La Nation Bénin...
Pour la première fois, la famine est
officiellement confirmée dans la bande de Gaza. Selon la dernière analyse de
l’IPC (Integrated Food Security Phase Classification) plus d’un demi-million de
personnes y sont désormais piégées dans des conditions de famine, marquées par
la faim généralisée, la détresse et des décès évitables. D’ici à la fin
septembre, plus de 640.000 Gazaouis devraient basculer au niveau le plus extrême
de l’insécurité alimentaire, tandis que 1,14 million seront en situation d’«
urgence » et près de 400.000 en « crise ». C’est la première fois qu’une famine
est officiellement déclarée au Moyen-Orient. Le chef des droits de l’homme de
l’ONU, Volker Turk, a déclaré que l’utilisation de la famine comme arme de
guerre constitue un crime de guerre.
Suite à l’annonce officielle de famine, de passage à
Genève, Tom Fletcher, Secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires
humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence (OCHA), a livré un constat
accablant devant les journalistes accrédités auprès de l’ONU. « C’est une
famine ! La famine est à Gaza ! », a-t-il martelé en colère. « Une
famine prévisible et évitable, causée par la cruauté, justifiée par la
vengeance, permise par l’indifférence et entretenue par la complicité.»
« Un XXIᵉ siècle
de la honte »
Selon le rapport d’IPC, les seuils critiques de
famine, privation alimentaire extrême, malnutrition aiguë et décès liés à la
faim, sont désormais atteints. La situation est particulièrement alarmante pour
les enfants : plus de 12 000 ont été identifiés comme souffrant de malnutrition
aiguë rien qu’en juillet, un chiffre six fois plus élevé qu’en début d’année.
D’ici 2026, 43.400 enfants pourraient être exposés à un risque de mort lié à la
malnutrition, ainsi que 55.000 femmes enceintes ou allaitantes. Déjà, un bébé
sur cinq naît prématurément ou en sous-poids.
« Les avertissements étaient clairs depuis des mois »,
rappelle la directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy
McCain. « Ce dont nous avons besoin d’urgence, c’est d’un afflux massif d’aide,
de conditions plus sûres et de systèmes éprouvés de distribution pour atteindre
ceux qui en ont le plus besoin. »
Le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), l’éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus a prévenu que la dévastation est
généralisée : le système de santé est en ruine, l’eau potable et
l’électricité quasiment inexistantes et 98 % des terres cultivables de Gaza
sont détruites ou inaccessibles, Les maladies bénignes deviennent mortelles
dans une population affaiblie par la faim. « Même des infections courantes
comme la diarrhée ou les maladies respiratoires sont désormais fatales pour les
enfants. »
Obstruction
dénoncée
Le Chef d’OCHA, Tom Fletcher, accuse directement
Israël de bloquer l’acheminement de l’aide, évoquant des « stocks alimentaires
qui s’entassent aux frontières » alors que des familles « doivent choisir quel
enfant nourrir ». « C’est une famine à quelques centaines de mètres de la nourriture,
dans une terre fertile », a-t-il insisté. Selon lui, « certains dirigeants
israéliens la promeuvent ouvertement comme une arme de guerre ».
Si les autorités israéliennes continuent de nier
l’existence d’une famine, Tom Fletcher souligne qu’une partie de la société
civile israélienne, y compris des survivants du 7 octobre, réclame désormais
l’ouverture des points de passage. « Nous savons comment livrer de l’aide à
grande échelle. Nous l’avons fait ailleurs et nous pouvons le faire à nouveau,
mais il faut nous laisser travailler », a-t-il souligné.
Appel unanime au
cessez-le-feu
Quatre agences onusiennes (FAO, UNICEF, PAM et OMS) ont
lancé un appel conjoint à un cessez-le-feu immédiat et à un accès humanitaire
sans entraves. Elles se disent « gravement préoccupées » par la perspective
d’une offensive militaire accrue dans la ville de Gaza et redoutent des
conséquences « encore plus dévastatrices » pour les civils déjà au bord de
l’effondrement.
« L’accès à la nourriture n’est pas un privilège,
c’est un droit fondamental », a rappelé Qu Dongyu, directeur général de la FAO.
Catherine Russell, directrice exécutive de l’UNICEF, a décrit des « enfants
trop faibles pour pleurer ou manger, des bébés mourant de faim et de maladies
évitables, des parents sans rien à donner ».
Face à l’ampleur de la tragédie, Tom Fletcher a conclu
son plaidoyer par un appel au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou :
« Assez ! Cessez de faire feu ! Ouvrez les passages, au nord comme au
sud ! Laissez entrer la nourriture et les médicaments, à l’échelle massive
requise. Trop de vies ont déjà été perdues, mais il n’est pas trop tard pour
les autres. Pour l’humanité, laissez-nous entrer !»
Crimes de guerre
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de
l’homme, Volker Türk, a réagi avec gravité à l’annonce officielle de la famine
à Gaza. Selon lui, cette situation est « le résultat direct des actions menées
par le gouvernement israélien ». « Utiliser la faim comme méthode de guerre
constitue un crime de guerre », a-t-il rappelé, ajoutant que « les décès qui en
résultent pourraient également s’apparenter au crime de guerre de meurtre
intentionnel ». Il a exhorté les autorités israéliennes à « prendre
immédiatement des mesures pour mettre fin à la famine » et à garantir un accès
sans entraves à l’aide humanitaire.
Famine à Gaza