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Tricherie dans le sport au Bénin: Un mal qui résiste aux réformes ?

Sports
Si les cas passés n’ont pas permis de prendre des décisions, celui d’Aplahoué doit permettre de prendre des dispositions idoines contre les fraudes dans le championnat scolaire Si les cas passés n’ont pas permis de prendre des décisions, celui d’Aplahoué doit permettre de prendre des dispositions idoines contre les fraudes dans le championnat scolaire

Les récents cas de disqualification d’équipes lors du Championnat national scolaire 2025 à Aplahoué relancent le débat sur les pratiques frauduleuses dans le sport béninois. Falsification d’identité, fraude sur l’âge, contournement des règlements: ces dérives suscitent des interrogations et appellent à des réformes.

 

Par   Christian HOUNONGBE, le 02 juil. 2025 à 09h29 Durée 3 min.
#Championnat National Scolaire 2025

Le Championnat national scolaire 2025 organisé à Aplahoué, censé promouvoir les valeurs de l’excellence et du mérite, a été assombri par plusieurs cas avérés de tricherie.

Parmi les faits les plus marquants, la disqualification de l’équipe féminine de football du Ceg 2 de Natitingou a retenu l’attention. En cause, l’utilisation d’une joueuse présentée sous une fausse identité. Selon les conclusions de la commission anti-fraude, l’élève alignée ne correspondrait pas à celle mentionnée dans les pièces officielles. En application stricte de l’article 31 du règlement général, qui prévoit l’exclusion immédiate en cas de fraude liée à l’identité ou à l’âge, l’équipe a été écartée de la compétition.

Autre cas affligeant : celui de l’équipe masculine de handball du Ceg Gogounou, également disqualifiée. Elle avait enrôlé huit joueurs extérieurs, alors que la réglementation n’autorise que trois cooptations par équipe. Les élèves concernés proviendraient du Collège catholique La Madone, du Ceg Malanville, du Ceg Sègbana, du Ceg Banikoara et du Ceg Gounarou. Là encore, la commission n’a eu d’autre choix que de prononcer l’exclusion pour non-respect flagrant du règlement.

Ces exemples récents s’inscrivent dans une longue série de dérives qui minent les compétitions sportives au Bénin, notamment dans les catégories de jeunes. En 2014, puis en 2018, la sélection béninoise U17 avait été exclue des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) pour fraude sur l’âge. Des cas similaires ont émaillé d’autres tournois au niveau local sans véritables sanctions dissuasives. En janvier 2024, l’Association sportive omnisports La Gazelle de Hêvié et l’Association sportive Phénix de Bohicon, toutes deux engagées dans le Championnat béninois de football féminin de première division, ont été lourdement sanctionnées par la Commission de discipline de la Fédération béninoise de football (Fbf). Selon la décision n°0001/Fbf/Cd/2024, il leur est reproché des actes de falsification de licences de joueuses. Dans un souci de transparence et dans le cadre de sa politique de tolérance zéro à la fraude, la Fbf a saisi l’instance compétente qui a confirmé, après enquête, les pratiques frauduleuses commises par les deux formations issues respectivement des poules A et B. La commission a détaillé les manœuvres orchestrées par les responsables des clubs pour contourner les règlements, notamment à travers l’usage de faux documents, portant ainsi atteinte à l’intégrité de la compétition. Les sanctions prononcées sont à la hauteur de la gravité des faits : amende de 500 000 francs Cfa, suspension des joueuses concernées et relégation des deux équipes en division inférieure.

Une culture de tricherie à éradiquer 

Ces affaires récurrentes révèlent l’existence d’une culture de la tricherie à éradiquer dans le sport béninois. Dans certains établissements ou clubs, l’objectif devient la victoire à tout prix, même si on doit enfreindre les règles, parfois avec la complicité d’encadreurs peu scrupuleux. Cette situation ternit l’image du sport national et démotive les jeunes qui souhaitent évoluer dans un cadre juste et équitable. 

Face à cette réalité, les autorités sportives doivent penser à des réformes. Le ministère des Sports, le Comité olympique et les fédérations doivent veiller à la centralisation et la sécurisation des données sportives, l’introduction de contrôles biométriques (Irm) pour vérifier l’âge dans les compétitions de jeunes, ainsi qu’un renforcement des sanctions à l’encontre des responsables des établissements, des clubs en cause.

Il est également important d’intégrer la notion d’éthique dans la formation des acteurs du sport, dès l’école. Si les cas passés n’ont pas permis de prendre des décisions, celui d’Aplahoué sonne comme un énième avertissement. Tant que la lutte contre la tricherie ne sera pas menée avec fermeté, constance et transparence, le Bénin continuera de fragiliser ses fondations sportives.