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Réglementation de la circulation des poids lourds dans le Grand Nokoué: Les clarifications du gouvernement

Société
José Didier Tonato (à droite) et Wilfried Léandre Houngébdji lors de la conférence de presse José Didier Tonato (à droite) et Wilfried Léandre Houngébdji lors de la conférence de presse

Au regard des nuisances et dommages causés par la circulation des véhicules poids lourds dans les villes du Grand Nokoué, le gouvernement a adopté un décret qui réglemente la circulation de ces véhicules à compter du 1er janvier 2026 et suivant des horaires bien définis. José Didier Tonato, ministre du Cadre de vie et des Transports chargé du Développement durable et Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, ont détaillé, jeudi 25 septembre dernier, les raisons qui justifient cette mesure, à la faveur d’une conférence de presse.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 30 sept. 2025 à 08h40 Durée 3 min.
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La circulation des véhicules poids lourds de transport est réorganisée dans le Grand Nokoué par le décret n° 2025–508 du 03 septembre 2025, qui entre en vigueur le 1er janvier 2026, et fixe les itinéraires obligatoires de circulation de ces véhicules dont le poids excède dix tonnes. Le communiqué signé par José Didier Tonato, ministre du Cadre de vie et des Transports chargé du Développement durable, annonçant la nouvelle, continue de faire le tour du Bénin depuis le 23 septembre et nourrit plusieurs commentaires et rumeurs. Appuyée par Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, l’autorité ministérielle a détaillé, jeudi dernier face aux hommes des médias, les raisons qui ont poussé le gouvernement à prendre cette décision.

Il informe que l'objectif principal de la mesure est de protéger les infrastructures réalisées à grands frais, de les rendre résilients et de permettre qu'elles durent le plus longtemps possible. Il est aussi question de la protection et de la sécurité des citoyens et particulièrement des usagers de la route, du fait que la circulation des camions est mélangée avec la circulation urbaine.

« Je peux vous dire concernant l'assainissement et l'aménagement de la voirie, que plus de 500 milliards ont été investis dans le Grand Nokoué depuis 2016. Les investissements continuent. Mais qu'est-ce que nous constatons ? La circulation des gros porteurs n'est pas adaptée au milieu urbain et aux infrastructures urbaines. Vous avez une forme de circulation et de stationnement presque anarchique sur les trottoirs. Vous remarquerez qu'aujourd'hui, nous sommes en train de réparer à coût de plusieurs milliards des dallettes cassées, des grilles tampons d'avaloirs et d’autres choses. Tout cela est dû à un stationnement non autorisé sur des infrastructures conçues à grands frais », déplore le ministre Tonato.

Comme dans son communiqué, il fait observer que dans le Grand Nokoué, il y a une dégradation accélérée des infrastructures routières, équipements de sécurité et de signalisation à l’instar des feux tricolores et autres. Il dénonce aussi l’implication fréquente des véhicules poids lourds dans les accidents de la route. Dans la plupart des cas, les dégâts matériels causés sur la route entraînent des coûts de réparation élevés.

« Aujourd'hui, dans le Grand Nokoué, sur des anciennes installations de caniveaux et de voirie, nous avons un programme de près de 15 milliards pour réparer des dallettes cassées, des avaloirs affaissés, des tampons bousillés par ces gros camions», illustre José Didier Tonato. Pour lui, c’est une problématique majeure parce que, n'ayant pas respecté la mise en œuvre du plan directeur d'urbanisme, les villes concentrent du transport de marchandises qui va vers les entrepôts et qui oblige les conducteurs de camion à stationner comme bon leur semble. Mais, désormais, la circulation des gros porteurs est réglementée.

Couloirs stricts

Suivant le communiqué et les précisions du ministre à la conférence de presse, les gros porteurs sont autorisés à circuler uniquement entre 23 h 00 et 6 h 00 du matin sur les quatre itinéraires définis. Le premier part du Port de Cotonou (parking gros porteurs) jusqu’au carrefour Akpro-Missérété, en passant par Zongo, les Cheminots, troisième pont, Sobebra, Abattoir, carrefour Sèmè, carrefour descente du pont Porto-Novo, carrefour Beau-rivage et carrefour Djevali. Le deuxième itinéraire commence à partir du Port de Cotonou (parking gros porteurs) jusqu’à Godonoutin, en passant par Zongo, Unafrica, Étoile Rouge, Cica Toyota, Stade de l'Amitié, échangeur Godomey, Ceg Godomey, marché Pahou, péage d'Ahozon et Gbèna.

