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Yasminath Djibril, milieu de terrain des Amazones du Bénin: « Dans cinq ans, beaucoup de gens parleront de notre football »

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Yasminath Djibril s’impose comme l’une des révélations de l’équipe nationale féminine du Bénin Yasminath Djibril s’impose comme l’une des révélations de l’équipe nationale féminine du Bénin

Sociétaire d’Aïnonvi Fc, Yasminath Djibril, joueuse des Amazones du Bénin vient de livrer deux rencontres face au Nigeria, dix fois champion d’Afrique. Dans cet entretien, la jeune internationale partage son point de vue sur l’évolution du football féminin au Bénin avant de revenir sur son but inscrit sur coup franc lors du match retour à Abéokuta face au Nigeria.

Par   Abdul Fataï SANNI, le 06 nov. 2025 à 09h46 Durée 3 min.
#Amazones du Bénin

La Nation : Vous avez débuté avec les U17 en 2020. Comment trouvez-vous l’évolution du football féminin au Bénin ?

Yasminath Djibril : Il y a eu beaucoup de changements. Au début, on n’avait pas la capacité de conserver le ballon de la défense jusqu’à l’attaque. Aujourd’hui, je sens une réelle progression, individuelle et collective. Si nous continuons ainsi, dans cinq ans, beaucoup de gens parleront de notre football.

Le ministère, la Fédération et l’Etat multiplient les projets. Un centre de formation exclusivement féminin est en construction à Lokossa. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Nous les remercions sincèrement. Nous n’avons encore rien prouvé, mais nous allons continuer à travailler. Le meilleur reste à venir. En ce qui concerne le centre de formation exclusivement féminin qui est en construction à Lokossa, je dirai que c’est une très bonne initiative. Au Bénin, beaucoup de filles veulent jouer au football. Ce centre nous permettra d’évoluer encore davantage et de former des générations solides.

Vous venez de disputer deux matchs intenses face au Nigeria. Comment vous vous sentez après cette double confrontation ?

Pour être honnête, nous ne connaissions pas vraiment le Nigeria, ni le niveau exact de notre adversaire. Nous avons eu seulement une semaine de préparation, et encore, certaines d’entre nous ne sont arrivées qu’après le début du regroupement. Dans nos têtes, l’objectif était de jouer sans complexe, donner le maximum, et défendre nos couleurs avec détermination. Peut-être que nous n’avons pas appréhendé le Nigeria comme il aurait fallu au départ. Mais notre mentalité était simple, celle de jouer et de tout donner. Et face au Nigeria, nous avons compris que rien n’est impossible.

Lors du match retour à Abéokuta, vous avez inscrit un superbe but sur coup franc. Pouvez-vous nous raconter l'action ?

Ce n’était pas la première fois que je tirais un coup franc. J’ai l’habitude de m’entraîner sur cet exercice, même individuellement. Je répète encore et encore, parfois ça marche, parfois non, mais je ne lâche jamais. Pour ce coup franc précis, nous savions à l’avance qui devait se charger des balles arrêtées. A vrai dire, je ne voulais pas le tirer car je n’étais pas totalement sûre de moi. Une coéquipière, plus proche du ballon, voulait le frapper. Mais elle me connaît bien ; elle sait que j’ai une force dans cet exercice. Elle m’a finalement tendu le ballon. J’ai pris mes responsabilités… et il a fini au fond des filets.

Au moment de tirer, pensez-vous que le ballon allait entrer dans les filets ?

Oui. Quand je me place sur un coup franc, je suis convaincue que je peux marquer. C’est devenu une habitude. Si je frappe correctement, j’ai confiance que le ballon peut aller au but.

Ce coup franc inscrit face à une gardienne considérée comme l’une des meilleures d’Afrique… quelles émotions vous ont traversée ?

Je suis très fière. C’était seulement ma deuxième sélection en équipe première, et réussir un geste pareil contre un tel adversaire, et une telle gardienne de but, c’est énorme. Lors du match aller, nous n’avions pas eu l’occasion de tenter un coup franc dangereux. Les Nigérianes étaient impressionnantes physiquement et mentalement. Mais lors du retour, nous avons osé. Et cela a payé.