La Nation Bénin...
Les critiques contre Israël se multiplient au sein des instances onusiennes. Après la publication d’un rapport accablant de la Commission d’enquête indépendante sur le territoire palestinien occupé, qui conclut à la commission d’un « génocide » à Gaza, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé devant le Conseil des droits de l’homme la frappe israélienne du 9 septembre à Doha, visant des négociateurs du Hamas.
Le haut-commissaire aux droits de l’homme, Volker Turk, a affirmé que l’attaque au Qatar « constitue une violation flagrante du droit international, une atteinte à la paix régionale et un coup porté à l’intégrité des processus de médiation dans le monde ». Selon lui, frapper une délégation engagée dans des pourparlers de cessez-le-feu revient à saper le rôle de médiateur du Qatar et à compromettre les efforts diplomatiques internationaux. Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, et les membres du Conseil de sécurité ont également condamné cette opération, jugée contraire au droit à la vie et aux principes fondamentaux du droit humanitaire.
Quelques jours plus tôt, la Commission d’enquête indépendante de l’Onu avait rendu ses conclusions : Israël aurait commis quatre des cinq actes constitutifs du crime de génocide tels que définis par la Convention de 1948. « Il est clair qu’il existe une intention de détruire, en tout ou en partie, la population palestinienne de Gaza», a affirmé la Sud-africaine, présidente de la Commission et ancienne Haut-Commissaire aux droits de l’homme.
Le rapport accuse directement les plus hauts responsables israéliens, dont le président Isaac Herzog, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, de ne pas avoir seulement toléré mais aussi incité à la commission de tels crimes.
La ville de Gaza, cible d’une «destruction totale»
Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens, a pour sa part dénoncé une offensive visant à « rendre la ville de Gaza inhabitable » dans le cadre d’un « plan plus large de nettoyage ethnique ». Selon elle, Israël emploierait des «armes non conventionnelles » pour contraindre les 800 000 réfugiés de la cité à fuir. « Ce n’est pas un risque futur, c’est déjà en cours : des quartiers entiers sont rayés de la carte », a-t-elle déclaré devant les correspondants accrédités à Genève (Suisse).
Depuis le 7 octobre 2023, l’offensive israélienne aurait fait près de 65.000 morts, dont un grand nombre de femmes et d’enfants, et environ 165.000 blessés. La famine, instrumentalisée comme arme de guerre, a déjà provoqué plus de 425 décès, dont 125 enfants.
Légalité internationale bafouée
Dans son allocution, Volker Türk a souligné que la frappe israélienne à Doha coïncidait avec d’autres actions «sapant définitivement » toute perspective de solution à deux États. Le même jour, Israël ordonnait le déplacement forcé d’un million d’habitants de Gaza-ville et validait le controversé projet E1 près de Jérusalem-Est, présenté par le Premier ministre comme un obstacle délibéré à la création d’un État palestinien.
« La guerre sans règles, c’est un avenir de cruauté sans fin », a averti le Haut-Commissaire, appelant les États membres à agir : cesser les livraisons d’armes, exercer une pression maximale pour un cessez-le-feu, exiger la libération des otages et des détenus arbitraires, et garantir l’acheminement de l’aide humanitaire.
Appel à la communauté internationale
Pour Francesca Albanese, le «génocide en cours » n’est pas seulement la responsabilité d’Israël mais « celle du monde entier », qui se rend complice par son inaction et par la poursuite des ventes d’armes. Navi Pillay a rappelé que « chaque jour sans action coûte des vies et mine la crédibilité des institutions internationales ».
Entre accusations de génocide, soupçons de nettoyage ethnique et frappes illégales contre des négociateurs, Israël se retrouve aujourd’hui confronté à une mise en cause d’une ampleur inédite dans les enceintes onusiennes.
Moyen-Orient