La Nation Bénin...
Le Syndicat libre des travailleurs de la Société du développement du Coton (SYLTRA-SODECO) est monté au créneau, vendredi 27 février dernier, pour dénoncer la gestion faite par le gouvernement des usines de cette société. Au détour d’une conférence de presse à la Bourse du travail, le secrétaire général dudit syndicat, Idrissou Bouraïma, a dressé une liste d’actes posés par le gouvernement et qui, à terme, risque de faire disparaître la société. Il avait à ses côtés le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin) Dieudonné Lokossou.
La réquisition des usines de la SODECO et de son personnel suivie de la nomination par le gouvernement d’un coordonnateur en la personne du directeur général de la Société nationale pour la promotion agricole (SONAPRA) Idrissou Bako ne finit pas de faire des vagues dans le rang des travailleurs. Cette situation, selon le SYLTRA-SODECO est à la base du fait qu’une partie du personnel se retrouve sous-employée et privée de ressources financières. Au nombre des griefs portés à l’encontre de la SONAPRA et donc du gouvernement, la réquisition de ses usines et de son personnel, le point des dépenses d’exploitation des usines conformément aux dispositions contenues dans le décret N°2014-003 du 10 janvier 2014, le remboursement des dettes depuis la campagne 2012-2013 à ce jour, la décision de faire égrener le coton béninois dans les pays de la sous-région. Pour le secrétaire régional zone sud Vladimir Guèdègbé, cette décision va engendrer de graves conséquences sur l’économie nationale mais également sur la situation des travailleurs des sociétés d’égrenage de coton en général et de la SODECO en particulier.
Par cette sortie médiatique, le SYLTRA-SODECO voudrait rappeler au chef de l’Etat que 90% des travailleurs risquent de perdre leur emploi du fait de la réquisition et du non-paiement à temps des frais de prestation d’égrenage. Aussi, voudraient-ils prendre l’opinion nationale et internationale à témoin des situations dommageables créées à la SODECO et à ses travailleurs par le directeur général de la SONAPRA, Idrissou Bako.
Dans cette lutte, le SYLTRA-SODECO a reçu le soutien du secrétaire général de la CSA-Bénin Dieudonné Lokossou qui, au regard de la dégradation de la situation sociale de la SODECO depuis la réquisition de ses usines par le gouvernement, interpelle le chef de l’Etat afin que cette anomalie soit corrigée. Pour lui, la réquisition n’est pas éternelle. Elle prendra fin tôt ou tard. Pour cela, il invite le chef de l’Etat à demander des comptes au DG/SONAPRA. Il menace d’entrer dans la danse si Idrissou Bako ne clarifie pas la situation.
Deux poids, deux mesures
Créée le 15 octobre 2008, la SODECO est une société anonyme avec un Conseil d’administration au capital de 34 milliards de francs CFA. Elle est une société d’économie mixte née de la privatisation de l’outil industriel de la SONAPRA. Ayant pour objet l’égrenage et la commercialisation du coton, elle dispose de 10 usines réparties sur l’ensemble du territoire. Mais au cours de la campagne 2013-2014, le gouvernement par les décrets N°2014-003 et N°2014-004 du 10 janvier 2014, a pris la décision de réquisitionner l’ensemble des usines de la SODECO et de son personnel et la nomination du DG/SONAPRA comme coordonnateur desdites usines.
Cette situation a entraîné, selon le SYLTRA-SODECO, une scission de la société dans la mesure où le personnel des usines réquisitionnées se retrouve sous la coupole du coordonnateur désigné par le gouvernement, pendant que le personnel de la direction générale devient sous employé et privé de ressources financières. Par ailleurs, l’article 4 du décret N°2014-003 stipule que la SONAPRA doit verser une somme de soixante mille francs (60 000f) CFA par tonne de coton égrené. Ce qui selon le SYLTRA-SODECO n’a jamais été fait.