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Faits marquants de l’année 2023: La cohésion sociale, un défi dans l´Alibori

Région
Le grand carrefour de la ville de Kandi lors de la  campagne pour les législatives 2023 Le grand carrefour de la ville de Kandi lors de la campagne pour les législatives 2023

Au cours de l’année 2023, le département de l’Alibori a été marqué par un certain nombre d’évènements dont l’actualité relative aux législatives 2023. La fermeture du poste juxtaposé de Malanville, au lendemain du coup d’Etat survenu au Niger, n’est pas à exclure. 


Par   Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori, le 02 janv. 2024 à 07h42 Durée 7 min.
#année 2023
Dans le département de l’Alibori, l’actualité est loin d’avoir été un long fleuve tranquille en 2023. Elle a été caractérisée par divers évènements dont certains ne sauraient passer inaperçus.
Le premier fait marquant a consisté en la remise par le gouvernement, lundi 2 janvier 2023 à Malanville, de kits à près de 250 ménages victimes des inondations de 2022.  Au nombre de 1 750, les bénéficiaires ont reçu des vivres, des produits pour rendre l'eau potable, des nattes, des pains de savon et des moustiquaires imprégnées. Ces produits acquis sur le Fonds national de réponse aux catastrophes (Foncat) sont estimés à 8 000 000 F Cfa. La cérémonie de distribution a été placée sous la présidence du préfet, président de la Plateforme départementale de réduction des risques de catastrophes dans l’Alibori, Ahmed Bello Ky-Samah. Selon ce dernier, il s’agissait de répondre aux cris de détresse des populations sinistrées lors desdites inondations. Ce geste relève de la mise en œuvre du volet social du Programme d’action du gouvernement (PagII). 

La rude bataille

Par la suite, il y a eu les législatives 2023 avec la phase de campagne et le scrutin du dimanche 8 janvier 2023. Dans les première et deuxième circonscriptions électorales composées respectivement de Kandi, Malanville et Karimama, puis de Gogounou, Banikoara et Sègbana, les partis politiques en compétition, qu’ils soient de la Mouvance présidentielle ou de l’Opposition, ont mouillé le maillot. Il ne pouvait en être autrement, à cause de certains candidats qui y sont positionnés. 
En effet, la première circonscription électorale a été le théâtre d’une confrontation entre anciens alliés, anciens élus et surtout, des candidats qui remettent leur mandat en jeu. Sous la bannière du Bloc républicain, il y avait le vieux briscard Nassirou Bako Arifari comme tête de liste, puis El Hadj Azizou Issa, deuxième titulaire. Ils entendaient peser de tout leur poids dans la balance. Comme troisième titulaire, c’est l’actuel deuxième adjoint au maire de Kandi, Nouhoum Moussa Sambo qui avait été positionné, sans oublier la présence de l’ancien maire de Malanville, Inoussa Dandakoè, en tant que suppléant du premier titulaire sur la liste. Ils n’avaient pas  une autre option que de se battre, pour s’adjuger la majorité des 4 sièges en jeu. Mais en face d’eux, il y avait l’Union progressiste le Renouveau avec Salifou Issa, comme deuxième titulaire. L’homme aura été, ces 15 dernières années, de toutes les batailles politiques au Bénin. Même le candidat Labiou Amadou Djibril, tête de liste du parti, ne manquait pas de qualité. Avec une coordination de campagne menée par le ministre Alassane Séidou, il y avait de quoi entretenir le suspense, quant à l’issue du scrutin. A cela, s’ajoute la rivalité entre leurs partis, bien que tous les deux soutiennent les actions du gouvernement. 
Sur le terrain, les candidats du parti Les Démocrates, également, tentaient de montrer les muscles. Quant à ceux des partis Udbn, Fcbe, Mpl et Moele-Bénin, ils n’entendaient pas se comporter comme des victimes expiatoires. 
A Gogounou, Banikoara et Sègbana, le scénario était pratiquement le même avec les candidats des partis décidés à se jeter de toutes leurs forces dans la bataille. Pendant que les candidats Innocent Sabi Yo Sanni, Mohamed Seydou Tidjani Aboubakar, Saidou Bani Samira et Roukiatou Bio Fai et leurs suppléants tentent de faire gagner du terrain au cheval cabré du Bloc républicain, en face, Sina Ouningui Bio Gounou Idrissou épaulé par son suppléant Bio Sarako Tamou, Mora Sanni Saré Malick, puis Issa Issifou de l’Union progressiste le Renouveau, n’entendaient rien lâcher. Comme eux, Rufin Orou Nan Nansounon, Apollinaire Gounou, Norbert Orou Zimé, Bignon Cathérine Chabi Daba de Fcbe nourrissaient aussi de sérieuses ambitions. Ce n’est pas pour autant que les candidats de l’Udbn, du Moele-Bénin, du parti Les Démocrates et du Mpl avaient abdiqué. 

