La Nation Bénin...
Ces
dernières années, le gouvernement béninois a transformé le secteur agricole
grâce à des solutions numériques, visant à améliorer la productivité, l’accès à
l’information et à faciliter les échanges commerciaux. Malgré les progrès
réalisés, des défis tels que l’accès à Internet et la formation des
agriculteurs subsistent. Armel Agueh, directeur des Systèmes d’information au
ministère de l’Agriculture, évoque l’impact de ces innovations et les
perspectives pour un secteur plus connecté.
La Nation : Depuis 2016, le gouvernement a investi dans le secteur de l’agriculture en y intégrant des solutions numériques. Pouvez-vous nous faire un point sur l’état actuel de ces innovations?
Armel Agueh : Avant d’aborder les solutions numériques mises en place, il est important de noter que l’objectif du gouvernement, depuis 2016, est de positionner le Bénin comme une plateforme numérique pour la sous-région. Les résultats sont déjà visibles. L’agriculture joue un rôle majeur dans l’économie béninoise et est au cœur du Programme d’action du gouvernement. En ce sens, le pays a développé une Stratégie nationale de l’agriculture numérique. Cette stratégie découle du Plan stratégique de développement du secteur agricole (Psdsa), dont l’objectif est d’améliorer les performances agricoles pour garantir la souveraineté alimentaire, la sécurité nutritionnelle et contribuer au développement économique et social. L’idée est d’explorer comment les technologies peuvent résoudre les défis de l’agriculture au Bénin. La Stratégie nationale de l’agriculture numérique (Snan), qui couvre la période 2023-2026, vise une transformation durable du secteur grâce aux technologies numériques. À partir de cette stratégie, un Schéma directeur des systèmes d’information a été élaboré pour harmoniser les différentes actions. Ces documents ont été conçus en concertation avec les acteurs de terrain, les bénéficiaires directs de ces solutions.
Quelles sont les solutions numériques spécifiques développées pour soutenir le secteur agricole ?
Parmi
les solutions proposées, le Projet intégré de transformation numérique des régions
rurales a permis la création de plusieurs plateformes, dont : e-conseil
agricole qui est une plateforme permettant aux producteurs d’avoir des
informations à jour pour améliorer leur productivité, la Plateforme de gestion
des exploitations agricoles qui aide les exploitants à enregistrer les
paramètres de leurs parcelles et à suivre l’historique de leurs récoltes, la
Plateforme de mécanisation agricole qui est un outil permettant de suivre en
temps réel les machines agricoles. La Plateforme de collecte digitale et de
finance numérique qui facilite les transactions et l’accès aux financements. Le
SIM-AH (Système d’information sur le marché agricole harmonisé) qui est une
plateforme visant à harmoniser les systèmes d’information sur les marchés agricoles.
Quels avantages les solutions numériques apportent-elles aux agriculteurs ?
L’agriculture numérique repose sur les technologies de l’information et de la communication (Tic) pour fournir aux producteurs des informations fiables et sécurisées. Ces solutions aident les agriculteurs à améliorer leur production, à gérer efficacement leurs exploitations, à vendre leurs produits, à accéder aux marchés, et à collaborer avec d’autres acteurs du secteur. Grâce à la finance digitale, il n’est plus nécessaire de transporter de l’argent physique, ce qui sécurise les transactions. De plus, l’agriculture numérique permet de prendre des décisions fondées sur des données précises et historiques, facilitant ainsi la gestion de la performance et l’ajustement des pratiques agricoles pour des résultats plus durables.
Quels sont les défis majeurs rencontrés sur le terrain ?
Malgré les efforts considérables du gouvernement, plusieurs défis restent à surmonter. Le premier est l’accès limité à Internet, notamment dans les zones rurales où certains agriculteurs n’ont pas encore accès aux plateformes numériques. Il est essentiel de renforcer les infrastructures pour remédier à ce problème. Le deuxième défi réside dans l’éducation numérique. Bien que des progrès aient été réalisés, il est nécessaire de continuer à former les agriculteurs et à renforcer leurs compétences numériques. Enfin, un autre obstacle majeur est le manque d’équipements adaptés, notamment les téléphones mobiles, ce qui empêche de nombreux producteurs de bénéficier pleinement des solutions numériques disponibles.
Quelles sont les perspectives concernant l’agriculture numérique au Bénin ?
Une des solutions futures est le Sigoa, Système d’information géographique et observatoire agricole. Une fois implémentée, cette plateforme représentera un véritable «monde virtuel de l’agriculture ». Elle fonctionnera comme une grande machine automatisée, connectée à différentes bases de données comme le SIM-AH, la plateforme des financements, et la plateforme e-conseil agricole. Elle permettra d’extraire des informations sur les prix, les historiques de culture, la météo, et bien plus encore. Par exemple, pour la prévision agro-météorologique, le système se connectera à la base de données de Météo-Bénin. L’objectif est d’avoir un système intégré, capable de répondre à toutes les questions concernant l’agriculture, qu’il s’agisse de la planification ou de la gestion quotidienne des exploitations. Le système aidera à identifier les zones agricoles où certaines cultures ne réussissent pas ou à analyser l’impact de la météo sur les récoltes. Des voyages d’études ont déjà été réalisés pour collecter des informations sur le terrain, rencontrer les acteurs locaux et observer les coopératives. Les documents nécessaires sont prêts, il ne reste plus qu’à trouver le financement pour cette initiative.