Pour les camions qui doivent emprunter la route nationale inter-Etats n°2, l’itinéraire est décrit comme suit : Port de Cotonou (parking gros porteurs), carrefour Zongo, carrefour Unafrica, carrefour Etoile rouge, carrefour Cica Toyota, carrefour stade Gmk, échangeur Godomey, carrefour Iita, carrefour Kpota, carrefour Arconville et carrefour Kérékou. Le dernier itinéraire concerne l’accès à la plateforme agroalimentaire. Il part du carrefour Kérékou à la plateforme logistique. Ainsi, à partir de la date retenue, la circulation des gros porteurs sera strictement interdite en dehors des axes définis, notamment sur toutes les voies urbaines secondaires et de desserte.

« Les populations doivent comprendre que c'est pour le bien d'abord. Le bien des hommes et le bien des infrastructures ensuite. Parce que chacun ici sait tous les désagréments que ça cause lorsqu'il arrive que des camions entrent dans ce que nous appelons classiquement Vons ici, pour ceux qui vivent à Cotonou, Calavi et environs», appuie Wilfried Léandre Houngébdji. « Indépendamment du bruit qui va avec, illustre-t-il, lorsqu'ils en viennent à dégrader la route, même celle qui n'est pas asphaltée, quand ça creuse, regardez tous les désagréments que vous avez au quotidien dans ces rues. À plus forte raison là où c'est asphalté. Lorsqu'ils en viennent à les dégrader ou que du fait d'accidents, ils emportent des infrastructures publiques, c'est toujours beaucoup d'argent. Quand ça n'a pas été la vie des humains ou leur santé, c'est beaucoup d'argent à investir dans la réhabilitation de ces infrastructures ».

Nouveau mécanisme de transbordement

« Dans les villes où les choses sont organisées, les camions poids lourds circulent sur ce qu'on appelle les voies primaires ou les voies secondaires. Ils n’empruntent pas les voies de desserte. Ces camions amènent la marchandise jusqu'à des points de rupture de charges, et c'est avec des camionnettes plus légères, avec des véhicules plus légers, qu'on fait le rapprochement des marchandises entre les gros porteurs et les différents entrepôts. C'est ce que le gouvernement a décidé de faire maintenant en installant le pôle logistique à la périphérie du Grand Nokoué », explique le ministre du Cadre de vie.

C'est pour cette raison qu’à côté du marché de gros, il se construit le pôle logistique qui va abriter à la fois des entrepôts appartenant à l’Etat et à des privés. Le 22 septembre dernier, un communiqué du ministre avait appelé les privés intéressés par l’offre d’entrepôts à se manifester. En d’autres termes, lorsque les gros porteurs s'arrêteront à la périphérie et donc, débarqueront au pôle logistique, ils se serviront de véhicules légers pour rapprocher les marchandises vers les magasins, les boutiques, les centres commerciaux et autres. La plateforme logistique a été pensée pour ne pas que l'activité économique prenne un coup d’arrêt.

« Il ne faudrait pas que cela soit interprétée comme l’interdiction des magasins et entrepôts à l’intérieur de la ville. Ce n’est pas le cas », rappelle José Didier Tonato. « Cette décision ne met pas fin à leurs activités. Elle ne nuit même pas à leurs activités. On demande juste de réorganiser, donc de s'ajuster pour tenir compte des exigences de ce que, dans les grandes villes, nous avons besoin d'un minimum de quiétude pour la population et de sécurité globale pour l'environnement autant que pour les infrastructures », ajoute le porte-parole du gouvernement.

Certains camions comme ceux transportant les produits pétroliers bénéficient anciennement d’une exception de circulation sur les voies. Cette exception est toujours de mise dans la réglementation, mais « sa gestion et son contrôle sont plus rigoureux », précise le ministre.

Les deux conférenciers rappellent que la Police républicaine est instruite pour un contrôle sur tout le territoire du Grand Nokoué à partir de la date d'entrée en vigueur du décret. Tout contrevenant à ces mesures s'expose aux sanctions prévues.