La Nation Bénin...
La mine serrée et le ton sec, le préfet de l’Ouémé, Marie Akpotrossou, le maire d’Adjohoun par intérim, Aimé Oké et le directeur départemental de la Police républicaine de l’Ouémé, Dieudonné Djaho, ont condamné et rappelé à l’ordre, vendredi 5 avril dernier, les populations de la commune qui ont attaqué des policiers, deux jours plus tôt à Azowlissè, dans le cadre de l’opération de répression pour non port de casque.
Le
ton était sérieux, en cette matinée du vendredi 5 avril à la mairie d’Adjohoun.
Le premier adjoint au maire d’Adjohoun, Aimé Oké, assurant l’intérim du maire
François Zannouagbo en mission à l’étranger, et le préfet de l’Ouémé, Marie
Akpotrossou, ont en effet convié à une séance les 66 chefs villages et
quartiers de ville, les sages et notables de la ville, les conducteurs de
taxi-moto communément appelés zémidjan, des acteurs de la société civile et
autres populations. La rencontre a porté sur l’affrontement sanglant survenu,
mercredi 3 avril dernier, entre les policiers et la population d’Azowlissè,
dans le cadre de l’opération de répression pour non port de casque. Les
échauffourées ont fait, faut-il le rappeler, quatre blessés dont deux graves
dans le rang des populations. Les deux personnes grièvement blessées suivent
actuellement des soins intensifs au Centre hospitalier universitaire
départemental (Chud) Ouémé-Plateau à
Porto-Novo.
La séance de sensibilisation a été initiée pour mettre les populations d’Adjohoun face à leurs responsabilités. Le maire intérimaire et le préfet de l’Ouémé ne sont pas allés par quatre chemins pour condamner l’acte posé par les populations. « On se retrouve ici suite à des déboires dans le cadre de la répression pour non port de casque. Les gens sont allés jusqu’à attaquer le commissariat de police d’arrondissement d’Azowlissè. Vous voyez que j’ai raison de ne pas être contente ce matin avec vous, contrairement à mes habitudes », a dit Marie Akpotrossou, pour planter le décor. Pour l’autorité préfectorale, cette répression se mène sur l’ensemble du territoire national. Mieux, la police a fait assez de sensibilisations avant de la démarrer le 1er mars dernier. « Maintenant quel est le problème jusqu’à ce qu’on oublie qu’on a des élus communaux et un préfet au niveau du département à qui on pouvait s’adresser pour qu’une solution concertée soit trouvée ?», a demandé l’autorité préfectorale. Pour elle, on n’a pas besoin d’attaquer des édifices publics quand des voies de recours existent.
Plus jamais ça !
Tout
comme la patronne de la préfecture de Porto-Novo, le maire intérimaire, Aimé
Oké, affirme que tout le conseil communal d’Adjohoun condamne lesdites
échauffourées. C’est d’ailleurs pourquoi, cette rencontre a été initiée. « Plus
jamais un affrontement entre populations et forces de sécurité à Adjohoun ! »,
a indiqué Aimé Oké. Le maire intérimaire rassure que la paix est totalement
revenue à Adjohoun. Les policiers peuvent y travailler en toute quiétude et
poursuivre la répression pour non port de casque. « Il n’y aura plus de
pareilles échauffourées dans notre commune. Notre population n’est pas si têtue
pour récidiver », a indiqué le premier adjoint au maire pour rassurer le
préfet, l’invitant ainsi à faire à nouveau confiance à sa population.
Le
directeur départemental de la Police républicaine de l’Ouémé, Dieudonné Djaho,
a saisi l’occasion pour revenir, en langue locale goun, sur le bien-fondé de la
mesure du port de casque visant notamment à protéger les populations contre les
accidents de la route. Il a annoncé à l’assistance le démarrage imminent de la
seconde phase de l’opération et les infractions à réprimer. Les chefs villages, notables et zémidjan
saluent l’initiative de la séance. Ils promettent de partager le message dans
leurs quartiers, villages et hameaux pour que de telles situations ne se
reproduisent et que la cohabitation entre policiers et populations soit
dorénavant pacifique.
Faut-il
le rappeler, l’affrontement sanglant est survenu mercredi 3 avril dernier,
lorsque la police poursuivait un conducteur de taxi-moto transportant deux
passagers dont l’un était sans casque. Le motocycliste a tenté de fuir vers une
maison. Mais il n’ira pas loin. Dans sa course, il a été arrêté par des
éléments de la police qui se sont mis à ses trousses. La tension est montée
d’un cran entre les forces de l’ordre, le motocycliste, ses passagers et la
population avoisinante. Ces derniers ont voulu s’opposer à l’arrestation. Les
populations se sont ruées sur le commissariat de police d’Azowlissé où sont
gardées les personnes arrêtées. La police a riposté pour refouler les
assaillants qui faisaient usage de jets de pierre et autres pour manifester
leur colère¦
Le mot d’ordre est clair : plus jamais d’affrontement entre populations et forces de l’ordre à Adjohoun