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Plan d’action national budgétisé de planification familiale:Les engagements des OSC

Santé
Par   Eric TCHOGBO, le 04 mars 2015 à 06h47

A la conférence internationale sur la planification familiale tenue à Addis-Abeba en Ethiopie du 12 au 15 novembre 2013, le Bénin a pris des engagements parmi lesquels «faire passer le taux de prévalence contraceptive à 20% d’ici 2018». Dans ce cadre, le gouvernement a officiellement lancé le plan d’action national budgétisé de planification familiale, jeudi 29 janvier dernier à Cotonou. Quels sont les défis qui attendent le Bénin et quel est le rôle des Organisations de la Société civile dans l’atteinte de cet engagement ?

Les ressources nécessaires à la vie se raréfiant, les populations augmentent en dents de scie. Le manque de moyens favorise le fort taux de la mortalité maternelle et infantile avec la pauvreté ambiante. Une situation qui, de façon inéluctable, freine le développement des pays africains dont le Bénin. La planification familiale est l’un des moyens identifiés pour combattre la pauvreté. C’est pourquoi les gouvernements se sont engagés à l’encourager. Le Bénin ne pouvant se mettre en retrait a lancé son plan d’action national budgétisé de planification familiale. «Le lancement de ce plan est la concrétisation d’un engagement fort pour permettre, entre autres, au pays de relever les défis de l’accessibilité géographique et financière à la planification familiale notamment pour les communautés isolées», a déclaré le directeur exécutif de l’Ong CeRADIS, Nourou Adjibadé. Mais quels sont les défis à relever ?

Les grands axes et les défis à relever

Le plan d’action national budgétisé de la planification familiale au Bénin identifie quatre axes majeurs autours desquels devront se focaliser toutes les énergies. Il s’agit, selon Nourou Adjibadé de la demande, de l’offre, de l’environnement habilitant, du suivi et de la coordination des interventions. Par apport à chaque axe, les défis ont été identifiés et répertoriés. En matière de demande, trois ont été relevés dont le faible niveau de sensibilisation de la population en général et des femmes en particulier, la faible implication des hommes dans la santé de la reproduction familiale et la faible implication des adolescents et jeunes dans la planification familiale.
En matière d’offre, cinq défis ont été également relevés. Il s’agit du faible accès géographique dans les aires sanitaires et les zones situées au-delà du rayon des actions sanitaires, de la faible qualité de l’offre qui est liée au déficit en matière de formation ou l’absence d’équipement, de l’inadéquation des services offerts aux jeunes et adolescents, de la rupture des stocks des produits contraceptifs au niveau des points de prestation et enfin de l’offre des services de la PF par les Organisations de la Société civile.
Au niveau de l’environnement habilitant, trois défis se dégagent. Il s’agit du faible engagement des décideurs, l’insuffisance de la législation et de la règlementation en SR/PF et l’instabilité du financement de services de la PF incluant la faible contribution financière de l’Etat.
En matière de suivi et de coordination des interventions, les défis sont l’insuffisance du suivi permanent des interventions, la multiplicité des mécanismes de suivi et l’insuffisance de moyens pour le suivi. Ces défis se compliquent quand on sait que toutes les femmes n’ont pas accès aux méthodes de planification.

Les besoins non satisfaits

Aujourd’hui, plus de 220 millions de femmes dans les pays en développement ont des besoins non satisfaits en matière de planification familiale. Les besoins en matière de contraception peuvent fluctuer selon les changements, de préférence en matière de fécondité qui se produisent suite aux changements de circonstances dans la vie, comme au début d’une relation sérieuse ou lors de modifications dans les finances du ménage.
Selon la fiche de données sur la population de 2014, parmi les femmes mariées âgées de 15 à 49 ans, 13% utilisent une méthode de planification familiale. 8% des femmes utilisent des méthodes de planification modernes. 5% des femmes mariées recourent à des méthodes traditionnelles. Ces résultats montrent le faible taux d’utilisation des méthodes de planification familiale.
Les femmes peuvent donc avoir des besoins non satisfaits fluctuants, plutôt que des besoins vécus comme un événement ponctuel.
Selon la récente enquête nationale, un tiers des femmes mariées en âge de procréer ont déclaré avoir des besoins non satisfaits en matière de planification familiale au moment de l’enquête. Ce qui concerne plus de 400 000 femmes.
Les femmes qui veulent éviter une grossesse, mais qui n’utilisent pas de méthode de contraception efficace, représentent une grande majorité des grossesses non désirées. Au Bénin, environ une grossesse sur cinq n’est pas planifiée. De même, le niveau de besoins non satisfaits varie considérablement par département. Les départements du Mono et de l’Ouémé ont les plus forts taux de femmes ayant des besoins non satisfaits les plus élevés, soit 44% et 41% respectivement, tandis que la Donga enregistre le taux de besoins non satisfaits le plus faible avec 22%.

Les raisons de la non utilisation des méthodes contraceptives

Une analyse récente a révélé les quatre principales raisons pour lesquelles les femmes qui disent vouloir éviter une grossesse, n’utilisent pas la planification familiale. Les raisons liées à la méthode sont particulièrement la peur des effets secondaires. Les préoccupations en matière de santé étaient les raisons généralement citées pour justifier l’utilisation de la contraception, soit 28%.
La deuxième raison est la faible fréquence des relations sexuelles soit 25%. Beaucoup de femmes croient à tort que si elles ont seulement des rapports sexuels de temps en temps, elles n’encourent pas des risques et n’ont donc pas besoin d’utiliser la planification familiale.
La troisième principale raison pour laquelle la planification familiale n’est pas utilisée, est l'ignorance, soit 20%. Et enfin, les femmes ont cité l’opposition de leurs conjoints ou l’interdiction religieuse supposée.
Bien que le manque d’approvisionnement en contraceptifs et les problèmes logistiques liés à la fourniture des contraceptifs aux prestataires continuent d’être considéré comme un défi dans certains départements, seule une faible proportion de femmes, soit 6%, ont déclaré que le manque d’accès était la raison pour laquelle elles n’utilisaient pas la planification familiale.
Rôle des Organisations de la société civile

Afin que le Bénin puisse honorer son engagement à atteindre les objectifs fixés dans son plan d’action national budgétisé de planification familiale, les Organisations de la Société civile plus proches des populations ont un rôle prépondérant à jouer. C’est pourquoi, très mobilisée, la coalition des OSC pour le repositionnement de la planification familiale et l’Alliance Droits et Santé est créée et s’affaire. Ce lancement pour lequel les membres de la coalition des Organisations de la Société civile pour la PF se sont beaucoup mobilisés, est une nouvelle encourageante pour un meilleur accès à l’information et aux services de la reproduction pour les femmes et les jeunes au Bénin.
La Société civile, à travers la coalition, a rendu publiques des propositions concrètes. Il s’agit de l’implication effective de la Société civile dans l’opérationnalisation de ce plan qui est un impératif majeur, l’opérationnalisation du comité technique multisectoriel et du comité de pilotage du processus de repositionnement de la PF par le ministère de la Santé. Cette coalition s’engage à travailler avec les différents organes de gestion dans un esprit de franche collaboration,
Les membres de la coalition projettent la création à court terme d’une agence nationale pour la gratuité de la PF au Bénin. Elle s’engage à assurer une veille permanente et citoyenne quant au respect des engagements qui ont été pris dans ce nouveau plan novateur.