Le Bénin a célébré pour la première fois la Journée africaine de l'état civil. Ce 10 août dans la commune d’Allada, tous les acteurs intervenant dans le secteur ainsi que de nombreux partenaires techniques et financiers ont marqué une pause pour évaluer les avancées et projeter les défis.
Des avancées, le Bénin en cumule ces dernières années, du fait de la volonté du gouvernement de réformer pour assurer à chaque citoyen la jouissance des droits liés à l’état civil. Abdon Marius Mikpon’Aï, directeur général de l’état civil, en parle avec satisfaction. Il est heureux de voir le pays presque gagner le pari de la réforme et de la modernisation de l’état civil. Certes, reconnait-il, il y a matière à batailler encore mais des bonds qualitatifs se notent çà et là avec pour belle illustration, la célébration de cette journée.
« Un état civil fiable et sécurisé est un gage de développement pour la nation. Il retrace les événements importants de la vie d'un citoyen ». Si par le passé, les familles ont connu des difficultés avec les actes d’état civil, aujourd’hui, tout semble aller dans le meilleur des mondes, reconnait Jean-Claude Codjia, préfet de l’Atlantique. Et même si « ce triste souvenir hante encore certains esprits qui ont perdu beaucoup d'opportunités parce que l'identification des citoyens était une sinécure », les réformes entamées depuis 2017 ont sonné le glas de cet état de choses.
« L'état civil est ainsi devenu un outil de développement majeur qui permet de fournir des données démographiques et statistiques nécessaires à l'élaboration des politiques publiques », se félicite le préfet. Son souhait, c’est que la synergie d’actions des acteurs permette « de bâtir un système où aucune naissance n'échappe à l'enregistrement car, un enfant non identifié est vulnérable».
Améliorer la qualité et l'actualité de l’enregistrement des faits d’état civil
« Pour chaque enfant, le droit à une identité et à la protection ». C’est là, l’un des objectifs majeurs de l’Unicef-Bénin qui s’est associée à la vague de réformes engagées pour l’amélioration et l’actualisation des systèmes des faits d’état civil au Bénin.
« L’enregistrement des naissances revêt une importance capitale pour parvenir à des systèmes performants d'enregistrement des faits et statistiques de l'état civil », dira la représentante résidente de l’institution, Djanabou Mahonde. L'acte de naissance joue un rôle capital dans la vie de tout être humain, car il constitue la preuve juridique et administrative de reconnaissance officielle de son appartenance à un Etat, et la possibilité de jouir de tous ses droits, rappelle-t-elle aux parents et agents de santé, un peu comme pour les mettre face à leurs responsabilités. « Les enfants non enregistrés à la naissance sont ainsi privés de leurs droits à une existence légale», fait observer la représentante résidente de l'Unicef-Bénin. Autant que le Bénin, toutes les nations africaines y travaillent et c’est ainsi qu’il faut comprendre, ajoute-t-elle, le thème de cette année qui tourne autour de l'opportunité d'accroître la couverture nationale et d'améliorer la qualité et l'actualité des données grâce à la numérisation des systèmes d'enregistrement des faits d'état civil.
Pas étonnant donc que l’Unicef Bénin soit au cœur de la réforme qui a contribué à lever la quasi-totalité des goulots d'étranglement qui faisaient obstacle à l'enregistrement universel des naissances et au retrait des actes de naissance au Bénin. Pour aller encore plus loin dans la marche engagée à cet effet, un important don de matériel a été fait au profit de l’Agence nationale d’identification des personnes (Anip). 27 mairies des départements de l'Alibori, du Borgou, de l'Atacora, de la Donga et du Zou ont pu recevoir des ordinateurs, des imprimantes, du matériel électrique, et de routeurs avec connexion internet, et 227 centres de santé ont pu disposer de 10 000 formulaires de déclaration de naissance.
Soutenir les initiatives
A ce don, Unicef-Bénin a associé, dans le cadre de la présente célébration, des équipements additionnels à savoir 174 tablettes, imprimantes, rallonges, banques de recharge, et routeurs avec connexion internet. Ceux-ci sont destinés à 174 des 233 arrondissements dans les départements du Borgou, de la Donga et du Zou, y compris tous les arrondissements de l'Alibori et de l'Atacora, pour un coût total de 162 107 182 francs Cfa. Avec cet appui rendu possible grâce au soutien de la banque de développement d'allemagne Kfw, l’Unicef entend « contribuer à rendre effectifs l'enregistrement des naissances et la délivrance des actes de naissance, partout où le besoin se signale ».
Cet engagement de l’institution plait bien au directeur général de l’Anip. Pascal Nyamulinda se réjouit de cet appui et voudrait avec ses services en faire l’usage indiqué pour que chaque citoyen où qu’il soit bénéficie des services de son agence pour accomplir son acte d’état civil. « L’état civil a des implications directes sur la sécurité intérieure, les politiques publiques, la gouvernance, la planification et le développement».
C’est pourquoi, « il est utile de soutenir toutes les initiatives visant à garantir sa fiabilité et sa sécurité pour le bonheur des populations », appuie Abasse Olossoumare, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur. Il fait ensuite observer qu’« un système d'état civil fiable et bien organisé est le socle de l’exercice, par les citoyens, de leurs droits fondamentaux et un prérequis pour que les citoyens puissent jouir pleinement, dans le cadre de l’Etat de droit, de leurs droits civils et politiques ». En tout cas, les innovations en matière d’enregistrement des naissances au Bénin s’enchaînent avec aujourd’hui, un taux de couverture estimé à 90 % avec quelques disparités entre les zones rurales et urbaines ■