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25è édition de la Journée de l’Enfant africain: Halte aux mariages précoces et autres maltraitances des enfants à Parakou

Société
Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 17 juin 2015 à 05h47

Parakou n’est pas resté en marge de la commémoration, hier mardi 16 juin, de la 25e édition de la Journée de l’Enfant africain. Plus de 300 enfants de la ville, notamment des écoliers et des élèves, ont investi les rues pour plaider pour une lutte efficace contre les mariages précoces et autres violations de leurs droits.

Halte aux mariages des mineurs et à la violation des droits des enfants ! C’est le cri de cœur lancé hier par des écoliers et élèves de Parakou à la faveur d’une caravane à travers la ville. Cette manifestation s’inscrit dans le cadre de la commémoration de la Journée de l’Enfant africain placée cette année sous le thème « 25 ans après l’adoption de la Charte africaine des droits et du bien-être des enfants : accélérons nos efforts pour éliminer les mariages des enfants en Afrique». A l’occasion, les manifestants ont appelé à une prise de conscience des adultes face à ce fléau qui gangrène la société. «Plus jamais de mariage d’enfant», «Un enfant ne peut éduquer un enfant», «Non à la violation des droits des enfants», «Donnez moi mes droits», «Tolérance zéro pour le mariage des enfants», ce sont quelques messages véhiculés à travers les pancartes et banderoles par les enfants en parcourant plusieurs structures déconcentrées et décentralisées de l’administration publique : Tribunal de première instance de première classe de Parakou, Préfecture Borgou-Alibori, Mairie de Parakou, Direction départementale de la Famille, Direction départementale de l’Enseignement secondaire, Commissariat central de Parakou.

Dans le message adressé au préfet des départements du Borgou et de l’Alibori, les enfants demandent que les autorités politiques et administratives veillent à la mise à disposition des moyens nécessaires aux services compétents pour une lutte plus efficace contre les mariages précoces, la mise en place et l’équipement des écoles de seconde chance et des centres de réinsertion des enfants qui en sont victimes, la vulgarisation et l’application effective des textes. En effet, en 2007, le taux moyen de femmes de 20 à 24 ans mariées avant l’âge de 18 ans est de 37% au Bénin, selon l’UNICEF. Le phénomène de mariage de mineures est toujours plus prononcé au Nord-Bénin de nos jours: 8,8% des fillettes se marient avant l’âge de 15 ans et 31,7 % se marient avant 18 ans et les enfants issus de ces mariages sont souvent des enfants abandonnés, insiste Suanon Bakorigui, directeur départemental en charge de la Famille Borgou-Alibori.

Outre le mariage des mineures...

La malnutrition, le châtiment corporel, l’absence d’acte de naissance, le viol, la prostitution et l’exploitation sexuelle des mineures, le travail forcé, sont autant de violations des droits dont sont victimes bon nombre d’enfants. Malgré les efforts de protection des droits des enfants consentis par le gouvernement et ses partenaires techniques, fait remarquer Anicet Gnanhoui, un des porte-parole des enfants, une certaine tolérance de la violence et de l’exploitation des enfants persiste et les auteurs de ces crimes jouissent malheureusement de l’impunité. «Chers parents, nous avons faim et nous avons soif. C’est dur d’être un enfant. Quand les maîtres nous frappent à l’école et parfois nous blessent, vers qui devons-nous nous rendre?», laisse entendre Viviane Amoussou, une écolière.
Les autorités rencontrées ont pris des engagements pour veiller à l’épanouissement des tout-petits. « Nous promettons au niveau du tribunal de Parakou de veiller à ce que chaque enfant béninois ait son jugement d’autorisation de naissance, d’inscription d’acte de naissance au cas où les parents n’auraient pas respecté le délai de déclaration des naissances qui est de dix jours », s’engage, Ramanou Aboudou Ali, président du tribunal. «Chers enfants, soyez rassurés que nous nous engageons à vous protéger et à dire non au mariage des enfants», leur a lancé pour sa part, le préfet Salamatou Kora Ponou. Une table-ronde tenue après la caravane à la salle d’alphabétisation de Parakou a permis de mettre chacun devant ses responsabilités afin que la protection des enfants soit non seulement une priorité mais devienne effective.