La Nation Bénin...

Carnaval Doxami 2025: Une jeunesse mobilisée pour le droit à l’Ivg et la santé reproductive

Santé
À travers des débats, des témoignages et des animations, l’événement a souligné  l’importance d’un accès sécurisé à l’Ivg À travers des débats, des témoignages et des animations, l’événement a souligné l’importance d’un accès sécurisé à l’Ivg

Une centaine de jeunes se sont réunis, samedi 31 mai dernier dans la commune d’Abomey-Calavi, pour participer au «Carnaval Doxami : ça m’dit ce samedi ! ». Organisée par l’Ong « Filles en actions », cette deuxième édition a mis l’accent sur la sensibilisation et l’éducation autour de la loi N°2021-12 du 20 décembre 2021 modifiant et complétant la loi n°2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction.

Par   Isidore Gozo, le 03 juin 2025 à 07h58 Durée 2 min.
#Carnaval Doxami 2025

Le Carnaval Doxami a offert samedi dernier, un cadre convivial avec des activités ludiques, des podcasts, des ateliers participatifs et une marche de sensibilisation. Ce fut un espace d’échanges où les jeunes ont pu s’exprimer librement sur des sujets souvent tabous liés à la santé sexuelle et reproductive. Corazon Houndji, participante, en souligne l’aspect éducatif. «Ce carnaval est plus instructif que les autres festivals auxquels nous assistons. Il nous donne les clés pour mieux nous orienter et accéder à des informations essentielles pour affirmer nos droits dans la société », a-t-elle confié. Elle insiste également sur la reconnaissance accordée aux jeunes. « Nous avons été traités comme de véritables acteurs, avec respect et sans jugement », a-t-elle fait savoir. De son côté, Richnelle Sonon confie avoir découvert l’historique du combat pour l’Ivg. «Grâce aux podcasts, j’ai compris que beaucoup de femmes pratiquaient des avortements clandestins, mettant leur vie en danger. Cette loi de 2021 encadre enfin l’Ivg avec un suivi médical sécurisé, une avancée majeure pour les femmes longtemps victimes d’oppression », explique-t-elle. Ces récits témoignent d’une prise de conscience collective, nourrie par une information claire et accessible, offrant soutien et assurance aux jeunes femmes quant à leurs choix et à leur corps.

Prenant la parole, Brian Sossou, présidente de l’Ong « Filles en actions », rappelle l’humanité derrière les chiffres. « Derrière chaque avortement clandestin, il y a une femme, une histoire, une vie », a-t-elle lâché. Elle souligne que ces drames découlent d’un refus fondamental : celui du droit des femmes à disposer librement de leur corps. Elle revient sur le chemin difficile qui a mené à la loi n°2021-12 du 20 décembre 2021, une victoire symbolique et historique. Toutefois, elle met en garde : « Une vraie victoire suppose un accès universel à l’information et aux soins, sans privilège. Quand la loi devient un luxe réservé à quelques-uns, elle engendre inégalités et injustice sociale ». Selon Brian Sossou, le projet Doxami vise justement à combler cette fracture. « Il s’agit de briser les barrières, d’offrir une information universelle et de garantir un accès équitable », explique-t-elle. Pour la présidente de l’Ong ‘’Filles en actions’’, ce combat appartient désormais à toute la jeunesse, appelée à porter ce flambeau afin que la loi soit vécue au quotidien, loin des « promesses non tenues». Brian Sossou n’a pas manqué de dénoncer les nombreux obstacles persistants à savoir : manque d’accès aux soins publics, refus du personnel médical, coûts élevés des cliniques privées. « Nous refusons que le droit à l’Ivg dépende du portefeuille, de la localisation ou de l’âge », affirme-t-elle, appelant à un engagement collectif pour que l’Ivg cesse d’être un privilège et devienne un droit réel.

Tiburce Kindjihossou, chef du Guichet Unique de Protection Sociale (Gups) de Tori-Bossito, a rappelé l’importance de cette loi et la nécessité d’informer les jeunes. « Ce sont des droits peu abordés à l’école mais essentiels dans la vie », souligne-t-il. Il insiste sur les conséquences dramatiques de l’ignorance, notamment les décès liés aux avortements clandestins : «Nous connaissons tous quelqu’un qui a perdu un proche à cause de cela. La loi 2021-12 est une réponse humaine et durable.» Cependant, il regrette que cette loi soit encore peu connue. «L’information est un pouvoir, et entre de bonnes mains, ce pouvoir sauve des vies. » Il encourage les participants à devenir des relais de cette connaissance. Enfin, le chef du Guichet Unique a réaffirmé l’engagement de son service à soutenir les jeunes dans l’exercice de leurs droits. Il a invité les étudiants à profiter pleinement de cette journée, dans un esprit de partage et de solidarité, afin de faire de l’accès sécurisé à l’Ivg, un droit universel pour toutes les femmes béninoises.

Pour clôturer, les organisateurs ont appelé à diffuser ce message dans les quartiers, écoles, familles et cercles d’amis, afin que la loi SR-2021 ne reste pas un simple texte mais soit une réalité concrète. Le Carnaval Doxami est plus qu’une fête, c'est un appel à la justice sociale. Il rappelle que le droit à disposer de son corps est au cœur de toute liberté et doit être accessible à toutes les femmes du Bénin, avec dignité et sécurité.