La Nation Bénin...
Après la reconnaissance internationale de l'Économie
Sociale et Solidaire (ESS) par les Nations Unies en avril 2023, chaque État
membre doit la promouvoir et la sécuriser juridiquement au niveau national. Le
Bénin est attendu pour donner un signal fort.
« L'Economie Sociale et Solidaire (ESS) désigne un ensemble
de structures poursuivant un objectif d’utilité sociale et dont le
fonctionnement interne et les activités sont fondés sur des principes
d’inclusion et de solidarité. » Le monde se tourne, plus que jamais vers l’ESS
! C’est un "moteur de changement" et un levier pour atteindre les
objectifs de développement durable auquel le Bénin ne peut se soustraire,
surtout avec sa reconnaissance par la résolution de l'Assemblée générale des
Nations Unies le 18 avril 2023. Ladite résolution encourage d’ailleurs les
États membres à élaborer des cadres juridiques spécifiques, mettant en évidence
la contribution de l’ESS, à établir des statistiques nationales et à offrir des
incitations dans le domaine fiscal et celui des marchés publics.
Ce ne sont donc pas les arguments pour faire comprendre le
rôle que peut jouer l'ESS dans la construction d'un avenir durable, juste et
résilient pour tous qui manquent. « Ce concept est en train de gagner du
terrain et nous devons saisir l'occasion », clament les acteurs. Il est plutôt
temps, au Bénin, de passer à des actes concrets tels que l'élaboration d'un
cadre juridique et la définition des outils d'aide et de financement. Ainsi,
cet ensemble de structures organisées sous différentes formes statutaires,
coopératives, mutuelles, associations, fondations et entreprises sociales se
verra plus à même de créer des richesses, de l'activité économique, du lien
social, des emplois, tout en favorisant la cohésion sociale.
Rejoindre la force du changement
Dans un contexte de crise, l'ESS a le potentiel de
remodeler l'économie classique grâce à des modèles inclusifs et durables. Ce
n'est pas pour rien qu'elle bénéficie d'une reconnaissance de l'Organisation
Internationale du Travail (OIT) et de l'Organisation de Coopération et de
Développement Économique (Ocde). Déjà 30 pays dans le monde, dont cinq États
africains, ont décidé de rejoindre cette force du changement social. Il s'agit
du Cap-Vert en 2016, du Cameroun et de Djibouti en 2019, de la Tunisie en 2020
et du Sénégal en 2021, avec une législation qui sécurise l'économie sociale et
solidaire.
Le Bénin devra faire de même pour aider les entreprises à
utiliser l'efficacité économique pour atteindre des objectifs sociaux et
environnementaux, à apporter des solutions pour réduire les inégalités. « Les
aides publiques sont souvent focalisées sur les subventions et dons.
Subventionnez une Ong, elle atteindra ses objectifs sociaux et recommencera la
recherche de subventions. Subventionnez une entreprise sociale au démarrage :
elle atteint ses objectifs sociaux et la viabilité économique, pouvant ainsi continuer
par elle-même ses activités », a dit Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix en
2006, dans un de ses livres. C'est une manière tout simplement de multiplier
l'impact. Et cela commence par un cadre juridique et institutionnel favorable à
l'émergence de ce type d'entreprise au Bénin.