Espace frontalier Bénin-Togo: Allounkoui dans le Mono réclame un peu d’attention

Vivre à Allounkoui, nécessite une bonne santé physique. Ici, il faut se déplacer, faire des va-et-vient tous les jours entre le village et les localités voisines, notamment Agomé Séva, située à environ 2 km, dans la basse vallée du Mono, au Sud de la République du Togo pour trouver solutions aux besoins vitaux. Tant Allounkoui manque de tout, de l’énergie électrique à l’eau potable en passant par les infrastructures sociocommunautaires. Le projet d’extension du réseau électrique devant l’impacter n’ayant pas encore pris corps, la localité frontalière et ses habitants sont obligés de se rendre au Togo pour, entre autres, y recharger leurs appareils électroniques, notamment les téléphones mobiles. 

Roger Ayikoué Folly, chef du village d’Allounkoui, souligne : «Chaque jour que Dieu fait, nous sommes obligés de procéder ainsi pour pouvoir recharger les batteries de nos téléphones et venir s’en servir au Bénin pour nos besoins de communication». Le défaut d’énergie électrique, ajoute-t-il, oblige aussi les passionnés du football dans le village à se rendre en territoire togolais pour suivre les matches à la télévision. Ce fut le cas lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations (Can) 2023 que la Côte d’Ivoire a organisée. Situé dans l’arrondissement d’Atchannou, le village d’Allounkoui, dit-on, peine depuis toujours à capter les médias de service public du Bénin. Les quelques 800 âmes, réparties dans cinq hameaux, qui y vivent, ont accès rarement à certaines  radios communautaires mais sont arrosées par les informations des chaînes de radiodiffusion émettant du Togo. C’est également aux infrastructures sociocommunautaires de ce pays limitrophe du Bénin que Roger Ayikoué Folly et ses administrés ont recours pour leurs besoins en soins de santé, marché et autres. Le marché togolais Agbétiko ou celui de Sè au Bénin, dans la commune de Houéyogbé, sont leurs deux options de proximité pour faire écouler leurs produits et se procurer les biens qu’ils ne produisent pas. Le marché de la commune d’Athiémé le plus proche, appelé Zounhouè, étant situé à une vingtaine de kilomètres. Alors qu’à 5 min à moto ou à 30 min de marche, l’on peut rallier les localités riveraines de la sous-préfecture du Bas Mono, en République du Togo. 

Terre particulièrement fertile pour les activités agricoles, Allounkoui produit notamment de banane plantain ainsi que du manioc, du maïs, du crincrin et du palmier à huile et ses dérivés. Tant de valeurs ajoutées qui participent à l’animation du marché d’Agbétiko et celui de Sè. Aussi, les taxes relatives au droit de place et les autres redevances perçues auprès des marchands d’Allounkoui échappent-elles à la mairie d’Athiémé. Un état de choses qui constitue une déperdition de recettes fiscales et non fiscales par ces temps de réforme de la décentralisation au Bénin où la performance dans la mobilisation des ressources propres fait partie des critères d’évaluation de l’indice de gouvernance locale. 

Pour renverser la tendance, Allounkoui prie les gouvernants de se pencher sur son sort. Non seulement en donnant effectivement corps au projet d’électrification annoncé depuis 2022, selon le chef du village, mais en donnant de l'eau potable aux communautés et en construisant un centre de santé, un marché. Roger Accrombessi,  habitant d’Allounkoui, village dont la légende raconte que le père fondateur Begoun Satchivi est venu de la basse vallée du Mono, souligne que l’eau du puits artésien dont se sert sa communauté est déclarée impropre à la consommation. Cette eau chaude qui jaillit en permanence, insiste-t-il, constitue une énigme pour les habitants d’Allounkoui. Mais du chef de l’Etat et de son gouvernement dont il se dit admiratif des œuvres de développement du Bénin, le Cv Roger Ayikoué Folly espère une écoute favorable du cri de détresse des communautés d’Allounkoui. « Nos conditions de vie qui sont déjà piteuses se dégradent encore plus quand vient la saison pluvieuse », alerte le chef du village.