La Nation Bénin...

Dynamique de la Covid-19 en Afrique subsaharienne : Les grandes lignes de la recherche scientifique au Bénin

Santé
Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 02 févr. 2022 à 09h27
Dans le cadre du projet « African life story of Covid-19 », les chercheurs béninois ont dévoilé, à l’Institut régional de santé publique, ce mardi 1er février 2022, les fruits de leurs travaux sur le thème : «Dynamique de la Covid-19 au Bénin : défis et perspectives ». Les chercheurs de l’Institut régional de santé publique (Irsp) ont soumis les fruits de leurs travaux de recherche sur la dynamique de la Covid-19, à l’appréciation de leurs pairs de l’espace Cames. Par visio-conférence et en mode présentiel à l’Irsp, les experts ont été renseignés sur les stratégies et résultats de la riposte à la Covid-19 au Bénin; les facteurs associés à travers une étude comparative cas-témoin; le degré d’implémentation des mesures de lutte dans la commune de Ouidah ; et l’impact de la maladie sur l’utilisation des services de soins dans un centre de santé intra cordon sanitaire à Cotonou. Les chercheurs ont également travaillé sur les déterminants de l’acceptation des mesures de prévention, les effets sociaux de la pandémie, et les stratégies de résilience associées dans la commune d’Abomey-Calavi, sans occulter l’hésitation vaccinale. Ils sont parvenus à diverses conclusions au terme des travaux dirigés par les professeurs Roch Houngnihin, Charles Sossa, Dr Ange Dossou, Marius Kêdoté et cie. La climatisation, un facteur de risque De l’étude comparative de personnes atteintes et de personnes non atteintes de la Covid-19, on retient que l’absence ou l’utilisation d’un dispositif inadéquat de lavage des mains (sans savon) à l’entrée du domicile expose à un risque presque deux à cinq fois plus élevé de contracter la Covid-19. Aussi, l’utilisation permanente de la climatisation sur les lieux de travail, la connaissance insuffisante des mesures de protection, la méconnaissance de la période d’incubation du coronavirus, exposent à un risque significativement plus élevé de contracter la maladie. De l’impact de la pandémie sur l’utilisation des services de santé et les réactions sociales induites par la riposte, il ressort que le contrôle par les agents de la police républicaine dans les lieux publics ou de regroupements, la vérification du nombre de personnes à bord des véhicules, ont été déterminants pour le respect des mesures de prévention. Par conséquent, la suspension de la répression a entraîné un retour aux anciennes habitudes. Selon les travaux du Dr Géraud Padonou, la pandémie a également entraîné l’augmentation significative du nombre de femmes venues en consultation prénatale et la baisse significative du nombre de cas recensés de paludisme et de femmes enceintes venant pour la vaccination antitétanique dans un centre de santé situé dans la zone du cordon sanitaire. Les travaux relèvent d’autre part la baisse significative du nombre d’infections respiratoires aigües et de maladies diarrhéiques dans un centre de santé situé en dehors de la zone du cordon sanitaire. Au plan socioéconomique, la crise sanitaire a provoqué une exacerbation des pratiques d’automédication, une accentuation de l’isolement physique et social, une frustration liée aux conditions restreintes de tenue des funérailles… Les populations ont d’ailleurs développé des stratégies de résilience comprenant le recours à la pharmacopée, la prise de traitements préventifs, l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, la réduction des heures de travail du personnel et de la masse salariale de même que l’accentuation des mesures d’hygiène dans les locaux. « Ces résultats permettent de mieux appréhender la Covid-19 au Bénin…», a déclaré le directeur de l’Institut régional de santé publique (Irsp), Professeur Luc Salako Djogbénou.