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Mutilations génitales féminines: Exciseuses, déposez vos lames !

Santé
Par   Eric TCHOGBO, le 11 févr. 2020 à 07h18
Célébrée le 6 février, la Journée internationale contre les Mutilations génitales féminines offre l'occasion de prendre conscience des effets néfastes de cette pratique sur la santé des femmes. « Quatre-vingt-six millions de jeunes filles à travers le monde risquent de subir des mutilations sexuelles d'ici à 2030», alerte l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) pour attirer l’attention de la communauté internationale sur le nombre de nouvelles victimes des mutilations génitales féminines sur les dix prochaines années. Encore appelées excision, les mutilations génitales féminines tuent. Malheureusement, elles se pratiquent toujours dans certaines sociétés africaines. Les Nations Unies estiment à 200 millions le nombre de filles et de femmes ayant subi une forme de Mutilations génitales féminines (Mgf). «Chaque année, dans le monde, plus de trois millions de filles sont exposées et risquent de subir des mutilations génitales féminines. La plupart de celles qui sont excisées l’ont été avant l’âge de 15 ans », souligne l’Onu. Les données sont illustratives de l’ampleur du phénomène. «La mutilation génitale féminine viole les droits humains et ruine la santé et le bien-être d’environ trois millions de filles chaque année. Plus de 130 millions de filles et de femmes en Afrique et au Moyen-Orient ont subi une forme quelconque de Mgf et son impact sur leurs vies est énorme», renseigne l’Unicef. Considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes, les Mgf sont le reflet d'une inégalité profondément enracinée entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l'égard des femmes, notent les Nations Unies. Elles désignent toutes les interventions aboutissant à l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins pratiquée pour des raisons non médicales. Au Bénin, les départements du Borgou et de l’Alibori ainsi que ceux de l’Atacora et de la Donga sont les plus exposés. Infections récurrentes La pratique résiste aux sensibilisations et détruit la vie des victimes. Ses conséquences sont désastreuses. Si l’Onu note la survenue « des règles irrégulières, des problèmes vésicaux à vie et des infections récurrentes», les survivantes n’ont également aucune chance d’accoucher par voie basse. Les acteurs de la lutte et les médecins s’accordent sur les conséquences fâcheuses des Mgf. « Ces pratiques violent les droits à la santé, à la sécurité et à l'intégrité physique, le droit d'être à l'abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsqu'elles ont des conséquences mortelles », se désole l’Onu. En l’absence de toute nécessité médicale, elles exposent les victimes à de graves conséquences sur leur vie et leur bien-être, poursuivent les Nations Unies. La liste des dangers qui guettent les victimes est longue : graves hémorragies, problèmes urinaires, kystes, infections, stérilité,…. A cela s’ajoutent les complications lors de l'accouchement et le risque de décès du nouveau-né. Au nom des croyances religieuses ou sociales, les Mgf se pratiquent avec la complicité des parents et sous le regard impuissant des populations. Les victimes en payent le prix fort. Douleurs physiques, morales et psychologiques…, elles souffrent à vie. Les plus chanceuses s’en remettent mais avec des séquelles. Considérées comme un moyen d’asservir et de dompter la sexualité des filles ou une garantie de chasteté, les Mgf constituent un prérequis au mariage ou à la succession selon certaines traditions, notent les Nations Unies. « Dans les sociétés où cette pratique est la plus répandue, elle est souvent considérée comme un rite de passage pour les filles. Les mutilations génitales féminines ne sont pas approuvées par l’islam ou le christianisme, mais les croyances liées à la religion sont fréquemment invoquées pour justifier leur pratique», renseigne l’Onu. L’éradication de l’excision fait partie intégrante du combat contre les violences basées sur le genre et des actions dans le cadre des Odd. La journée du 6 février dédiée à la lutte contre les Mgf devrait aider les acteurs de la lutte à obtenir des changements importants. Mais le chemin, semble-t-il, est encore long. Les auteurs ne sont pas encore conscients de l’enjeu. Où en est-on au Bénin ? La pratique existe depuis des lustres. Mais la riposte tarde à produire des effets significatifs dans la plupart des pays concernés. Où en est réellement le Bénin dans le cadre de la lutte? Peut-on désormais évoquer ‘’zéro mutilation génitale féminine’’ au Bénin? Les filles, notamment celles du nord, peuvent-elles enfin jouir librement de leur sexualité sans craindre l’ablation de leurs organes génitaux ? Exciseuses béninoises, il est temps de déposer la lame pour le bonheur des adolescentes et filles.