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Forum national sur les 1000 premiers jours de vie : Conjurer la malnutrition pour un développement harmonieux

Santé
Par   Sabin LOUMEDJINON, le 12 juin 2015 à 06h53

Les travaux du « Forum national sur les 1000 premiers jours de vie : défis de la malnutrition chronique au Bénin» ont démarré hier jeudi 11 juin à Cotonou. Il s’agit d’un creuset d’échanges sur les actions en cours, en vue de déboucher sur des interventions consensuelles susceptibles d’accélérer le processus d’amélioration de l’état nutritionnel des femmes et des enfants du Bénin.

C’est le ministre en charge du Développement, Marcel de Souza, qui a procédé à l’ouverture des travaux. La cérémonie a été rehaussée par la présence du ministre en charge de la Famille, Naomie Azaria, celle de la Santé, Dorothée Akoko Gazard, de la représentante résidente de l’Unicef, Dr Anne Vincent, ainsi que d'un consultant en nutrition de la Banque mondiale, Ambroise Agbota.

Tournant décisif dans la lutte contre la malnutrition. Une coalition forte constituée des Partenaires techniques et financiers (PTF), les Organisations de la Société civile, du gouvernement et des communes du Bénin va à l’assaut de la malnutrition au Bénin. Depuis hier et ce jusqu’à demain samedi 13 juin, se tient à Cotonou les travaux du «Forum national sur les 1000 premiers jours de vie: Défis de la malnutrition chronique au Bénin». Vu l’importance du sujet, cinq pays africains y prennent part également pour partager l’expérience béninoise. Il s’agit du Mali, du Cameroun, du Niger, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal.

Problème majeur de santé publique par son ampleur, la malnutrition représente 11% de la charge mondiale de morbidité. Elle est la cause sous-jacente pour plus de 45% des décès d’enfants de moins de 5 ans, selon le rapport mondial sur la nutrition 2014. Entre 1990 et 2012, alors qu’il a été observé une réduction de plus de la moitié de la charge de retard de croissance en Asie et dans les Caraibes, cette charge a augmenté de plus de 24% en Afrique, selon un document publié par l’OMS en 2013.

Cas spécifique du Bénin

Pour ce qui est du cas spécifique du Bénin, le ministre en charge de la Santé Dorothée K. Gazard a révélé qu’il fait partie des pays les moins avancés dans la réalisation des progrès en matière de nutrition. «Si la prévalence de la malnutrition aiguë a régressé, passant de 8,4%, selon l’enquête démographique de santé en 2006 à 4,5%, par contre, selon l’enquête à indicateurs multiples (MICS) de 2014, celle de la malnutrition chronique est restée très élevée».
Beaucoup d’autres chiffres ont été avancés par la ministre qui a ajouté par exemple qu’en 2011, il a été observé que 6,2% de femmes en âge de procréer ont souffert de maigreur et une femme sur deux était anémiée. «Des indicateurs inquiétants qui appellent de la part des décideurs des actions urgentes, en vue d’inverser la tendance, dès lors que des solutions basées sur l’évidence existent», souligne le ministre de la Santé.
Quant au secrétaire permanent du Conseil national de l’alimentation et de la nutrition SP/CAN, Roch Mongbo, il a planté le décor, révélant que s’il y a focalisation sur la situation au Bénin, c’est qu’en réalité le tableau est sombre. «Sur 10 enfants béninois de moins de 5 ans, aujourd’hui, 4 souffrent de la malnutrition chronique ou retard de croissance. Lequel affecte en particulier le développement du cerveau, avec des séquelles irréversibles sur le fonctionnement général de l’organisme de la victime», a-t-il dit.

Réorienter

En procédant à l’ouverture des travaux, le ministre en charge du Développement, Marcel de Souza est revenu sur les réformes intervenues en 2009 au Bénin. « Au regard du caractère sectoriel et multi partenarial de la lutte contre la malnutrition, le secteur de la santé, conformément à ses attributions, a jugé utile de réorienter sa politique sectorielle vers des stratégies d’actions pertinentes qui prennent en compte les orientations et les engagements du Bénin au plan mondial et régional», a dit le ministre en charge du Développement.
Au terme de la phase protocolaire, la représentante résidente de l’Unicef, Dr Anne Vincent, et Ambroise Agbota de la mission résidente de la Banque mondiale ont présenté de brefs exposés sur la problématique de la malnutrition. Les communications ont porté précisément sur «Pourquoi la malnutrition chronique mérite notre attention?» et «Relation entre malnutrition et pauvreté».
Plusieurs autres communications sont prévues pour meubler les travaux au cours des trois jours que durera le Forum: Situation de la malnutrition dans la sous-région; quel environnement pour réussir le combat? Agriculture et sécurité alimentaire; Les engagements régionaux et internationaux…