La Nation Bénin...
L’intelligence
artificielle ne supprime ou ne transforme pas que des métiers ; elle en crée
plusieurs pour lesquels des formations spécifiques sont nécessaires. Autrement
dit, elle crée de nouveaux métiers, demandés sur le marché du travail, qui
peuvent bien intéresser la jeunesse. Le webinaire du quotidien La Nation, jeudi
27 juin dernier, a permis à ses participants de découvrir quelques-uns de ces
emplois et opportunités de l’Ia.
L’Intelligence
artificielle (Ia) menacerait des emplois, et des acteurs mondiaux s’en
inquiètent. Plusieurs métiers sont supprimés ou transformés en raison des
possibilités infinies qu’offre l’Ia en matière d’exécution des tâches dans les
entreprises. Certes, l’Ia crée de nouveaux emplois mais l’inquiétude des
emplois supprimés ou susceptibles de l'être demeure.
Sur
la question, Dr Koubouratou Idjaton, scientifique-chercheure en Ia ; Henri
Verdier, ambassadeur pour le numérique de la France et Mahuna Akplogan, expert
en Ia, intervenants du webinaire, confirment la suppression d’emplois mais se
veulent rassurants.
«
Comme toute révolution, il y a d’anciens usages qui disparaissent, de nouveaux
qui se créent et il y en a qui s’adaptent…
Aujourd’hui, l’Ia va supprimer certains emplois. Notre rôle à tous, gouvernants
et populations, c’est d’arriver à limiter au maximum la casse, les emplois
supprimés. Mais l’Ia va créer aussi plein d’emplois », affirme Dr Koubouratou
Idjaton, tout en donnant l’exemple du poste de prompt engineering qui a été
créé suite à l’explosion des modèles de langage. Certes, un léger séisme va se
produire «mais c’est à nous de savoir nous adapter pour en tirer profit »,
a-t-elle ajouté. A l’en croire, le prompt engineering est un nouveau corps de
métier recherché, bien payé. Ce qui pourrait intéresser les jeunes.
Dans
le secteur de la santé, illustre encore Dr Koubouratou Idjaton, l’adaptation à
l’Ia peut amener le radiologue d’hier à utiliser, aujourd’hui, l’Ia en plus de
ses habitudes d’hier pour aboutir in fine à une interprétation plus poussée.
«Ce qui est sûr, les radiologues qui savent utiliser l’Ia vont remplacer ceux
qui ne savent pas l’utiliser », prévient Henri Verdier.
Formation
Mais avec le taux de chômage en Afrique, estime Mahuna Akplogan, l’on ne devrait pas se poser la question de savoir si un emploi va disparaître ou pas. « On a des opportunités, et il faut les saisir », a-t-il souligné, demandant ainsi aux jeunes de changer de paradigme et de savoir capter les opportunités.
De
nos jours, le Bénin et d’autres pays africains forment en masse de jeunes
talents en Ia dans un contexte où les capacités d’insertion de ces compétences
sur le marché de l’emploi, sont méconnues ou font défaut. La crainte de
certains intervenants est de voir, d’ici quelques années, si rien n’est fait,
les pays africains se confronter au phénomène de fuite de cerveaux vers des
pays qui offrent plus d’opportunités. C’est d’ailleurs pourquoi Dr Koubouratou
Idjaton plaide pour une appropriation de l’Ia dans tous les secteurs
d’activités.
«
J’insiste sur une appropriation par l’Ordre des médecins, l’Ordre des
assureurs, etc. sur comment ils peuvent intégrer l’Ia dans leurs travaux. Ce
besoin fera qu’ils vont recruter le maximum de personnes formées… »,
explique-t-elle.
En matière de formation, les curricula ne sont pas encore disponibles mais des initiatives permettent de contourner ce déficit comme « Le café de l’Ia » en France, a laissé entendre Henri Verdier. En Afrique, les étudiants intéressés par l’Ia ont la possibilité de s’entraîner ou se faire former grâce à des initiatives locales gratuites ou payantes. Au niveau international, des ressources en ligne de Google, Amazon, Microsoft… facilitent l’apprentissage des jeunes dans le domaine. Ces différentes formations en Ia, d’après les intervenants, offrent aux bénéficiaires la possibilité de travailler pour des entreprises partout dans le monde, ou à leur propre compte.
L’Ia
pour accélérer l’éducation
L’Ia peut aider à booster le développement. Dans le secteur de l’éducation par exemple, elle peut relever le niveau de connaissance des apprenants.
«
On pourrait construire un système éducatif capable d’identifier pourquoi les
enfants ne comprennent pas afin de les accompagner dans des itinéraires
personnels, d’adapter des leçons à des réalités locales, etc. On voit, par
exemple, dans l’agriculture à quel point on peut optimiser les processus,
irriguer quand c’est nécessaire, etc. », explique l’ambassadeur.
Au
Bénin et dans d’autres pays africains, l’Ia peut être une solution à
l’apprentissage des langues africaines. Les intervenants n’ont aucun doute
là-dessus. « Moi, j’estime aujourd’hui que si le travail est bien fait sur
l’intégration, l’apprentissage dans les langues africaines à l’école, ça peut
déjà être un premier sujet sur lequel on peut se baser pour pouvoir diffuser
plus facilement des connaissances générales dans les langues locales. Cela
n’empêche pas d’apprendre de plus les langues étrangères comme le français,
l’anglais… », a soutenu Mahuna Akplogan. Ainsi, dans un contexte africain où
les parents parlent de moins en moins les langues locales à leurs enfants, l’Ia
pourrait s’avérer un moyen de corriger le tir. « La formation doit changer et
le changement doit passer par l’adoption des langues locales dès le départ…», a
ajouté Mahuna Akplogan. De même avec l’Ia, toute personne peut interagir avec
des ressources pédagogiques comme les livres. L’outil, en un mot, est un levier
de développement pouvant permettre aux pays du sud d'accélérer leur
développement.