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Sécurité routière en 2023: Un état des lieux pas reluisant dans l’Atacora

Région
Abdoul-Wahabilou Amidou Abdoul-Wahabilou Amidou

L’insécurité routière dans le département de l’Atacora persiste malgré les sensibilisations. En 2023, divers cas d’accident et des comportements à risque sur les axes routiers ont retenu l’attention des acteurs. Les autorités invitent les usagers de la route à plus d’attention et au respect des signalisations routières.

Par   Alexis METON A/R Atacora-Donga, le 05 janv. 2024 à 01h06 Durée 4 min.
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« Malgré l’effort de tous les acteurs qui participent à la promotion de la sécurité routière, l’état des lieux n’est pas reluisant en 2023. Nous devons encore faire beaucoup pour que la sécurité des uns et des autres soit un peu plus garantie sur nos différents axes routiers. L’état des lieux n’est pas reluisant parce qu’il y a des comportements à risque qui ont toujours cours sur les axes routiers. Ce qui continue d’agrandir le taux des accidents de la route au Bénin et particulièrement dans l’Atacora», détaille Abdoul-Wahabilou Amidou, chef antenne Atacora du Centre national de sécurité routière (Cnsr).

Marc Fayomi, commandant du centre des sapeurs-pompiers de Natitingou, ajoute que comparé à la fin d’année 2022, il y a eu plus de victimes en 2023. Il y a eu un seul cas en fin d’année 2022, mais en 2023, l’intervention des sapeurs-pompiers du 31 décembre au 2 janvier révèle malheureusement six cas d’accident de la voie publique enregistrés et treize victimes évacuées. Les cas observés sont beaucoup plus des chutes libres qui doivent avoir un motif : la fatigue, l’excès de vitesse, la consommation d’alcool…

« Quand on regarde l’évolution après les sensibilisations, durant octobre, novembre et décembre 2023, il y a eu une accalmie par rapport aux chiffres. Il y a eu peu d’interventions durant le dernier trimestre de l’année, ce qui signifie que les sensibilisations ont porté leurs fruits », indique le capitaine Marc Fayomi. Pour lui, il faut une prise de conscience pour le respect du code de la route. La ville de Natitingou, ajoute le chef antenne Cnsr, enregistre en moyenne trois accidents par jour. Les accidents de nuit ici à Natitingou se produisent au niveau du giratoire de la Poste et les victimes viennent souvent des lieux de grande animation. Ce qui signifie, selon ses explications, que les victimes sont dans un état d’ivresse. Ce qui l’amène à insister sur l’importance de la sensibilisation pour que les usagers de la route puissent adopter de bons comportements sur les axes routiers. C’est la seule solution pour éradiquer tout ce qui s’observe en matière d’insécurité sur les routes, suggère Abdoul-Wahabilou Amidou.

« Dans le département, on rencontre des usagers ivres en situation de conduite. Lors des accidents, il est souvent noté que l’une des victimes est en état d’ébriété. Or l’alcool ne rime pas avec la vigilance. Il ne rime pas non plus avec la clairvoyance ni la prudence ou la courtoisie sur les axes routiers. Sous l’effet de l’alcool, l’on se donne à l’excès de vitesse », fait-il constater. Mentionnant les trois facteurs pouvant occasionner un sinistre routier, à savoir le matériel roulant, l’infrastructure routière et l’homme, Abdoul-Wahabilou Amidou note que dans le département, le facteur humain est à la base de la majorité des accidents.

« Il faut éviter les surcharges, les dépassements hasardeux et la conduite fantaisiste, le stationnement et les arrêts anarchiques », conseille Abdoul-Wahabilou Amidou. 