L’invite à la retenue

Dans la foulée, le préfet Ahmed Bello Ky-Samah a invité les populations à la retenue et à la culture de la paix, au maintien de l’ordre et de la cohésion sociale dans le département. Il a ensuite exhorté les acteurs politiques à prendre la mesure de la situation et même de leur responsabilité à assumer et œuvrer pour une coexistence pacifique entre tous les courants politiques, toutes les communautés afin que la campagne soit une fête et une quête de vivre-ensemble.
Le jour du scrutin, le souci du préfet a été de voir l’Alibori connaître un taux de participation élevé. Face au péril sécuritaire auquel certaines localités de son département sont confrontées, il a également tenu à apaiser les populations. Il a rassuré que le gouvernement a pris toutes les dispositions afin qu’elles votent sans inquiétude. Notamment, insiste-t-il, à Karimama et dans toutes les zones où il y a un péril sécuritaire surtout au niveau de certaines communes du département qui sont frontalières au Nigeria, Niger et Burkina Faso. Le maillage sécuritaire effectué vise, confie-t-il, à éviter que le processus électoral connaisse des dysfonctionnements. Bien que les échos qui lui parviennent soient favorables, le préfet souhaite que l’état de veille soit maintenu et que les populations s’impliquent davantage dans la coproduction de la sécurité, en collaborant plus que par le passé avec les forces armées et la Police républicaine présentes sur le terrain. Il a, par ailleurs, fait le tour de certains centres de vote dans les communes de son département. 
Un autre évènement qui aura également marqué les esprits, c’est l’acte d’insécurité commis à Guimbagou, commune de Banikoara, dans la nuit du 30 au 31 janvier. Outre le chef village qui a été abattu de sang-froid par des individus armés non identifiés, le bilan fait état de l’incendie de l’Ecole primaire publique et de quelques blessés. Les assaillants ont également brûlé la moto d’un enseignant, après lui avoir arraché son téléphone portable. 
En effet, la question de la promotion de la paix et de la prévention de l’extrémisme a tellement été prise à cœur dans le département qu’un projet a même été lancé dans ce cadre, jeudi 9 février 2023, à Sègbana. Il s’agit du projet de renforcement des capacités des organisations de la Société civile et d’appui aux initiatives de prévention de l’extrémisme violent au Nord du Bénin, ReCOPE Bààni. D’un coût de 305 675 960 F Cfa et d’une durée de 24 mois, il traduit l’engagement des partenaires et du gouvernement pour la cohésion sociale, la paix et la prévention de l’extrémisme violent à Sègbana et Malanville. Près de 332 557 personnes dont 164 319 femmes sont prévues pour être impactées.

179 millions volatilisés

Par ailleurs, la trésorerie communale de Malanville a connu, le 6 février 2023, une situation déplorable. Son caissier a disparu, laissant derrière lui un coffre-fort vide. Selon les informations, il s’est volatilisé avec une somme estimée à 179 millions F Cfa. Il assurait alors l’intérim du poste depuis pratiquement un an, suite au décès du titulaire. Toutes les tentatives pour le joindre avaient été vaines. C’est depuis lundi 6 février 2023 qu’il a coupé le contact avec ses collaborateurs et même les membres de sa famille.
La situation avait obligé la Direction générale du trésor public à dépêcher une équipe avec un huissier de justice, depuis Cotonou, sur les lieux. C’était pour défoncer, le vendredi 17 février 2023, la porte de son bureau. Le constat effectué, rapportent les mêmes sources, fait état d’un coffre-fort retrouvé vide, puis de la présence suspecte de deux hiboux morts sur son bureau. Avant le constat de son absence prolongée au poste, le caissier avait d’abord pris le soin d’encaisser les versements au niveau des différentes régies de la commune. Il s’agit des encaissements de fin du mois de janvier 2023. 
En attendant, avait-on appris en son temps, une plainte a été déposée au commissariat de Malanville et à la Brigade économique et financière. La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) avait également été saisie, pour la suite à donner à ce dossier.

La cité administrative attendue

Toutefois, une bonne nouvelle a été annoncée au cours de sa Conférence administrative départementale, vendredi 23 juin 2023, par le préfet Ahmed Bello Ky-Samah. C’est le démarrage imminent des travaux de construction de la cité administrative départementale de Kandi. Ainsi, les difficultés liées à l’absence de locaux abritant les services déconcentrés de l’Etat dans le chef-lieu dudit département prendront fin. Très prochainement, ces services présents déjà dans la ville, vont devoir abandonner les bâtiments occasionnels qu’ils occupent.
Cette cité, avait informé le directeur départemental du Cadre de vie et du Développement durable Borgou-Alibori, Sanni Orou Pibou, est prévue pour être implantée à la sortie Nord de la ville de Kandi. Elle sera sous la forme de deux tours R +1 qui vont servir de bureaux aux directions départementales et abriter également les résidences du préfet et du secrétaire général de la préfecture. Pendant que le projet de construction de cette cité fait son petit bonhomme de chemin, ce sont les populations du département, surtout celles de Malanville qui, depuis le coup d’Etat survenu mercredi 26 juillet 2023 au Niger, ont subi quelques contrecoups. En réaction, le Bénin avait appliqué les sanctions décidées par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), dont la fermeture de son poste de contrôle juxtaposé avec le Niger, à Malanville. Conséquence, les activités économiques que les populations de cette commune développaient, profitant de leur proximité avec ce pays, ont connu une baisse de régime.
Le dernier évènement marquant survenu dans le département en 2023 et qui, sans doute, a également mis à l’épreuve la réforme en cours au niveau du secteur de la décentralisation, c’est le mouvement d’humeur des agents de la mairie de Ségbana, lundi 16 octobre 2023 devant le bâtiment de leur hôtel de ville. Réclamant leurs droits, ils ont donné de la voix, en s’insurgeant contre la secrétaire exécutive de leur mairie. 
Dans leur pétition, ils exigeaient le paiement de leurs salaires à l’indice réel et de la totalité de leurs moins perçus. Ils réclamaient également le remboursement sans délai de la dette du personnel à la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) et n’entendaient plus prendre part à la campagne de salubrité des samedis 