La Nation Bénin...

Forum international sur le socialisme à la chinoise: Regards croisés sur les changements inédits

International
La Chine a entamé une mutation profonde vers un modèle de développement  plus respectueux de l’environnement La Chine a entamé une mutation profonde vers un modèle de développement plus respectueux de l’environnement

Participant au forum organisé par l'Académie chinoise des sciences sociales les 12 et 13 novembre derniers, Karim Badolo de Cgtn français partage ses observations sur l’engagement de la Chine en faveur du développement vert, de la gouvernance écologique et de la lutte contre le changement climatique, illustrant la mise en place d’une civilisation écologique en pleine évolution.

Par   Isidore GOZO, le 17 nov. 2025 à 07h58 Durée 3 min.
#socialisme #Académie chinoise des sciences sociales

Depuis plusieurs années, la Chine s’est imposée comme un acteur majeur du changement climatique et de la transition écologique mondiale. Longtemps considérée comme la ‘’fabrique du monde’’ et un géant industriel axé sur la croissance à tout prix, la Chine a entamé une mutation profonde vers un modèle de développement plus respectueux de l’environnement. Lors du forum international organisé par l’Académie chinoise des sciences sociales en novembre, Karim Badolo, journaliste de Cgtn Français, a pu constater de visu ces transformations et partager ses réflexions sur la place centrale que la Chine souhaite désormais occuper dans la lutte pour un avenir plus durable.  Il fait observer que depuis plusieurs décennies, la Chine a compris que son avenir économique et social ne pouvait se construire sans une gestion responsable de ses ressources naturelles. La prise de conscience a été accélérée par les impacts néfastes de la pollution, de la déforestation, de la désertification et de la dégradation des terres.  

Karim Badolo insiste sur le fait que la Chine a intégré la préservation de la biodiversité dans ses stratégies de développement. Elle a notamment adopté des lois et des politiques ambitieuses pour protéger ses écosystèmes, tout en favorisant la croissance économique. Il souligne que la déclaration du président Xi Jinping selon laquelle ‘’les écosystèmes doivent être aussi précieux que nos yeux’’ illustre cette volonté et constitue une philosophie guide pour de nombreuses initiatives. Il souligne également que cette conscience écologique ne se limite pas à des discours, mais se traduit par des actions concrètes à tous les niveaux. « La Chine a lancé de vastes programmes de reforestation, de protection des zones humides, de création de parcs nationaux et de réserves naturelles, tout en intégrant la biodiversité dans ses plans de développement économique», a-t-il lâché en donnant l’exemple du programme de reboisement massif qui a permis d’accroître la couverture forestière nationale, passant de 8,6 % lors de la fondation de la République populaire en 1949 à plus de 24 %. La capacité de stockage de carbone par les forêts chinoises a ainsi considérablement augmenté, faisant de la Chine un acteur clé dans la lutte contre le changement climatique.  Karim Badolo indique que ces efforts s’accompagnent également de la transformation des pratiques agricoles et industrielles, en privilégiant des méthodes plus durables et respectueuses de l’environnement.

Pour réaliser cette transition écologique, la Chine mise sur l’innovation technologique et la modernisation de ses infrastructures. Karim Badolo évoque plusieurs exemples illustrant cette volonté. «Dans la province du Shanxi, traditionnellement industrialisée et dépendante du charbon, la transformation est spectaculaire. La région, autrefois dévastée par l’exploitation minière, s’oriente désormais vers la production d’énergies renouvelables. La région investit massivement dans l’éolien, le solaire et la géothermie.

La modernisation écologique

La verdure s’étend dans les villes, où la végétalisation et les espaces verts deviennent des priorités», a-t-il fait savoir. Il ajoute aussi que le Shanxi illustre une tendance plus large à l’échelle du pays qui est celle d’un passage d’une économie basée sur les énergies fossiles à une économie verte et durable. La Chine a fixé comme objectif d’atteindre le pic de ses émissions de carbone d’ici 2030, puis la neutralité carbone d’ici 2060.  Ce double engagement, selon lui, implique une refonte de ses infrastructures énergétiques, avec une augmentation exponentielle de la capacité de production d’énergies renouvelables, la fermeture progressive des centrales au charbon et le développement de réseaux électriques intelligents. « La Chine est désormais le premier producteur mondial de panneaux solaires, d’éoliennes et de véhicules électriques.  Les progrès en matière de capture et de stockage du carbone viennent également renforcer ces efforts. La Chine a lancé plusieurs projets pilotes pour expérimenter des technologies de séquestration du CO2, tout en développant des marchés du carbone pour encourager les industries à réduire leur empreinte écologique», a-t-il fait savoir.

