La Nation Bénin...
Élever
un enfant fort ne consiste pas à lui épargner toutes les difficultés, mais à
l’accompagner avec amour et discernement vers l’autonomie. Dans cet entretien
accordé à La Nation, Nadia Fagnisse Coach juvénile certifiée, souligne
l’importance de trouver l’équilibre entre protection et liberté pour aider les
enfants à grandir confiants, responsables et résilients.
En quoi l’échec est-il une étape formatrice pour l’enfant?
L’échec est formateur, c’est une étape souvent essentielle dans le processus de l’apprentissage. À travers l’échec, l’enfant apprend et expérimente la résilience, et comprend que les difficultés font partie de la vie. Surmonter l’échec renforce également la confiance. Un enfant qui n’expérimente jamais l’échec ne saura pas gérer la frustration dans pareilles circonstances, ni apprendre à trouver des solutions pour dépasser cette situation. L’acceptation de l’échec enseigne également la gestion des émotions que sont la déception, la colère, la frustration. Accompagné avec bienveillance, l’échec devient un tremplin vers la maturité et la résilience.
Comment encourager l’autonomie sans mettre l’enfant en danger?
Le parent encourage l’autonomie et la résilience chez l’enfant en donnant graduellement des responsabilités adaptées à l’âge de celui-ci (ranger son armoire, ses jouets, choisir son repas au restaurant) ; en encourageant les efforts ; en laissant l’enfant expérimenter dans un cadre sécurisé ; en valorisant les efforts plus que les résultats ; en tolérant les erreurs ; en félicitant les prises d’initiative ; en encourageant la prise de décision et en relativisant les échecs avec bienveillance.
Quelles
responsabilités peut-on confier à l’enfant
dès son plus jeune âge ?
Dès
la petite enfance: ranger les jouets, s’habiller seul, choisir ses vêtements,
mettre la table, arroser les fleurs ou le potager, nourrir un animal de
compagnie (sous la supervision d’un adulte)… Et, graduellement : préparer son
sac d’école, gérer son temps de devoirs, participer aux tâches ménagères.
Chaque responsabilité, même minime, construit le sens de l’effort et la confiance en soi de l’enfant.
Quel rôle l’école joue-t-elle dans le développement de la résilience et de l’autonomie?
L’école
peut encourager les initiatives, donner des projets à réaliser en groupe,
valoriser la créativité et non seulement les notes. Les enseignants, par leur
posture, aident les enfants à s’exprimer, à prendre des décisions et à
développer leur esprit critique, en continuité avec l’éducation reçue à la
maison.
Les humiliations à la suite des échecs sont à proscrire dans ce processus.
Quelles sont les erreurs parentales les plus fréquentes?
Sensible
aux difficultés de l’enfant, le parent peut développer une attitude de
surprotection pour éviter à l’enfant de souffrir ou chercher, avec les
meilleures intentions du monde, à résoudre les problèmes auxquels il est
confronté.
Le laxisme est également une posture que certains parents confondent avec la bienveillance et qui fragilise, car l’enfant qui manque de règles et de cadre développe des comportements impulsifs et intolérants. La comparaison de l’enfant à d’autres est également une attitude qui détruit la confiance et l’estime de soi de l’enfant.
Quel message clé adresser aux parents?
Élever
un enfant fort, c’est trouver l’équilibre entre amour et autonomie. Aimer
l’enfant pour ce qu’il est, indépendamment de ses réussites, de ses erreurs ou
de son comportement, instaure une sécurité affective, un lien parent-enfant
solide et fort qui ouvre le chemin à l’expérimentation, aux erreurs, à
l’apprentissage et à l’autonomie dont l’enfant a besoin pour se construire. Un
enfant qui se sent aimé et capable devient un adulte confiant, équilibré et
résilient.
Nadia Fagnisse