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Commercialisation précoce des noix d’anacarde: Plusieurs magasins de stockage mis sous scellés dans le Borgou

Société
Un des magasins mis sous scellés Un des magasins mis sous scellés

Dans le département du Borgou, des acteurs de la filière anacarde font les frais de leur entêtement, pour s’être lancés dans une campagne de commercialisation précoce. Pour les avoir épinglés, malgré ses nombreuses mises en garde à leur endroit, la Direction départementale de l’Industrie et du Commerce (Ddic) du Borgou et de l’Alibori a fait fermer leurs magasins contenant des stocks de noix d’anacarde.

Par   Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori, le 29 févr. 2024 à 01h35 Durée 3 min.
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Après de nombreux rappels à l’ordre, la direction départementale de l’Industrie et du Commerce (Ddic) du Borgou et de l’Alibori est passée à la vitesse supérieure, dans sa volonté de décourager les acteurs de la filière anacarde qui se sont lancés dans une campagne de commercialisation précoce sur le terrain. Elle a, mardi 27 février dernier, procédé à la mise sous scellés des magasins d’une dizaine d’établissements dans lesquels étaient déjà entreposés des stocks de noix d’anacarde à Kassouala et à Tchaourou centre, dans la commune de Tchaourou. C’est suite à une descente qu’elle a effectuée sur le terrain, puis à des vérifications menées sous la houlette de son directeur, Rufus Sarè.

Selon les sources proches de cette direction départementale, Rufus Sarè et les membres de son équipe n’entendent pas baisser la garde. L’objectif est de faire respecter la règlementation en vigueur au Bénin, s’agissant de la campagne de commercialisation au niveau de ladite filière. Ceci, afin que la qualité et le label de la noix d’anacarde du Bénin soient sauvegardés, le gouvernement étant décidé à œuvrer pour une professionnalisation de la filière.

Diverses infractions relevées

De nombreuses raisons justifient ces fermetures. On relève des infractions liées surtout à l’exploitation de magasins clandestins installés dans des emplacements douteux. Ces lieux de stockage sont dépourvus d’enseigne réglementaire. Mais la principale raison de leur mise sous scellés demeure leur exploitation, alors que la campagne de commercialisation n’a pas officiellement encore été lancée au Bénin.

En effet, des opérations d’achat et de stockage des noix d’anacarde s’observent un peu partout, dans les différentes localités du Borgou. Ce qui, selon le chef des activités industrielles à la Ddic Borgou-Alibori, Léonard Mitokpè, est contraire à la règlementation en vigueur. Seul le lancement officiel de la campagne, insiste-t-il, donne l’assurance que le produit est arrivé à maturité pour être commercialisé. Ce qui lui garantit une meilleure qualité à l’achat, puis une plus-value pour celui qui l’a produit. Ainsi, les opérations d’achat qui ont lieu actuellement sont précoces et ne garantissent pas des produits de bonne qualité pour être commercialisés. Il est donc interdit de les déplacer vers les magasins. 

Par ailleurs, il y a quelques jours, c’était le président de la Fédération nationale des acheteurs des produits tropicaux (Fenapat), Ibrahim Boukari, qui déplorait l’envahissement du terrain par des acheteurs étrangers qui ne remplissent pas les conditions requises.

« La campagne n’est pas encore ouverte, et certains ont déjà commencé par la mettre en difficulté, en amenant les produits vers d’autres pays comme le Togo et le Nigeria. Ce qui, au regard des investissements qui ont été faits par l’Etat béninois pour apporter une valeur ajoutée à nos produits, n’est pas normal», dénonce-t-il. A cette allure, estime-t-il, les transformateurs présents sur le territoire national risquent de ne rien trouver le moment venu. «Avant d’être un acheteur, il faut avoir sa carte professionnelle en cours de validité », souligne-t-il avant d’indiquer que l’ambition du gouvernement est de permettre aux acteurs nationaux de profiter davantage de la filière. Aussi appelle-t-il les acheteurs à se comporter en responsables. 

Dans l’attente du prix plancher

Par ailleurs, le ministère de l’Industrie et du Commerce a tenu à rappeler à l’ordre tous ceux qui s’activent déjà dans la commercialisation des noix d’anacarde sur les différents marchés, alors que le coup d’envoi de la campagne n’est pas encore donné. A travers un communiqué, il dénonce les agissements constatés sur le terrain en ce qui concerne les annonces prématurées au sujet de la date de lancement et des modalités de commercialisation des noix brutes en contradiction flagrante avec les textes en vigueur au Bénin.   

Pour l’heure, les informations concernant le prix plancher du kilogramme d’anacarde et les prévisions de récolte ainsi que les perspectives de récolte n’ont pas encore été révélées. Les producteurs et les acheteurs vont devoir encore prendre patience.

Lors de la précédente campagne, le gouvernement n’avait pas fixé de prix. Il avait mis fin à la pratique de fixation du prix plancher des produits agricoles tels que le soja, le karité et le cajou suite à une décision du Conseil extraordinaire des ministres en date du 21 décembre 2022. Au regard des incompréhensions, des plaintes enregistrées et de la confusion entre prix plancher et prix de cession homologué, il avait dû lever la mesure de prix plancher d’achat aux producteurs afin de leur permettre de vendre librement leurs récoltes au mieux de leurs intérêts et en fonction de l’évolution du marché.