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Paix et sécurité en Afrique de l’Ouest: La Cedeao réforme la formation de sa force en attente

International
La formation s’inscrit aussi dans une dynamique plus large de responsabilisation des États africains  dans la gestion des questions de paix et de sécurité La formation s’inscrit aussi dans une dynamique plus large de responsabilisation des États africains dans la gestion des questions de paix et de sécurité

Face aux défis sécuritaires croissants en Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) engage une réforme majeure de sa force en attente. Réunis à Abuja du 16 au 17 juillet 2025, les experts des États membres ont validé une nouvelle politique de formation destinée à améliorer la réactivité, la coordination et la professionnalisation de cette force régionale.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 21 juil. 2025 à 08h37 Durée 3 min.
#paix et sécurité

La Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a franchi un pas décisif dans la construction d’un dispositif de sécurité régionale efficace. Lors d’une réunion de haut niveau tenue, du 16 au 17 juillet 2025 à Abuja, capitale fédérale du Nigeria, les experts gouvernementaux, les représentants des directions techniques de la Commission ainsi que les partenaires au développement ont procédé à la validation de la nouvelle politique de formation de la force en attente de la Cedeao pour les opérations de soutien à la paix. Cette rencontre stratégique s’inscrit dans la mise en œuvre des décisions des chefs d’État et de gouvernement, adoptées lors de leur dernière session ordinaire. Conscients de l’insécurité grandissante liée au terrorisme, aux conflits communautaires et à la criminalité transnationale, les dirigeants ouest-africains ont insisté sur la nécessité de rendre opérationnelle, rapidement et durablement, la force en attente, appelée à intervenir en cas de crise dans l’espace communautaire.

Une force multidimensionnelle

Créée en 2004, la force en attente de la Cedeao est une composante essentielle du mécanisme de prévention, de gestion et de résolution des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité adopté en 1999. Elle se compose de trois piliers : militaire, policier et civil, ce qui lui permet de déployer des missions variées selon les contextes à savoir stabilisation post-conflit, désarmement, protection des civils, ou encore assistance humanitaire. Jusqu’ici, le manque de coordination et l’absence d’un cadre unifié de formation limitaient l’efficacité de cette force, malgré les volontés politiques affichées. La nouvelle politique entend corriger ces insuffisances en dotant les États membres d’un référentiel commun de formation, harmonisé et fondé sur les standards internationaux. Ce document stratégique s’articule autour de plusieurs priorités : le respect des droits humains et du droit international humanitaire ; l’intégration du genre dans les opérations ; la prévention des conflits à travers des approches inclusives et participatives ; la création d’un réseau régional de centres de formation accrédités, capables de dispenser des modules techniques communs aux militaires, policiers et civils. La rencontre d’Abuja a également mis en évidence la forte synergie entre la Cedeao et ses partenaires internationaux. L’Union européenne, le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement (Bmz), la Coopération française via Expertise France, la coopération espagnole à travers l’Aecid, et la Giz ont tous marqué leur soutien actif à cette réforme.

Ancrée dans la Vision 2050 de la Cedeao, cette initiative réaffirme l’engagement de la Commission à promouvoir une Afrique de l’Ouest intégrée, pacifique, prospère et résiliente. Elle témoigne également d’une convergence accrue entre les priorités régionales et la coopération internationale en matière de paix et de sécurité. Elle s’inscrit aussi dans une dynamique plus large de responsabilisation des États africains dans la gestion des questions de paix et de sécurité, dans un contexte de retrait progressif des missions de maintien de la paix des Nations unies sur le continent.

Des attentes à combler 

La nouvelle politique de formation répond ainsi à l’appel pressant lancé par les chefs d’État de la Cedeao lors de leur dernière session. Ces derniers avaient recommandé l’accélération de la mise en œuvre opérationnelle de la force en attente et la nécessité pour les États membres d’assumer une plus grande part de responsabilité dans la gestion des crises sécuritaires régionales. En effet, avec l’augmentation des menaces, notamment dans le Sahel, le golfe de Guinée et les zones frontalières, la Cedeao entend renforcer sa capacité d’intervention rapide, sur le modèle de ce qui se fait dans d’autres régions d’Afrique. Dans cette perspective, la formation apparaît comme la pierre angulaire de cette ambition renouvelée.

La Commission devrait désormais s’atteler à la mobilisation des ressources financières, à l’opérationnalisation des centres de formation régionaux, et à la mise en place d’un dispositif de suivi et d’évaluation des formations. C’est dire que la validation de la politique de formation de la force en attente de la Cedeao constitue un jalon important vers une sécurité collective renforcée en Afrique de l’Ouest. Reste désormais à concrétiser les engagements pris pour que cette force devienne une réalité crédible et dissuasive, à la hauteur des attentes des populations.