Les réformes dans le secteur, un atout

Le gouvernement de la Rupture a méné des réformes dans le secteur de la sécurité routière. Les instructions et directives des ministres de tutelle du Cnsr ont facilité le travail aux agents. Ce qui a permis au Cnsr de jouer son rôle au regard de sa mission principale, celle de la mise en œuvre de toutes les stratégies destinées à accroître la sécurité des usagers de la route par les mesures de prévention ou de coercition. Plusieurs agents renseignent que le travail se fait selon les réformes. L’informatisation des services  est assurée avec à la clé la délivrance des factures à partir d’un logiciel. Ledit logiciel permet d’avoir de la traçabilité par rapport à tous ceux qui sont passés pour le contrôle technique.

Avec les réformes, le Cnsr va également connaître la modernisation de tous ses équipements de contrôle technique et in fine la dématérialisation du contrôle technique. Ces réformes accentuent, à en croire Abdoul-Wahabilou Amidou, la sécurité des usagers de la route. Elles ont induit, selon lui, la rédaction d’un code de la route adapté au contexte béninois. Un projet d’actualisation du Code de la route est déposé sur la table des députés à l’Assemblée nationale. Un code rédigé en tenant compte des différents cas d’accident, leurs causes et l'insécurité sur les axes routiers au Bénin.

« Lorsque le Code de la route va sortir, ça va être un ouf de soulagement pour les différents usagers de la route si l’on se l’approprie », informe le chef centre Cnsr de l’Atacora.   

Une fois que ce code sera promulgué, l’absence de visite technique et de certification du contrôle technique est supposée être un délit. Tout conducteur sans ces pièces capitales constitue un danger. « Lorsque vous venez au niveau du Cnsr, on regarde l’état de votre matériel roulant pour pouvoir vous certifier apte à aller sur les axes. Ce mécanisme est bien pensé. Pour les taxis, très mobiles, ils ont trois mois de certification, les camions en ont six mois et les véhicules légers personnels disposent d’un an de certification », justifie Abdoul-Wahabilou Amidou. 

Ratification de la Convention de Vienne

La ratification de la Convention de Vienne sur la signalisation et la circulation routières par le Bénin le met en pole position des pays qui ont pris à cœur les questions de sécurité routière. Depuis 2015, les Nations Unies ont déclaré les questions de sécurité routière des questions primordiales pour lesquelles tous les pays doivent s’y mettre pour lutter contre l’insécurité routière. Le pays doit y travailler, pour réduire les sinistres routiers estimés à huit cents morts par an. Les accidents croisés entre la Police républicaine, le Cnsr et les sapeurs-pompiers révèlent plus de 2 500 personnes tuées chaque année, selon l’Oms.

« Les questions de la sécurité routière doivent être prises au sérieux. La plupart des victimes étant des jeunes, si rien n’est fait, à un moment donné, on n’aura plus de ces jeunes-là qui vont pouvoir œuvrer pour le développement du pays. Et c’est ce que le gouvernement de la Rupture a compris pour tout mettre en œuvre pour aller à la ratification de la Convention de Vienne sur les signalisations routières et la circulation routière», a insisté Abdoul-Wahabilou Amidou. Un outil qui permet de développer des stratégies et approches de sécurité routière pour impacter au mieux les usagers de la route afin de diminuer les sinistres.

Il faut donc que régulièrement, en fonction de la périodicité de leurs passages pour les contrôles, les propriétaires de véhicules s’habituent au contrôle de leurs engins dans les départements. Le Cnsr développe par ailleurs des phases pilotes de e-paiement sur les sites de Epkè, Tangbo Djèvié, Cana, et Parakou pour gagner du temps et sécuriser les recettes de l’Etat, purement fiscales. L’usager peut désormais faire la demande de sa visite technique via son portable et répondre selon le rendez-vous. Le chef antenne Cnsr Natitingou fait un plaidoyer au niveau de la mairie pour que les feux tricolores soient mis en marche. Il souhaite aussi un espace d’échanges avec les élus communaux pour qu’ils sachent leur rôle en matière de sécurité routière dans leurs zones respectives. Mieux, il plaide pour une ligne dédiée à la promotion de la sécurité routière.