Les menaces les plus fréquentes dans le cyberespace béninois sont estimées à une demi-dizaine. D’après un diagnostic du secteur de la sécurité numérique, la première menace est la cyber-escroquerie qui se manifeste sous plusieurs formes. Devenant de plus en plus inquiétante, elle part de l'arnaque, aux extorsions, en passant par les chantages et crimes rituels. Les cybercriminels en font le moyen idéal pour la commission de leurs crimes par voie numérique, tout en restant relativement anonymes. A cause de ce phénomène, le Bénin a été classé dans le Rapport Interpole et Trend Micro en 2018, parmi les pays africains ayant un taux de cyber-escroquerie élevé. Selon cette étude, ce crime n'est pas l’apanage des cybercriminels béninois. Il est également commis par un grand nombre d'étrangers ayant trouvé au Bénin, un refuge pour perpétrer leurs forfaits. Les groupes criminels ont aussi recours à Internet pour recruter des jeunes afin de les impliquer dans des opérations de crimes organisés. Le fléau de la cyber-escroquerie inquiète davantage parce qu’il induit d’autres actes infractionnels. Il peut s’agir du vol d'argent ou de données, de l'atteinte à la vie privée des citoyens, des fraudes, du viol, du trafic de drogue et d'armes, etc. Cet état de choses agit sur la confiance numérique et constitue de sérieuses entraves pour l’économie numérique. Mais, les pouvoirs publics veillent au grain avec l’interpellation, ces derniers mois, de plusieurs cyber-escrocs.
S’agissant des cyber-attaques, elles s’observent depuis des années, et se manifestent sous forme d’attaques contre les sites web institutionnels, avec des dégradations de pages web essentiellement dues à des défaillances techniques et à la non-application de bonnes pratiques de protection. Les cyber-délinquants utilisent des systèmes infectés sur le réseau béninois pour lancer des attaques contre des systèmes d'autres pays (DDoS courriels, hameçonnages, etc), entrainant fréquemment le blacklisting des adresses Ips béninoises. Dans la plupart des cas, ces incidents viennent de réseaux étrangers, ayant infecté des systèmes béninois exposés et dont la protection est déficiente.
Quid des menaces sur les réseaux sociaux et fraudes bancaires ?
En plus des attaques de systèmes et des escroqueries par voie informatique, les menaces en relation avec les réseaux sociaux et les fraudes bancaires sont des infractions fréquentes. C’est une tendance qui facilite certains fléaux sociaux et des pratiques marginales comme la diffamation, le chantage, les infox, la propagande, les menaces en relation avec le vol de comptes, la falsification de comptes, le vol de données, etc. Le phénomène des infox trouve un bon refuge sur les réseaux sociaux où le contrôle est plus difficile et les informations circulent très rapidement. Ce phénomène a des répercussions sociales, politiques et même sécuritaires. Les incidents portant sur la falsification de photos, la contrefaçon de documents, la fuite de documents officiels, ou les incidents en rapport avec des personnalités politiques, voire les chantages…, sont généralement liés aux réseaux sociaux.
Par ailleurs, au regard des enjeux financiers majeurs, les criminels s'attaquent très souvent aux moyens de placement d’argent pour spolier les institutions financières et les citoyens utilisant ces systèmes. C'est une menace qui ne cesse de se développer dans la sous-région, y compris au Bénin. En outre, plusieurs pratiques sont observées comme les fraudes liées aux cartes bancaires, les attaques par hameçonnage, l'usage de techniques d'ingénierie sociale, sans oublier les fraudes dues aux acteurs internes. Ce type de fraude est mis en œuvre avec le développement des moyens de placement et des services bancaires en ligne, entraînant des pertes financières directes. A tout ceci, s’ajoutent les attaques contre les infrastructures critiques qui ne cessent de s’amplifier avec le développement technologique. Ces infrastructures qui traitent de données critiques, deviennent de plus en plus connectées et exposées.
Une stratégie de sécurité numérique adoptée
L’option du développement numérique au Bénin, a permis d’adopter une stratégie nationale de sécurité numérique en vue d’un cyberespace sécurisé et attrayant, pour une économie numérique florissante. Le but de cette stratégie est de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour identifier les menaces et les évaluer de façon régulière afin de prendre les contre-mesures appropriées. Elle définit un cadre national pour protéger les usages numériques au Bénin et accompagner la transformation digitale avec comme pierre angulaire, la sécurité numérique. En dehors des menaces, d’autres insuffisances comme le manque d'expertise en sécurité numérique, l’absence de structures privées spécialisées en sécurité numérique, l’absence de formations académiques spécialisées au niveau des universités, le faible niveau de sensibilisation chez les usagers de la technologie, le manque d'engagement de certains acteurs, la faiblesse des moyens financiers alloués à la protection des systèmes…, sont prises en compte dans cette stratégie