La Nation Bénin...
Entre discipline militaire et passion sportive, Djamilath Kora, internationale béninoise de volleyball et sergent de l’armée, s’impose comme une figure inspirante. De ses premiers pas avec l’équipe militaire de l’Entente (Adjidja Vbc), à son aventure actuelle en championnat français avec les 2Gvb Cardinals, elle incarne persévérance et dépassement de soi. Dans cet entretien réalisé dans le cadre du projet « Volleyball Impact », elle revient sur son parcours, ses défis et son ambition de hisser toujours plus haut le volleyball béninois.
La Nation : Quel aperçu pourriez-vous dresser de votre parcours sportif et professionnel ?
Djamilath Kora : Joueuse professionnelle de volleyball, j’évolue actuellement en championnat français avec le club 2Gvb Cardinals, où j’ai renouvelé mon contrat pour la saison en cours. Je suis également sergent de l’armée béninoise, ce qui me permet de concilier ma carrière sportive et mon engagement militaire. Mon aventure dans le volleyball a commencé au Bénin, avec l’équipe militaire de l’Entente, où j’ai remporté deux titres de championne nationale en 2018 et 2019, tout en étant sacrée meilleure attaquante deux années de suite. En 2021, j’ai décroché la médaille de bronze du championnat professionnel avec l’Adjidja Club (ex-Entente). L’année suivante, en 2022, j’ai été élue meilleure serveuse du championnat, toujours sous les couleurs militaires. La saison 2023-2024 a marqué un tournant dans ma carrière : en quatorze matchs, j’ai été désignée Mvp à onze reprises, avant d’obtenir le titre de meilleure bloqueuse. Ces performances m’ont ouvert les portes du championnat français, où j’ai intégré le club des 2Gvb Cardinals en 2024. C’est une expérience que je poursuis avec fierté et détermination.
En parallèle, j’ai eu l’honneur de défendre les couleurs du Bénin. J’ai fait mes débuts en équipe nationale en 2018 lors de la Coupe des nations de la zone 3, disputée au Burkina Faso. L’année suivante, j’ai participé à la même compétition au Ghana. Après l’interruption causée par la pandémie de Covid-19, j’ai retrouvé la sélection en 2022, lors de la Coupe des nations organisée en Côte d’Ivoire, puis en 2023 aux Jeux de l’Acnoa (Association des comités nationaux olympiques de l’Afrique de l’Ouest). J’ai également représenté le pays en Beach Volley : d’abord aux Jeux africains au Ghana en mars 2024, ensuite lors des qualifications olympiques pour Paris 2025 au Maroc, avec ma coéquipière Evelyne Kouagou. En août 2025, nous avons disputé la Coupe des nations de la zone 3 en Côte d’Ivoire, où notre parcours s’est arrêté en quarts de finale.
Comment parvenez-vous à concilier sport de haut niveau et vie professionnelle ?
C’est un défi, mais l’armée béninoise me donne les moyens d’y arriver. En tant qu’athlète militaire, je bénéficie d’une affectation spéciale au sein de la section Sport, ce qui me permet de me consacrer pleinement aux entraînements et aux compétitions. Actuellement, je suis mise à disposition, ce qui a rendu possible mon engagement en championnat français. Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à la Fédération béninoise de volleyball, à mes supérieurs hiérarchiques ainsi qu’à tous ceux qui ont facilité cette opportunité. Sans leur appui, je n’aurais pas pu franchir ce cap décisif.
Qu’avez-vous appris de votre expérience de volleyeuse, sur les plans militaire et sportif ?
L’armée a façonné mon mental : discipline, rigueur et endurance. Cela m’a permis de m’imposer dans un environnement compétitif malgré un début tardif dans le volleyball. Grâce à ce sport, j’ai découvert un univers de camaraderie, d’effort collectif et de dépassement de soi.
Sur le plan international, le volleyball m’a ouvert des horizons insoupçonnés. J’ai eu l’occasion de rencontrer des athlètes de divers pays et de vivre des expériences enrichissantes, tant sur le plan humain que sportif. Aujourd’hui, je peux dire avec fierté que le volleyball m’a offert une renommée mondiale et c’est un privilège exceptionnel.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles qui souhaitent pratiquer le volleyball ?
Je leur dirais de travailler avec sérieux et persévérance. Le talent seul ne suffit pas. Il faut multiplier les efforts, élaborer un programme d’entraînement personnel en dehors des séances collectives et se fixer des modèles parmi les grandes joueuses internationales, dans l’objectif de les surpasser un jour. Mais il y a aussi des valeurs fondamentales: l’humilité, le respect des aînés et l’assiduité à l’école. Être une athlète complète, c’est réussir autant sur le terrain que dans la vie académique et professionnelle. Le chemin n’est pas facile, mais avec passion et discipline, tout est possible.
Un dernier mot ?
Je souhaite que le volleyball béninois continue de progresser et que davantage de jeunes filles osent s’engager dans cette discipline. Mon parcours montre que, même en partant tard, il est possible de gravir les échelons, à condition d’y mettre du cœur et de la détermination. Je reste fière de porter haut les couleurs du Bénin et d’inspirer la nouvelle génération.
Djamilath Kora, internationale béninoise de volleyball et sergent de l’armée