La Nation Bénin...
Après
une phase pilote conduite dans trois communes, le Bénin envisage une mise à
l’échelle de la prise en charge nutritionnelle au cours des mille premiers
jours. Il entend ainsi contribuer à l’amélioration de l’état nutritionnel des
enfants de 0 à 23 mois à travers le projet de supplémentation nutritionnelle
des 1000 premiers jours, pour un financement estimé à 155 milliards de francs
Cfa.
Au
Bénin, les pratiques alimentaires actuelles ne garantissent pas à tous les
enfants, un apport nutritionnel optimal pour prévenir les carences
nutritionnelles à l’origine des problèmes de malnutrition, notamment le retard
de croissance au niveau des enfants de moins de cinq ans. Le retard de
croissance affecte particulièrement les enfants au cours des 1000 premiers
jours de vie. Pour prévenir les carences nutritionnelles chez les enfants au
cours des 1000 premiers jours de vie, une expérience pilote de supplémentation
nutritionnelle a été menée dans la zone sanitaire Akpro-Missérété, Avrankou et
Adjarra. Un projet pilote qui a permis d’évaluer l’efficacité de cette
intervention en vue de l’étendre à une plus grande échelle. Au terme de trois
mois d’expérimentation, les leçons apprises ont servi de base à l’élaboration
du projet. Lequel bénéficie de l’attention du gouvernement, et mieux encore,
fait l’objet d’un suivi particulier de la part du président de la République.
Non seulement l’Exécutif y a consacré un projet, mais il mise gros à travers un
investissement de trois cents millions de dollars, soit environ 155 milliards F
Cfa. Ceci pour le renforcement de l’environnement de la nutrition et de
l’alimentation, l’accélération des interventions en alimentation et la
redevabilité dans le domaine de la nutrition, la mise en place d’un mécanisme
d’amélioration des environnements alimentaires... A l’horizon 2033, il est
projeté l’amélioration des prestations de soins de santé et nutritionnels à
l’endroit des femmes enceintes et du fœtus pour la réduction du faible poids de
naissance, la promotion de l’alimentation et la nutrition du nourrisson et du
jeune enfant.
Plusieurs études ont révélé que le fléau de la carence nutritionnelle se traduit par des pertes de croissance et de productivité, estimées à trois mille milliards de dollars par an dans le monde. A l’inverse, l’intensification des interventions en matière de nutrition génère des bénéfices économiques. Selon la Banque mondiale, chaque dollar investi dans la lutte contre la malnutrition génère un bénéfice de 23 dollars. Les femmes enceintes et allaitantes font partie des plus vulnérables, ce qui affecte leur santé et celle de leurs enfants. Les carences nutritionnelles pendant la grossesse et l’allaitement nuisent au développement des nourrissons.
C’est pour répondre à ces défis que le projet de supplémentation nutritionnelle a été conçu. Cette politique a pour objectif de faire de l’alimentation et de la nutrition un pilier fondamental du développement humain au Bénin, en garantissant un accès équitable et durable à une alimentation saine et nutritive. L’initiative prévoit, entre autres, de fournir gratuitement aux cibles leurs besoins ainsi que des consultations prénatales gratuites ; contribuer à l’amélioration de l’état nutritionnel des enfants de 0 à 23 mois à travers entre autres la fourniture des suppléments nutritionnels à 75 % des femmes enceintes et allaitantes ; fournir des suppléments nutritionnels à 75 % des enfants de 6 à 23 mois ; assurer la prise en charge communautaire de 360 000 cas de malnutritions aiguës modérées chez les enfants de moins de cinq ans… Les objectifs poursuivis sont multiples pour amoindrir l’impact des carences en nutriments essentiels. Celles-ci, de l’avis des spécialistes, « affectent gravement le développement cérébral des enfants » et se traduisent par des limitations cognitives à vie. « Les enfants, dont la capacité d’apprentissage est réduite, ont des performances scolaires moindres, réduisant ainsi leurs chances d’accéder à des opportunités économiques futures. Ce cercle vicieux contribue à la persistance de la pauvreté », conviennent-ils.
Sur le plan du développement, la malnutrition impacte la productivité économique du pays, notamment par la réduction des capacités de travail et la hausse des coûts médicaux. « Elle pourrait représenter jusqu’à 11 % du produit intérieur brut de certains pays africains en raison de la perte de productivité et des dépenses médicales, selon le Rapport continental sur le coût de la faim de l’Union africaine 2021. « Investir dans la nutrition des enfants dès les 1000 premiers jours de vie constitue ainsi une opportunité pour renforcer le capital humain et soutenir la croissance économique à long terme », soutiennent les responsables du projet. Il faut aussi mentionner l’alignement avec les Objectifs de développement durable, notamment l’Odd 3 relatif à la bonne santé et au bien-être. « Le défi que nous devons relever est d’investir différemment dans la petite enfance, afin de préparer une nouvelle génération de citoyens dotés de capacités mentales et physiques adéquates, et capables ainsi de contribuer de manière significative au développement économique et social de notre pays », expliquait Alain Hinkati, directeur général de l’Agence national de l’alimentation et de la nutrition (Anan), à l’occasion du Forum national sur la nutrition où le projet a été lancé.