La Nation Bénin...
Ouinhi, territoire de 483 km2 dont plus de 60 % sont
humides, s’illustre au Sud-Est du département du Zou par une gestion innovante
de ses nombreux cours d’eau au point où ces derniers constituent la deuxième
source de mobilisation des ressources propres, après le secteur marchand.
La commune de Ouinhi a trouvé une approche ingénieuse pour valoriser son atout le plus précieux: l’eau. Avec plus de 60 % de son territoire couvert de zones humides, cette localité a su transformer ses nombreux cours d’eau en source de mobilisation de fonds propres, rivalisant avec le secteur marchand. Le secret réside dans une gestion innovante initiée par la cinquième mandature du conseil communal, dirigée par le maire Jonas Houessou. La commune, traversée sur 45 km par un bras du fleuve Ouémé, a décidé d’exploiter ses affluents par le biais d’accords formalisés entre la mairie et des groupements de pêcheurs. Ces contrats d’exploitation renouvelés, chaque année, génèrent des revenus substantiels, allant de 50 à 200 mille francs Cfa par cours d’eau, selon leur importance. Cette démarche, fondée sur le principe que les bas-fonds et les cours d’eau appartiennent aux collectivités locales, a fait des cours d’eau la deuxième source de revenus propres de la commune.
Les activités halieutiques sont au cœur de cette dynamique. Près de 95 % de la population de Ouinhi s’investit dans la pêche. Mais l’exploitation des richesses aquatiques ne s’arrête pas là. La production agricole notamment la culture du riz et l’extraction artisanale du sable fluvial sont aussi des activités lucratives et encadrées. Eloquente illustration de cette approche, sur le site d’Ahogo, dans l’arrondissement de Sagon, l’extraction artisanale du sable fluvial est structurée et professionnalisée. Grâce au financement du 11e Fonds européen de développement (Fed), en 2021, une aire de stockage de 500 m2 a été aménagée et l’extraction du sable est désormais confiée à des exploitants agréés, ce qui a permis de sortir l’activité de l’informel.
Un modèle inspirant
Les tas de sable constitués sur le site sont vendus aux
camionneurs pour être livrés sur les chantiers de construction des
infrastructures routières et urbaines. L’extraction artisanale du sable fluvial
est dominée par des femmes, originaires de Ouinhi mais aussi des communes
voisines comme Covè et Zangnanado, qui s’occupent du transport du sable de la
berge à l’aire de stockage. Pendant ce temps, les hommes ramènent du sable
extrait du fleuve à l’aide de pirogues.
La gestion audacieuse des ressources naturelles, à
Ouinhi, a des avantages socio-économiques importants. Non seulement elle permet
aux personnes impliquées de joindre quotidiennement les deux bouts, mais elle
génère aussi des fonds essentiels pour financer des projets de développement
local.
Le chef de l’arrondissement de Sagon, Isidore Odjo,
insiste sur le caractère novateur de cette approche. « L’idée de mettre en
exploitation sous diverses formes les cours d’eau pour en tirer des ressources
financières est une innovation du conseil de Ouinhi », affirme-t-il. En moins
de cinq ans, cette stratégie a démontré son efficacité et suscite déjà
l’intérêt des communes voisines qui voit en Ouinhi un modèle à suivre pour un
développement local durable et autonome.
Dr Isidore Odjo, chef de l’arrondissement de Sagon, soutient qu’actuellement, les cours d’eau de Ouinhi constituent la deuxième source de mobilisation des fonds propres, après le secteur marchand de la commune.
Une vue de l’aire de stockage du sable fluvial à Ahogo où des femmes et hommes viennent gagner leur vie et la mairie collecte des fonds pour financer le développement