La Nation Bénin...
Dans le département du Borgou, des acteurs
de la filière anacarde font les frais de leur entêtement, pour s’être lancés
dans une campagne de commercialisation précoce. Pour les avoir épinglés, malgré
ses nombreuses mises en garde à leur endroit, la Direction départementale de
l’Industrie et du Commerce (Ddic) du Borgou et de l’Alibori a fait fermer leurs
magasins contenant des stocks de noix d’anacarde.
Après de nombreux rappels à l’ordre, la
direction départementale de l’Industrie et du Commerce (Ddic) du Borgou et de
l’Alibori est passée à la vitesse supérieure, dans sa volonté de décourager les
acteurs de la filière anacarde qui se sont lancés dans une campagne de
commercialisation précoce sur le terrain. Elle a, mardi 27 février dernier,
procédé à la mise sous scellés des magasins d’une dizaine d’établissements dans
lesquels étaient déjà entreposés des stocks de noix d’anacarde à Kassouala et à
Tchaourou centre, dans la commune de Tchaourou. C’est suite à une descente
qu’elle a effectuée sur le terrain, puis à des vérifications menées sous la
houlette de son directeur, Rufus Sarè.
Selon les sources proches de cette direction
départementale, Rufus Sarè et les membres de son équipe n’entendent pas baisser
la garde. L’objectif est de faire respecter la règlementation en vigueur au
Bénin, s’agissant de la campagne de commercialisation au niveau de ladite
filière. Ceci, afin que la qualité et le label de la noix d’anacarde du Bénin
soient sauvegardés, le gouvernement étant décidé à œuvrer pour une
professionnalisation de la filière.
Diverses infractions relevées
De nombreuses raisons justifient ces
fermetures. On relève des infractions liées surtout à l’exploitation de
magasins clandestins installés dans des emplacements douteux. Ces lieux de
stockage sont dépourvus d’enseigne réglementaire. Mais la principale raison de
leur mise sous scellés demeure leur exploitation, alors que la campagne de
commercialisation n’a pas officiellement encore été lancée au Bénin.
En effet, des opérations d’achat et de stockage
des noix d’anacarde s’observent un peu partout, dans les différentes localités
du Borgou. Ce qui, selon le chef des activités industrielles à la Ddic
Borgou-Alibori, Léonard Mitokpè, est contraire à la règlementation en vigueur.
Seul le lancement officiel de la campagne, insiste-t-il, donne l’assurance que
le produit est arrivé à maturité pour être commercialisé. Ce qui lui garantit
une meilleure qualité à l’achat, puis une plus-value pour celui qui l’a produit.
Ainsi, les opérations d’achat qui ont lieu actuellement sont précoces et ne
garantissent pas des produits de bonne qualité pour être commercialisés. Il est
donc interdit de les déplacer vers les magasins.
Par ailleurs, il y a quelques jours, c’était le
président de la Fédération nationale des acheteurs des produits tropicaux
(Fenapat), Ibrahim Boukari, qui déplorait l’envahissement du terrain par des
acheteurs étrangers qui ne remplissent pas les conditions requises.
« La campagne n’est pas encore ouverte, et
certains ont déjà commencé par la mettre en difficulté, en amenant les produits
vers d’autres pays comme le Togo et le Nigeria. Ce qui, au regard des
investissements qui ont été faits par l’Etat béninois pour apporter une valeur
ajoutée à nos produits, n’est pas normal», dénonce-t-il. A cette allure,
estime-t-il, les transformateurs présents sur le territoire national risquent
de ne rien trouver le moment venu. «Avant d’être un acheteur, il faut avoir sa
carte professionnelle en cours de validité », souligne-t-il avant d’indiquer
que l’ambition du gouvernement est de permettre aux acteurs nationaux de
profiter davantage de la filière. Aussi appelle-t-il les acheteurs à se
comporter en responsables.
Dans l’attente du prix plancher
Par ailleurs, le ministère de l’Industrie et du
Commerce a tenu à rappeler à l’ordre tous ceux qui s’activent déjà dans la
commercialisation des noix d’anacarde sur les différents marchés, alors que le
coup d’envoi de la campagne n’est pas encore donné. A travers un communiqué, il
dénonce les agissements constatés sur le terrain en ce qui concerne les
annonces prématurées au sujet de la date de lancement et des modalités de
commercialisation des noix brutes en contradiction flagrante avec les textes en
vigueur au Bénin.
Pour l’heure, les informations concernant le
prix plancher du kilogramme d’anacarde et les prévisions de récolte ainsi que
les perspectives de récolte n’ont pas encore été révélées. Les producteurs et
les acheteurs vont devoir encore prendre patience.
Lors de la précédente campagne, le gouvernement
n’avait pas fixé de prix. Il avait mis fin à la pratique de fixation du prix
plancher des produits agricoles tels que le soja, le karité et le cajou suite à
une décision du Conseil extraordinaire des ministres en date du 21 décembre
2022. Au regard des incompréhensions, des plaintes enregistrées et de la
confusion entre prix plancher et prix de cession homologué, il avait dû lever
la mesure de prix plancher d’achat aux producteurs afin de leur permettre de
vendre librement leurs récoltes au mieux de leurs intérêts et en fonction de
l’évolution du marché.