La Nation Bénin...
L’insécurité routière dans le département de
l’Atacora persiste malgré les sensibilisations. En 2023, divers cas d’accident
et des comportements à risque sur les axes routiers ont retenu l’attention des
acteurs. Les autorités invitent les usagers de la route à plus d’attention et
au respect des signalisations routières.
« Malgré l’effort de tous les acteurs qui
participent à la promotion de la sécurité routière, l’état des lieux n’est pas
reluisant en 2023. Nous devons encore faire beaucoup pour que la sécurité des
uns et des autres soit un peu plus garantie sur nos différents axes routiers.
L’état des lieux n’est pas reluisant parce qu’il y a des comportements à risque
qui ont toujours cours sur les axes routiers. Ce qui continue d’agrandir le
taux des accidents de la route au Bénin et particulièrement dans l’Atacora», détaille
Abdoul-Wahabilou Amidou, chef antenne Atacora du Centre national de sécurité
routière (Cnsr).
Marc Fayomi, commandant du centre des
sapeurs-pompiers de Natitingou, ajoute que comparé à la fin d’année 2022, il y
a eu plus de victimes en 2023. Il y a eu un seul cas en fin d’année 2022, mais
en 2023, l’intervention des sapeurs-pompiers du 31 décembre au 2 janvier révèle
malheureusement six cas d’accident de la voie publique enregistrés et treize
victimes évacuées. Les cas observés sont beaucoup plus des chutes libres qui
doivent avoir un motif : la fatigue, l’excès de vitesse, la consommation d’alcool…
« Quand on regarde l’évolution après les
sensibilisations, durant octobre, novembre et décembre 2023, il y a eu une
accalmie par rapport aux chiffres. Il y a eu peu d’interventions durant le
dernier trimestre de l’année, ce qui signifie que les sensibilisations ont
porté leurs fruits », indique le capitaine Marc Fayomi. Pour lui, il faut une
prise de conscience pour le respect du code de la route. La ville de
Natitingou, ajoute le chef antenne Cnsr, enregistre en moyenne trois accidents
par jour. Les accidents de nuit ici à Natitingou se produisent au niveau du
giratoire de la Poste et les victimes viennent souvent des lieux de grande
animation. Ce qui signifie, selon ses explications, que les victimes sont dans
un état d’ivresse. Ce qui l’amène à insister sur l’importance de la
sensibilisation pour que les usagers de la route puissent adopter de bons
comportements sur les axes routiers. C’est la seule solution pour éradiquer
tout ce qui s’observe en matière d’insécurité sur les routes, suggère
Abdoul-Wahabilou Amidou.
« Dans le département, on rencontre des usagers
ivres en situation de conduite. Lors des accidents, il est souvent noté que
l’une des victimes est en état d’ébriété. Or l’alcool ne rime pas avec la
vigilance. Il ne rime pas non plus avec la clairvoyance ni la prudence ou la
courtoisie sur les axes routiers. Sous l’effet de l’alcool, l’on se donne à
l’excès de vitesse », fait-il constater. Mentionnant les trois facteurs pouvant
occasionner un sinistre routier, à savoir le matériel roulant, l’infrastructure
routière et l’homme, Abdoul-Wahabilou Amidou note que dans le département, le
facteur humain est à la base de la majorité des accidents.
« Il faut éviter les surcharges, les
dépassements hasardeux et la conduite fantaisiste, le stationnement et les
arrêts anarchiques », conseille Abdoul-Wahabilou Amidou.
Les réformes dans le secteur, un atout
Le gouvernement de la Rupture a méné des
réformes dans le secteur de la sécurité routière. Les instructions et
directives des ministres de tutelle du Cnsr ont facilité le travail aux agents.
