La Nation Bénin...
La
marche pacifique « contre la cherté de la vie », organisée par les centrales
syndicales, samedi 27 avril dernier, dans les rues de Cotonou n’a pas pu
aboutir. Dispersés par les forces de sécurité, certains manifestants ont été
arrêtés puis libérés plus tard dans la soirée.
Sortis
massivement dans les rues de la capitale économique du Bénin pour marcher
contre la cherté de la vie, les travailleurs ayant répondu à l’appel des
organisations syndicales, n’ont pas pu s’exprimer comme il se doit, samedi 27
avril dernier. Et pour cause ! Ils se sont heurtés au dispositif de sécurité
mis en place par les pouvoirs publics pour empêcher l'accès au lieu de
rassemblement. « Nous sommes bloqués ici depuis 6 heures, nous ne pouvons même
pas avoir accès à la Bourse du travail qui est notre maison commune », regrette
Mathieu D., un manifestant interdit d’accès. La Police républicaine ayant
bouclé toutes les voies d’accès à la place de l’Etoile Rouge et à la Bourse du
travail, les organisateurs ont tenté de contourner le dispositif en prenant les
uns, l’axe Gbégamey-Carrefour Vodjè et les autres, l’axe Place Bulgarie-Saint
Jean. Avec des chants et cris de ralliement, ils ne manquaient aucune occasion
pour exprimer leur mécontentement contre la cherté de la vie. « C’est contre la
vie chère que nous sommes venus marcher tôt ce matin, mais malgré que toutes
les issues menant à la Bourse du travail, point de rassemblement et de départ
de la marche soient bouclées par les forces de l’ordre, nous allons nous
manifester dans les ruelles », indique dame Judith D., agent de collectivité
locale qui a rallié difficilement Cotonou pour participer à cette marche. Avec
leurs sifflets, gongs et vuvuzelas, les manifestants et quelques leaders avec
des pancartes lancent un cortège bruyant hors du périmètre interdit. Rejoints à
hauteur du carrefour Gbégamey par les secrétaires généraux, ils ont tenu à
aller jusqu’au bout de leur initiative quand tout a fini par dégénérer avec
l'arrestation d’une vingtaine de
manifestants et leaders syndicaux. Dans la foulée, Moudachirou Bachabi et
Anselme Amoussou, deux secrétaires généraux et une quinzaine de manifestants
ont été interpellés par la police et conduits au Commissariat central de
Cotonou. « Nos leaders ont été arrêtés alors que nous n’avons même pas eu
d’altercations avec la police», alerte un manifestant qui a pu échapper à la
meute de policiers.
La marche sera reprogrammée
En soutien à leurs camarades arrêtés par les forces de l’ordre, Noël Chadaré, secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes, et d’autres manifestants sont arrêtés et conduits aussi au commissariat de Cotonou. Pour la Police républicaine, il n’y a pas question de marcher sans une autorisation alors que les syndicats disent qu’ils ont régulièrement fait les formalités. Au total, 29 personnes, leaders syndicaux et manifestants, ont été interpelées avant de recouvrer leur liberté après 23 h suite à une audition. Libre de ses mouvements, Anselme Amoussou, secrétaire général de la Csa-Bénin, s’est rendu à la Bourse du travail où plusieurs travailleurs l’attendaient. A cette occasion, il a félicité les travailleurs ayant effectué le déplacement en dépit des menaces des forces de l’ordre. « Ne soyez pas gênés par le discours officiel qui consiste à nous faire passer pour des gens irresponsables qui n’ont pas fait les formalités et qui ont voulu faire marcher les citoyens dans la rue », a-t-il laissé entendre avant d’expliquer que toutes les formalités ont été faites dans le cadre de l’organisation de cette marche. Rejetant le tort sur les policiers et le préfet du Littoral. Il annonce un grand meeting de protestation le mercredi 1er mai prochain avant de remobiliser sa troupe. « La marche sera reprogrammée », selon lui.