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Autopalpation et hygiène de vie: Trois astuces pour conjurer le cancer du sein

Santé
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 29 oct. 2019 à 04h56

Maladie redoutable, le cancer du sein continue de faire des ravages dans le monde. Les femmes béninoises n’en sont pas à l’abri. Professionnels de la santé, Ong et activistes se serrent les coudes pour une riposte efficace à travers l’initiative Octobre rose. Ils  recommandent trois astuces pour lutter contre le mal.

Le cancer de sein existe et fait des ravages. Loin d’être une maladie des occidentaux ou encore réservée à une certaine catégorie de femmes, le mal fait beaucoup de victimes chaque année. C’est un tueur silencieux qui n’est nullement réservé à une classe sociale, car toute femme est potentielle victime.
« Le cancer du sein est le cancer le plus diagnostiqué chez les femmes à travers le monde, autant, avant qu’après la ménopause. Une femme sur neuf sera atteinte d’un cancer du sein au cours de sa vie et une femme sur vingt-sept en mourra », renseignent les données au niveau mondial.
« Ces huit dernières années, 32,5% de femmes sont dépistées et une sur vingt-neuf en meurt », révèle Doriane Ondemba, médecin généraliste.
Le Bénin n’est pas épargné. « Sur dix femmes victimes de cancers au Bénin, cinq souffrent du cancer du sein », informe Nadège Anago, initiatrice du projet Octobre rose sur le net par les influenceurs.
« Le mal est fortement présent dans notre pays. Le drame est que beaucoup de victimes n’en parlent pas. Elles portent le poids seules, en silence, par peur d’être rejetées ou stigmatisées», déplore Hermyone Adjovi, présidente de l’Ong Mata-Yara (mère-enfant en haoussa).
Si la maladie affecte psychologiquement, moralement et physiquement les victimes, elle les appauvrit financièrement aussi. Son traitement est très onéreux. « Le cancer du sein est une maladie budgétivore. Il vide sa victime de sa dignité, son traitement est onéreux et douloureux», alerte Nadège Anago.
Mélanie Bonnialy, de nationalité martiniquaise, s’en remet progressivement après avoir subi une ablation du sein droit suite à un cancer détecté en 2014. Son témoignage sur la maladie dans le cadre d’une journée de sensibilisation organisée par l’Ong Mata-Yara, samedi 26 octobre dernier à Cotonou, laisse entrevoir les souffrances des victimes. « Le cancer du sein fait vivre une douleur atroce. La remise n’est pas systématique. Il faut se battre pour ne pas se laisser ronger et pouvoir en parler avec ses amis ou proches afin de bénéficier au moins d’un accompagnement moral », conseille-t-elle.
Si elle s’en est sortie, c’est grâce aux médecins et à sa famille qui n’ont ménagé aucun effort pour la réconforter. Elle a fondé Amazones Pacific, une association de lutte contre le cancer du sein et d’accompagnement des femmes atteintes du mal. Le traitement lui a déjà coûté plus de cent millions de francs Cfa, entièrement pris en charge par l’Etat français.

Prévenir vaut mieux que guérir

Une telle prise en charge n’est pas encore une réalité au Bénin, du moins pour l’heure. C’est pourquoi, les activistes misent sur la prévention pour épargner les femmes.
« Il faut détecter les risques de cancer de sein précocement parce que c’est la seule possibilité pour que la femme en guérisse», se convainc Hermyone Adjovi, présidente de l’Ong Mata-Yara.  «Il urge de vulgariser l’information sur les habitudes saines à adopter pour amenuiser les risques », ajoute-t-elle.
Au regard des ravages du cancer du sein, les activistes du web ont également décidé de prendre le taureau par les cornes en sensibilisant toutes les couches concernées.  
« Il faut dépister le cancer du sein pour vite détecter les petits signes annonciateurs (nodules, peau du sein en aspect d’orange, rougeur, etc…), s’ils existent, afin de pouvoir vite les traiter et stopper l’évolution vers un cancer », indique Nafissath Hounkpatin, sage-femme.
Les influenceurs prennent aussi leur part dans la lutte. D’où le projet ‘’Octobre rose sur le net’’, initié par Nadège Anago. « La première arme de lutte, c’est la sensibilisation; nous voulons utiliser notre image pour communiquer sur les réseaux sociaux, les chaînes de radiodiffusion et de télévision, et dans la presse écrite », explique-t-elle.
Outre les activistes, les femmes elles-mêmes doivent être au cœur de la lutte. Les professionnels de la santé recommandent des comportements et gestes simples à faire au quotidien. «L’autopalpation commence déjà dès la puberté par la jeune fille elle-même, une semaine idéalement après ses menstrues. Elle peut également faire le dépistage périodiquement à travers l’examen du sein par une sage-femme ou un gynécologue, ainsi que la mammographie à partir de 50 ans », exhorte la sage-femme.
Doriane Ondemba, médecin généraliste, renchérit : « Les femmes ne doivent pas considérer l’autopalpation comme une corvée. Ça doit être un réflexe ».
Aux mères qui refusent d’allaiter leur bébé, elle lance ce message: « C’est insensé que des mères refusent d’allaiter leurs nourrissons sous prétexte qu’elles veulent garder la forme de leurs seins. L’allaitement maternel est le premier anticorps de l’enfant et prévient du cancer du sein ».
La riposte passe également par une hygiène de vie. « Il faut avoir une alimentation équilibrée et variée associée avec des fruits, faire régulièrement des activités physiques, boire beaucoup d’eau, éviter le tabac et l’excès de l’alcool », indique la sage-femme avant de lancer ce message : « J’exhorte toutes les femmes à toujours porter une attention particulière à leurs seins, car le cancer du sein est le premier cancer qui les tue ». « Le médecin ne vit pas avec les femmes au quotidien, encore moins le gynécologue et l’oncologue. Il faut donc apprendre à faire ce geste précieux d’autopalpation du sein et être attentionnée par la moindre anomalie, un écoulement, un bouton, la douleur dans le sein, un nodule…», insiste-t-elle.

Sucer les seins pour libérer les femmes

Le sein c’est la vie. En matière de lutte contre le cancer du sein, les hommes aussi doivent contribuer au bien-être des femmes, en les aidant à détecter très tôt la maladie. Là-dessus, sucer régulièrement les seins paraît l’une des solutions fortement recommandées. Aussi amusant que cela puisse paraître, la tétée par les hommes est un acte salvateur dans la prévention. Les femmes doivent se laisser sucer les seins régulièrement par leurs maris pour minimiser les risques. « A défaut d’allaiter leurs bébés, les femmes doivent au moins se laisser sucer les seins», indique Doriane Ondemba. «Laissez vos copains ou vos maris sucer vos seins », insiste-t-elle. Cet acte contribue à la détection des boules dans le sein des femmes. Elle est contre l’habitude de certaines femmes qui consiste à ‘’étouffer’’ leurs seins dans le soutien-gorge à longueur de journée ou à les cacher aux médecins lors des consultations. Pour elle, le cancer du sein est aussi l'affaire des hommes.