La Nation Bénin...
A l’occasion de la Journée internationale de la paix organisée, à Genève (Suisse) par l’organisation internationale InterPeace, l’Artiste de l’Unesco pour la Paix, Guila Clara Kessous, a présenté une initiative audacieuse : instaurer un quota (30 %) de femmes dans toutes les négociations internationales de paix. Selon elle, cette mesure, inédite sur la scène multilatérale, permettrait non seulement de corriger une exclusion persistante, mais surtout augmenterait sensiblement les chances de signature et de durabilité des accords, en intégrant à la table des négociations celles qui représentent une part majeure des populations affectées par les conflits.
Près d’un quart de siècle après la résolution 1325 du Conseil de sécurité, qui encourageait l’inclusion des femmes, la réalité reste inchangée. Selon Onu-Femmes, en 2023, seules 9,6 % des négociateurs, 13,7 % des médiateurs et 6 % des signataires d’accords de paix étaient des femmes. Des chiffres dérisoires au regard de la réalité des conflits, où près de 80 % des personnes déplacées sont des femmes.
Le Prio (Institut de recherche sur la paix d’Oslo) a révélé qu’en 2024, 676 millions de femmes vivaient à moins de 50 kilomètres d’un conflit armé, un record depuis la fin de la guerre froide. Une proximité qui se traduit par une hausse de la mortalité maternelle, une explosion des violences sexistes et un effondrement de l’accès à l’éducation des filles.
Pour Guila Clara Kessous, il ne suffit plus d’encourager : il faut contraindre. Sa proposition inclut également un soutien accru aux organisations féminines de terrain, l’intégration de la société civile aux discussions, un mécanisme annuel de suivi sous l’égide de l’Onu, et des programmes de formation pour une nouvelle génération de femmes diplomates. Selon l’Organisation des Nations Unies, la présence féminine dans les pourparlers augmente de 35 % la probabilité qu’un accord de paix dure plus de 15 ans.
Diplômée, entre autres, de la Boston University, Guila Kessous conjugue action diplomatique et création artistique. Depuis 2019, elle dirige le Femina Vox International Forum, plateforme internationale de réflexion et de plaidoyer sur l’égalité femmes-hommes, qu’elle a créé et qui se place désormais sous l’égide de l’Unesco. Quatre ans plus tard, elle initie les « Accords de Sarah et Hajar », pendant féminin des «Accords d’Abraham », signés par des femmes diplomates originaires du Bahreïn, des Emirats arabes unis, d’Israël et du Maroc.
L’Artiste de l’Unesco s’apprête également à conjuguer ses combats diplomatiques et sa pratique théâtrale à l’occasion de la « Semaine de la Paix de Genève», prévue du 13 au 17 octobre.
Celle qui fut la créatrice du séminaire «Théâtre et droits humains» à la Harvard Kennedy School dirigera une résidence consacrée au pouvoir transformateur du théâtre, inspirée de la méthode du « Théâtre de l’opprimé » du Brésilien Augusto Boal. Ateliers, spectacles et débats inviteront les participants à réfléchir aux droits humains, aux droits des femmes ou encore au sort des réfugiés, dans une démarche qui cherche à faire de la paix une expérience vécue plutôt qu’un simple slogan. En inscrivant la question féminine au cœur des processus de paix, Guila Clara Kessous envoie un message clair : l’histoire des négociations ne peut plus s’écrire sans les femmes.
L’implication des femmes dans toutes les négociations internationales de paix permettrait, entre autres, de corriger une exclusion persistante