Ce qui a permis au Cnsr de jouer son rôle au regard de sa mission principale,
celle de la mise en œuvre de toutes les stratégies destinées à accroître la
sécurité des usagers de la route par les mesures de prévention ou de
coercition. Plusieurs agents renseignent que le travail se fait selon les
réformes. L’informatisation des services
est assurée avec à la clé la délivrance des factures à partir d’un
logiciel. Ledit logiciel permet d’avoir de la traçabilité par rapport à tous
ceux qui sont passés pour le contrôle technique.
Avec les réformes, le Cnsr va également
connaître la modernisation de tous ses équipements de contrôle technique et in
fine la dématérialisation du contrôle technique. Ces réformes accentuent, à en
croire Abdoul-Wahabilou Amidou, la sécurité des usagers de la route. Elles ont
induit, selon lui, la rédaction d’un code de la route adapté au contexte
béninois. Un projet d’actualisation du Code de la route est déposé sur la table
des députés à l’Assemblée nationale. Un code rédigé en tenant compte des différents
cas d’accident, leurs causes et l'insécurité sur les axes routiers au Bénin.
« Lorsque le Code de la route va sortir, ça va
être un ouf de soulagement pour les différents usagers de la route si l’on se
l’approprie », informe le chef centre Cnsr de l’Atacora.
Une fois que ce code sera promulgué, l’absence
de visite technique et de certification du contrôle technique est supposée être
un délit. Tout conducteur sans ces pièces capitales constitue un danger. «
Lorsque vous venez au niveau du Cnsr, on regarde l’état de votre matériel
roulant pour pouvoir vous certifier apte à aller sur les axes. Ce mécanisme est
bien pensé. Pour les taxis, très mobiles, ils ont trois mois de certification,
les camions en ont six mois et les véhicules légers personnels disposent d’un
an de certification », justifie Abdoul-Wahabilou Amidou.
Ratification de la Convention de Vienne
La ratification de la Convention de Vienne sur
la signalisation et la circulation routières par le Bénin le met en pole
position des pays qui ont pris à cœur les questions de sécurité routière.
Depuis 2015, les Nations Unies ont déclaré les questions de sécurité routière
des questions primordiales pour lesquelles tous les pays doivent s’y mettre
pour lutter contre l’insécurité routière. Le pays doit y travailler, pour
réduire les sinistres routiers estimés à huit cents morts par an. Les accidents
croisés entre la Police républicaine, le Cnsr et les sapeurs-pompiers révèlent
plus de 2 500 personnes tuées chaque année, selon l’Oms.
« Les questions de la sécurité routière doivent
être prises au sérieux. La plupart des victimes étant des jeunes, si rien n’est
fait, à un moment donné, on n’aura plus de ces jeunes-là qui vont pouvoir
œuvrer pour le développement du pays. Et c’est ce que le gouvernement de la
Rupture a compris pour tout mettre en œuvre pour aller à la ratification de la
Convention de Vienne sur les signalisations routières et la circulation
routière», a insisté Abdoul-Wahabilou Amidou. Un outil qui permet de développer
des stratégies et approches de sécurité routière pour impacter au mieux les
usagers de la route afin de diminuer les sinistres.
Il faut donc que régulièrement, en fonction de
la périodicité de leurs passages pour les contrôles, les propriétaires de
véhicules s’habituent au contrôle de leurs engins dans les départements. Le
Cnsr développe par ailleurs des phases pilotes de e-paiement sur les sites de
Epkè, Tangbo Djèvié, Cana, et Parakou pour gagner du temps et sécuriser les
recettes de l’Etat, purement fiscales. L’usager peut désormais faire la demande
de sa visite technique via son portable et répondre selon le rendez-vous. Le chef
antenne Cnsr Natitingou fait un plaidoyer au niveau de la mairie pour que les
feux tricolores soient mis en marche. Il souhaite aussi un espace d’échanges
avec les élus communaux pour qu’ils sachent leur rôle en matière de sécurité
routière dans leurs zones respectives. Mieux, il plaide pour une ligne dédiée à
la promotion de la sécurité routière.