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Drépanocytose: Le test d’électrophorèse banalisé

Santé
Par   LANATION, le 31 août 2021 à 09h20
La drépanocytose continue de faire des ravages dans nos sociétés. Malgré cela, bon nombre de personnes font toujours preuve de négligence vis-à-vis du test d’électrophorèse de l’hémoglobine, exposant ainsi leur progéniture à des souffrances atroces et sans fin. Malgré les dégâts de la drépanocytose, beaucoup continuent de banaliser les tests d’électrophorèse et s’engagent dans des liens de mariage avec des risques de faire des enfants maladifs. Pourtant, cette situation pourrait être évitée si le test d’électrophorèse de l’hémoglobine était pris au sérieux. Le test d’électrophorèse de l’hémoglobine permet de détecter les anomalies de forme et de concentration de l’hémoglobine présente dans le sang. Il permet aussi de déterminer les couples compatibles ou non. A la base de la situation, l’ignorance due à l’analphabétisme des uns et à la négligence des autres. A Cotonou et à Calavi, bon nombre de personnes disent ignorer l’existence du test d’électrophorèse, voire son importance. Ce sont pour la plupart des analphabètes parmi lesquels l’on retrouve des ouvriers. « Je n’en ai jamais entendu parler. Je ne savais pas qu’il existe ce genre de test », confesse Nadège Oussou, une apprentie coiffeuse, la vingtaine. Mais cette attitude n’est pas l’apanage des illettrés. Des jeunes, bien que lettrés et assez informés, prennent aussi à la légère ce test et ne sentent pas la nécessité de s’y soumettre. Certains ont une conception erronée de la drépanocytose et se fient à l’apparence physique des individus pour conclure qu’ils sont en bonne santé. C’est le cas d’Alain Sovi. « Certes, je n’ai pas encore fait mon test mais regardez-moi, je suis costaud et toujours en pleine forme. Donc, impossible que je sois porteur du gène S responsable de la drépanocytose», soutient-il d’un ton amusant. Il y a aussi cette catégorie de personnes qui remettent toujours à demain, se disant qu’ils ont tout le temps alors qu’ils sont sexuellement actifs et ne prennent aucune précaution pour éviter une éventuelle grossesse. Gildas Adjovi, la trentaine, bien que conscient des dégâts de la drépanocytose a fait les frais de la procrastination. Il est père d’un petit garçon SS. Il raconte son expérience avec beaucoup de remords : « La mère de mon fils et moi, dans la frénésie de l’amour, nous nous sommes laissés aller jusqu’à la naissance de notre fils et nous apprenons plus tard qu’il est drépanocytaire. C’est alors que nous avons fait notre test pour découvrir que nous étions incompatibles, car tous deux AS. Quel choc! Si nous l’avions su plus tôt, nous nous serions séparés pour éviter cette situation ». Et d’ajouter : «Je me sens tellement coupable quand je vois mon fils souffrir lors de ses crises, je ne le souhaite à aucun parent. Si seulement je pouvais revenir en arrière. Mais hélas !». Des enfants souffrant de la drépanocytose vivent leur situation avec difficulté. La vingtaine, Raphaël, atteint de la drépanocytose, confie qu’à cause de sa maladie, il a l’impression d’être différent des autres jeunes de son âge. Pire, il a la dent dure contre ses géniteurs. « Je ne peux pas m’empêcher d’en vouloir quelquefois à mes parents», indique-t-il en les rendant, à juste titre, responsables de ses souffrances en temps de crise. Une maladie incurable Dr Léonel Amoussou, médecin généraliste, fait savoir qu’il n’y a pas de remède contre cette maladie. Le seul moyen pour l’éviter, c’est de faire le test d’électrophorèse. A l’en croire, si le test révèle que les deux partenaires sont incompatibles, ils devraient rompre leurs relations tout simplement. Ce serait mieux pour eux et pour leur progéniture. « C’est donc judicieux de prioriser ce test pour éviter à la progéniture une souffrance éternelle », insiste-t-il. « Il est inadmissible de mettre en péril la vie d’un enfant au nom de l’amour ou pour quelque raison que ce soit », poursuit-il. Au vu de l’importance du test, le gouvernement prend déjà le taureau par les cornes. Dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre la drépanocytose, le ministère de la Santé a initié une campagne de sensibilisation et de dépistage de la drépanocytose. Quelques jours après cette campagne, le gouvernement béninois préconise le test d’électrophorèse avant tout mariage. « Amour oui, mais électrophorèse d’abord! », lit-on sur la page Facebook du gouvernement. Par Mathilde ASSOGBA (Stag.)