estime que l’importance de l’élevage pastoral est d’autant plus grande que cette activité constitue un puissant facteur d’intégration régionale, grâce aux échanges multiformes qu’elle permet de développer entre les territoires et les acteurs». Lesquels acteurs, représenté par Alfa Tidjani Aboubakar, disent être préoccupés par une meilleure connaissance de leur profession sur le continent et dans le monde. Ils voudraient par ailleurs, compter sur les éminences grises présentes à la concertation de Cotonou pour y arriver, au regard de son rôle d’instrument «de valorisation de la complémentarité agro-écologique entre les zones sahéliennes et forestières».
La voix des partenaires techniques et financiers, portée à l’ouverture des travaux par le chargé de Programmes développement de l’agriculture durable à la délégation de l’Union Européenne au Bénin, Bachtiar Lorot s’est voulue un engagement. Les PTFs, rassure ce dernier, marquent le renouvellement de leur soutien à cette initiative pour le bien-être des populations. Bien qu’étant au cœur de mille attentions, eu égard à son potentiel économique, la transhumance transfrontalière est aussi source de menaces pour la quiétude des populations des régions sahéliennes et côtières. Et c’est bien là, l’un des défis que se propose de relever la concertation de Cotonou à laquelle ont ainsi pris part le haut commissaire à la gouvernance concertée, Moïse Mensah et le ministre en charge de la Décentralisation, Véronique Brun Hachémè.
S’inscrivant dans la logique de celui de Lomé, tenu en 2014, le rendez-vous de Cotonou «maintiendra l’élan du dialogue politique qui vise la création d’un environnement propice à une cohabitation pacifique entre les utilisateurs des ressources naturelles dans l’espace communautaire», insiste alors Alain Sy Traoré.

Instaurer un cadre d’échanges

En raison d’une combinaison de plusieurs facteurs dont le manque croissant de ressources pastorales, les aléas climatiques…, «les flux de la transhumance transfrontalière vont se poursuivre et se densifier, avec le risque probable d’engendrer une multiplication des conflits autour de l’accès aux ressources naturelles dans les zones d’accueil des transhumants transfrontaliers» ont analysé les experts communautaires. «Il est urgent aujourd’hui de comprendre et d’essayer de gérer ces problèmes, en tenant principalement compte des conflits dont les causes profondes ne sauraient être dissociés de la difficulté grandissante d’accéder dans la paix et dans la sécurité aux espaces de pâture et aux points d’eau», indique la CEDEAO. Et son porte-voix à Cotonou, Alain Sy Traoré déplore, en sus, «la surmédiatisation de ces mêmes conflits qui s’accompagne d’une interprétation facile et fallacieuse de leurs causes, à travers un accent mis sur les considérations d’appartenance technique ou d’affiliation identitaire».
Il faut plutôt voir en ces conflits, préconise-t-il, «des problèmes récurrents comme les difficultés d’accès aux ressources naturelles et la précarité des conditions de vie des acteurs concernés». Aussi, rappelle-t-il, qu’en guise d’anticipation, la CEDEAO avait adopté la Décision A/DEC5/10/98 réglementant la transhumance transfrontalière dans l’espace communautaire. Laquelle sert également d’instrument d’application de la réglementation communautaire et facilite la mobilité du bétail entre les pays de l’Afrique de l’Ouest. Comme on le voit, la concertation de Cotonou s’ouvre dans un contexte particulier et se propose de ce fait, une série d’actions rappelée par Alain Sy Traoré. Le Bénin qui ne subit pas moins les affres de ce phénomène intègre en tout cas la dynamique communautaire et espère de cette concertation, à en croire le ministre en charge de l’Agriculture, Rufin Nansounon, des modalités de gestion de l’espace et des ressources naturels. Celui-ci suggère l’aménagement du territoire comme élément structurant de la mobilité du bétail, invite la CEDEAO à un leadership parlant et les PTFs à des engagements.