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Le De de l’Abpf sur l’ancrage de l’éducation sexuelle des adolescents et jeunes: « Il faut agir sur l’environnement légal et socioculturel », soutient Comlan Christian Agbozo

Santé
Comlan Christian Agbozo Comlan Christian Agbozo

Objet de fortes résistances en dépit des sensibilisations, l’éducation sexuelle des adolescents et des jeunes se présente comme le moyen le plus efficace d’éveiller la conscience des jeunes et de prévenir certains maux. L’Association béninoise pour la planification familiale soutient cette dynamique pour une éducation sexuelle complète qui atteint tous les jeunes et adolescents, à l'école et même en dehors. Comlan Christian Agbozo, directeur exécutif de l’Abpf, aborde les stratégies mises en œuvre à cet effet et les perspectives.

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 13 oct. 2023 à 09h24 Durée 5 min.
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La Nation : Quelle lecture faites-vous de l’introduction de l’éducation sexuelle des adolescents et des jeunes dans l'enseignement au Bénin ?

Comlan Christian Agbozo : L’intégration de l’éducation sexuelle dans le programme éducatif est devenue réalité au Bénin depuis le 7 juin 2018, à travers une phase expérimentale. C’est une initiative qui bénéficie de l’adhésion des acteurs de la communauté éducative y compris les parents d’élève. Faut-il le rappeler, c’est un long processus participatif qui les a impliqués à chaque étape de la conception. Et certaines Ong et Organisations de la société civile ne sont pas restées en marge. En partenariat avec le ministère en charge de l’éducation secondaire, l’Agence béninoise pour la planification familiale appuie cette initiative. Au niveau extrascolaire, plusieurs Ong, comme l’Abpf, développent également des programmes d’éducation sexuelle au profit des adolescents et jeunes dans les centres d’apprentissage. Il n’est pas rare que ces Ong rencontrent encore de fortes résistances communautaires, en particulier dans les zones rurales parce que nous sommes encore dans un contexte où les jeunes ne sont pas socialement acceptés en tant qu'individus sexuellement actifs et ne sont pas considérés comme des acteurs de leurs choix de santé ; l'accès est souvent entaché de stigmatisation et de discrimination. 

Au regard des pesanteurs sociologiques qui constituent un frein aux actions liées à la Santé sexuelle et reproductive (Ssr), comment comptez-vous vous y prendre ?

C’est une préoccupation qui est prise en compte à travers le projet Promotion de la Santé, Droits Sexuels et Reproductifs (Psdsr Xwefa). L’un des objectifs du Psdsr Xwefa est d’améliorer l’environnement à la santé et aux droits sexuels et reproductifs des adolescents et jeunes. Pour y arriver, la théorie de changement du projet prévoit d’abord l’amélioration de l’environnement social direct des jeunes à travers la formation des parents au dialogue parent-enfant. Ensuite des actions de plaidoyer sont engagées à l’endroit des décideurs politiques pour l’amélioration de l’environnement légal et à l’endroit des leaders communau-taires pour l’amélioration de l’environnement socioculturel. Il faut agir sur l’environnement légal et socioculturel.

En dépit des stratégies déployées par le Psdsr Xwefa, le dialogue parent-enfant reste un challenge. Que prévoyez-vous spécifiquement à ce propos ?

L’Abpf travaille avec le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance qui a développé un guide du dialogue parent-enfant. L’Abpf en partenariat avec le ministère a multiplié ce guide au cours de cette année 2023. Le guide permettra d’outiller nos « parents-modèles » qui se chargeront de former les autres parents dans la communauté au dialogue parent-enfant. En outre, dans le contenu du programme d’éducation à la santé sexuelle développé sur le projet, une composante importante est bien le dialogue parent-enfant.

L’école béninoise vient de rouvrir ses portes et cela constitue un nouveau challenge en termes de sensibilisation. Quelles sont les perspectives ?  

L’essentiel pour nous, sera de renouveler notre partenariat avec le ministère en charge de l’Enseignement secondaire afin de poursuivre l’enseignement de l’éducation sexuelle dans les collèges. Cela favorise l’autonomisation des apprenants en améliorant leurs compétences en matière d’analyse, de communication et de préparation à la vie courante aux fins de leur santé et de leur bien-être en lien avec la sexualité. Cela permet, entre autres, aux adolescents et jeunes de prévenir certains problèmes tels que le Vih, les Ist, les grossesses précoces et non désirées et les violences basées sur le genre. Depuis quelques années, nous notons d’ailleurs une baisse des grossesses en milieu scolaire dans plusieurs collèges du Bénin. 

Que dire du Psdsr Xwefa et quel bilan faites-vous à mi-parcours de sa mise en œuvre ?

Le Psdsr Xwefa est un projet mené par l’Abpf depuis 2022. L'objectif global est que les adolescents et jeunes et les personnes marginalisées dans les zones d’intervention du projet, puissent exercer pleinement leurs droits en santé sexuelle et reproductive. Pour atteindre cet objectif, l’une des principales stratégies utilisées est l’enseignement de l’éducation à la santé sexuelle à l’école, en dehors de l’école et en ligne. Le projet nous permet également d’offrir des soins adaptés aux adolescents et jeunes, dans nos cliniques mobiles et dans nos cliniques partenaires. Une autre approche clé est qu’au-delà du statut de cible, le projet inclut les jeunes comme leaders et partenaires. Nous avons obtenu des résultats satisfaisants en matière de renforcement de l’autonomisation des adolescents et jeunes ; de promotion du dialogue parent-enfant ; de services de santé sexuelle et reproductive fournis aux populations, de réduction du nombre de décès maternels et des violences basées sur le genre...