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Allaitement maternel exclusif du nouveau-né: Une recommandation salutaire

Santé
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 12 août 2021 à 05h47
La Semaine mondiale de l’allaitement maternel 2021 engage la responsabilité de la communauté internationale autour du lait maternel. L’appel des acteurs relatif à l’alimentation des nouveau-nés, nourrissons et bébés n’a donc pas varié, cette année. Mais il faudrait davantage d’efforts pour décourager les firmes qui proposent les formules artificielles et les femmes qui y adhèrent. « Le démarrage de l’allaitement maternel dans l’heure qui suit la naissance, puis l’allaitement exclusif les six premiers mois et sa poursuite jusqu’aux deux ans de l’enfant, voire plus, offrent un moyen exceptionnel pour prémunir les enfants contre toutes les formes de malnutrition, y compris contre l’émancipation et l’obésité. Le lait maternel fait également office de premier vaccin pour le nourrisson, car il le protège contre de nombreuses maladies infantiles courantes ». Cette recommandation de l’Unicef et de l’Oms à l’occasion de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, édition 2021, est bien connue des femmes en général. Ce qui paraît plutôt paradoxal chez certaines mères, c’est leur obstination à préférer le lait artificiel, quoiqu’elles disposent de toutes leurs facultés pour allaiter leurs bébés. Le lait maternel a des vertus que les instances nationales et internationales ne cessent de vanter, non seulement dans l’objectif de sensibiliser et d’encourager les mères, mais aussi de donner une visibilité à l’allaitement. « Le lait maternel est si complet qu'il renferme en plus de ses nutriments spécifiques, environ 200 oligosaccharides qui améliorent la croissance des bifidobactéries (bactéries présentes dans le gros intestin du bébé et qui améliorent la digestion des aliments). Quant au lait de vache naturel, il ne contient pas d'oligosaccharide. Pour combler cette carence, les industriels introduisent dans le lait vendu en pharmacie des probiotiques et des prébiotiques afin de tenter de concurrencer le lait maternel », peut-on lire sur le site de la coordination de l’allaitement maternel. Partout dans le monde, les sages-femmes et gynécologues sont unanimes sur les bénéfices que procure le lait maternel à la famille et au bébé : il est sûr, efficace, naturel, disponible à plein temps, gratuit, assure la croissance et la protection de l’enfant…. Réalités sociales Toutefois, la mayonnaise tarde à prendre chez certaines femmes, en dépit de ces avantages indéniables. Au Bénin, les sages-femmes en font une préoccupation de santé publique, en privilégiant la sensibilisation des communautés à un changement d’attitude et de pratique vis-à-vis de l’allaitement maternel. L’édition 2021 de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel n’a pas dérogé à la règle. Mais l’environnement social n’est pas très encourageant pour les mères allaitantes. « Les femmes allaitent leurs bébés. Mais, c’est l’allaitement maternel exclusif qui leur pose problème compte tenu des contraintes professionnelles », souligne Inès Gaba, sage-femme diplômée d’Etat. « Si nous nous référons aux séances de sensibilisation antérieures, nous pouvons dire que, pour le bien-être de leurs bébés, beaucoup de mères adhèrent à l’allaitement maternel exclusif. Néanmoins, elles n’arrivent pas toutes à l’adopter au regard de nos réalités sociales. Il y a souvent un parent qui demande qu’on donne de la tisane ou de l’eau au nourrisson dès ses premières semaines de vie », relève Yolande Sangninon, sage-femme diplômée d’Etat, avant de s’attarder sur les facteurs défavorisant l’allaitement maternel. « Nous sommes dans un contexte où les congés de maternité durent quatorze semaines avant et après l’accouchement. Ce délai est insuffisant après l’accouchement. Pour respecter l’allaitement maternel exclusif, la maman pense à la conservation du lait maternel. Ce qui nécessite beaucoup d’efforts et amène plusieurs femmes à abandonner très rapidement cette méthode. D’autres, en complicité avec leur mari font délibérément le choix de nourrir l’enfant aux seins pendant une courte période pour éviter que leurs seins perdent la forme », relève-t-elle. Ce faisant, elles font perdre à leurs bébés, la chance d’être naturellement nourris dès leurs premières semaines de vie. A en croire la sage-femme, il est difficile pour l’heure d’apprécier la progression en faveur de l’allaitement maternel au Bénin. « Nous n’avons pas encore tous les éléments pour apprécier les efforts des mères et le suivi des sages-femmes. Les mois à venir pourront nous situer », espère-t-elle. Une évidence, le lait maternisé (artificiel) ne sera jamais identique au lait maternel, en dépit de tous les efforts des firmes pour le concurrencer. Les sages-femmes ne manquent aucune occasion de le marteler. « L’allaitement maternel exclusif est le fait de ne nourrir le nouveau-né qu’aux seins pendant une durée donnée. Il est conseillé de l’adopter pendant les six premiers mois de vie de l’enfant parce que le lait maternel contient tous les éléments nutritifs nécessaires pour un bon développement du bébé», indique Yolande Sangninon. Les femmes qui sont aptes à allaiter leurs bébés devraient définitivement l’intégrer dans leur mental. Pour la réussite de l’allaitement maternel exclusif durant les six premiers mois, une rallonge des congés de maternité ferait sans doute du bien aux bébés et aux mères allaitantes.