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Pour la réduction du taux de grossesses non désirées dans les collèges et lycées:Adopter l’éducation intégrée

Santé
Par   Eric TCHOGBO, le 11 févr. 2015 à 05h19

Alors que la forte densité des populations contribue à accroître la pauvreté au Bénin, le taux de grossesse non désirées ne cesse de s'accroître. Face à cette situation, les spécialistes de la promotion de la famille proposent une éducation intégrée.

« Malgré les efforts qui sont déployés à l’égard des jeunes, le taux de grossesse ne cesse d’augmenter de même que le taux des infections sexuellement transmissibles», tel est le constat fait pas la présidente nationale du mouvement d’action des jeunes à l’Association béninoise pour la promotion de la famille (ABPF), Hélène Houngbo. Selon ses explications, les jeunes représentent 33% de la population du Bénin. Il urge qu’on accorde une attention particulière à leur intention. Car, les jeunes filles n’arrivent pas à prendre les bonnes décisions en matière de sexualité. Il est obligatoire d’amener les jeunes à avoir une sexualité responsable. Au cours des grèves perlées de l’année 2014, fait-elle, remarquer, une enquête commanditée par l’ABPF a révélé 4800 grossesses déclarées. Ce qui explique que l’on doit s’inquiéter pour les jeunes élèves et étudiantes lors des congés et vacances.

Si dans certains endroits, les adolescents ont tendance à différer leur premier rapport sexuel, dans d'autres au contraire, ils franchissent très tôt le pas. Les adolescents qui ont eu leur premier rapport à un jeune âge sont beaucoup plus susceptibles d'avoir des relations avec des partenaires à haut risque ou avec de multiples partenaires. Ils sont aussi moins enclins à utiliser des méthodes contraceptives de barrière, tel le préservatif en latex, qui offrent une certaine protection contre les MST.

La prise de conscience de certains apprenants

Même si certains jeunes sont encore dans l’ignorance, d’autres sont conscients de la situation. C’est le cas de Markesse K., élève en première au CEG de Dantokpa. Pour elle, les grossesses non désirées sont très dangereuses pour les élèves. C’est pourquoi il faut tout faire pour les éviter. «Notre avenir dépend de la prévention de ces grossesses dont les conséquences sont désastreuses», a-t-elle poursuivi. Elles ont plusieurs causes dont le manque de moyens financiers. Lorsque les parents n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour s’occuper de la scolarité, du vivre, bref des besoins vitaux des enfants, confie-telle, certaines filles s’adonnent à une activité sexuelle à outrance et la puberté est mal gérée.
En dehors du manque de moyens, insiste-t-elle, il y a l’ambition démesurée des jeunes. Cette ambition consiste à passer par tous les moyens pour obtenir tout ce que l’on voit chez ses copines. Elle cite en exemple: les portables, les DVD, les belles chaussures, les bijoux et bien d’autres pacotilles.
Elizabeth D. élève en 2nde au CEG Houéyiho, estime qu’avant d’aller à l’acte sexuel, il faut se protéger et éviter l’avortement qui est facteur à risque. Lorsque les jeunes ont de la peine à se maîtriser, il leur est conseillé d’adopter les méthodes contraceptives. Par contre, les jeunes qui ne sont pas sexuellement actifs, doivent s’abstenir tout au long de leur cursus scolaire.
Alain T. élève en classe de Terminale conseille aux jeunes d’éviter la mauvaise camaraderie, parce que les mauvais amis ne donnent pas de bons conseils. C’est donc ceux-ci qui provoquent le pétrin.

Une éducation intégrée

La sexualité ne doit plus être un sujet tabou. Il faut nécessairement en parler aux jeunes pour leur garantir un avenir meilleur. Le débat doit être recentré au niveau des paires éducateurs et des relais communautaires. Pour être à l’abri des grossesses non désirées, les jeunes doivent fréquenter les centres sociaux éducatifs des adolescents et jeunes donc certains sont situés à Akpakpa, à Porto-Novo, Natitingou, Bohicon, Abomey, Savalou, Lokossa, Dogbo et à l’Université d’Abomey-Calavi.
Selon Olowo Clarisse, professeur d’Histoire et de Géographie au CEG Dantokpa, la sensibilisation et l’éducation intégrée des jeunes a une grande importance dans la mesure où, au cours de chaque année scolaire, il y a toujours des élèves filles qui tombent enceinte et n’arrivent plus à continuer leurs études.
Outre l’abandon des études, elles subissent de nombreuses conséquences de ces grossesses. Quant à la fille est enceinte et a peur de ses parents, elle peut aller avorter et en mourir. Il peut arriver qu’elle ne soit plus en mesure de faire des enfants. Au nombre des facteurs on peut compléter le harcèlement sexuel de la part de certains enseignants ou d’autres personnes, sans oublier certains élèves qui sont en quête de notes faciles. Pour réduire le taux des grossesses non désirées dans les écoles, il va falloir que l’ABPF multiplie les séances de sensibilisation afin que les élèves s’abstiennent des rapports sexuels avant la fin de leurs études. Les enseignants, de leur côté, lorsque certaines occasions se présentent, en profitent pour prodiguer de sages conseils.

Au lieu que ce soit seuls les ONG qui sensibilisent, conseille-t-elle, il est important d’amener les jeunes à prendre conscience du problème. Cette sensibilisation, dit-elle, doit être couplée à l’éducation intégrée. A travers cette forme d’éducation, il faut montrer aux jeunes qu’ils ont une grande responsabilité et un grand rôle à jouer dans la société.
«Il importe de faire la promotion du dialogue entre les parents et les enfants. Il faut beaucoup dialoguer avec les enfants», s'exclame-t-elle. Le paradoxe, fait-elle remarquer, c’est que les parents tiennent à ce que les enfants obtiennent de bonnes notes en classe ce qui n'exclue pas de leur donner des conseils sur leur sexualité. Comment convaincre l’enfant à faire un bon choix si ce n’est par le dialogue, se demande-t-elle?
«Les jeunes sont plus susceptibles d'adopter et de continuer des comportements sexuels à moindre risque que leurs aînés chez lesquels les comportements sexuels à risque sont déjà bien ancrés. La diminution des infections parmi les adolescents entraînera, à terme, la baisse du nombre des infections dans toutes les tranches d'âge. Ce qui veut dire qu'il est opportun de cibler les adolescents par les efforts de prévention», a-t-elle déploré.
Pour éviter ce genre de situations, complète Markesse K., il faut demander aux parents de parler de la sexualité à leurs enfants. Car, il existe des parents qui évitent de parler des dangers de l’acte sexuel précoce à leurs enfants. Ils ont honte d’en parler avec eux. Or les enfants ont besoin de ces conseils pour une vie sexuelle responsable. Il est important donc de connaître ces moyens et de les observer.