Karim Badolo insiste particulièrement sur ses observations dans la région du Shanxi. Ancien bastion de l’industrie lourde et du charbon, cette province, rappelle-t-il, a connu une véritable révolution écologique. La transformation des villes, la végétalisation des espaces, la mise en place de parcs et de corridors écologiques témoignent d’un changement de paradigme.  D’après lui, les autorités locales ont lancé des projets ambitieux pour réhabiliter les sols, limiter la pollution et favoriser les énergies renouvelables. La province investit dans la construction d’infrastructures vertes, telles que des stations de production d’énergie solaire, des réseaux de transport électrique et des systèmes de gestion des déchets respectueux de l’environnement.  Dans la région autonome de Mongolie intérieure, l’engagement écologique se manifeste à travers la protection des vastes prairies naturelles, de l’eau et de la faune. Karim Badolo décrit un modèle de développement équilibré, basé sur la préservation des ressources naturelles, la modernisation de l’agriculture et l’écotourisme.  Le district d’Ulagai, par exemple, a créé, à l’en croire, une base d’innovation écologique s’étendant sur 35 km², où l’agriculture moderne, l’élevage durable et le tourisme culturel cohabitent dans une harmonie écologique. La protection rigoureuse des prairies et des cours d’eau, notamment la rivière Ulagai, constitue la pierre angulaire de cette stratégie.  Le géoparc mondial de l’Unesco à Arxan illustre également ces efforts de conservation. La région teste des mécanismes innovants de gestion des puits de carbone forestiers, intégrant des marchés et des systèmes de vérification, pour renforcer la capacité de stockage de carbone et préserver la biodiversité.  

La dimension internationale

Karim Badolo souligne que la Chine ne se limite pas à ses efforts domestiques. Elle souhaite partager ses expériences et ses stratégies avec d’autres pays, notamment ceux du continent africain, fortement touchés par le changement climatique et la dégradation environnementale.  Il rappelle que lors du dernier sommet du Focac (Forum de coopération Chine-Afrique), la Chine a proposé une série de projets pour soutenir le développement vert en Afrique. Il cite le lancement de 30 projets d’énergie propre, la création de systèmes d’alerte météorologique, la coopération dans la prévention des catastrophes naturelles, le développement de laboratoires communs, le développement de la télédétection par satellite ou encore l’exploration spatiale.  Ces initiatives, note-t-il, visent à renforcer la résilience des pays partenaires face aux effets du changement climatique tout en leur permettant de bénéficier de technologies propres et durables. La Chine insiste également sur la nécessité d’un partenariat mondial pour lutter efficacement contre la crise écologique.  Elle promeut une approche de coopération Sud-Sud, où chaque pays partage ses savoirs et ses ressources pour construire un avenir commun plus vert.  « L’aide chinoise dans des domaines tels que l’électrification rurale, la gestion des déchets, la lutte contre la désertification ou la protection des forêts montre que cette démarche dépasse le simple discours et s’inscrit dans une logique d’action concrète », a-t-il souligné.  

Pour Karim Badolo, cette transformation en Chine témoigne de la naissance d’une véritable ‘’ civilisation écologique’’. La Chine, en intégrant la durabilité dans sa culture et ses politiques, cherche à concilier croissance économique et respect de la nature. « Ce processus, encore en cours, avance lentement mais sûrement, avec des résultats visibles dans plusieurs régions et secteurs. La Chine veut devenir un modèle mondial en matière de développement durable, tout en maintenant ses ambitions économiques », a-t-il lâché en ajoutant que les exemples de transformations régionales, de l’industrie à l’agriculture, de la gestion des ressources à la coopération internationale, illustrent cette volonté. La civilisation écologique chinoise n’est pas seulement un objectif, mais une dynamique en marche, portée par une volonté politique forte et une mobilisation de tous les acteurs.