La Nation Bénin...
Depuis
la déclaration de Nouakchott en 2013, le pastoralisme en Afrique a connu des
avancées notables grâce à un soutien renforcé des partenaires internationaux.
Une publication de la Banque mondiale met en lumière ces progrès, tout en
projetant une transition nécessaire en Afrique de l’ouest.
Avec
plus de 20 millions de personnes en Afrique de l’ouest dépendant du
pastoralisme pour leur survie et une contribution estimée à 15 % du Pib dans le
Sahel, cette activité est au cœur de l’économie et de la stabilité en Afrique.
Pourtant, au fil des années, les chocs climatiques, la pression foncière et les
conflits ont fragilisé ce mode de vie séculaire du secteur. Dix ans après la
déclaration de Nouakchott, où en est réellement le pastoralisme en Afrique ? A
cette question, la Banque mondiale a tenté une approche de réponse dans sa
publication sur le sujet, reconnaissant que des progrès notables ont été faits,
en dépit des défis persistants qui restent à relever.
Face à ces enjeux, la déclaration de Nouakchott, adoptée en 2013 et qui appelle à une réponse renforcée en faveur d’un pastoralisme plus résilient, a marqué un tournant décisif dans plusieurs pays du continent. Ceci a conduit à la naissance de plusieurs projets soutenus par la Banque mondiale et d’autres partenaires, notamment dans le Sahel. Des programmes qui ont permis d’importantes avancées avec la formation des vétérinaires, des parcs de vaccination installés et des animaux vaccinés, réduisant ainsi la mortalité du cheptel et améliorant la productivité. En parallèle, la gestion durable des terres pastorales a été renforcée et les couloirs de transhumance ont été délimités afin de sécuriser la mobilité et l’accès aux ressources. Par ailleurs, l’accès à l’eau a connu une nette amélioration avec la construction de points d’eau supplémentaires. L’amélioration des infrastructures de marché et l’accès au crédit ont également permis de renforcer la résilience économique et de diversifier les sources de revenus des personnes concernées. La Banque mondiale souhaite vivement une transition de l’élevage en Afrique de l’ouest pour véritablement redorer le blason du secteur comme c’est le cas au Sahel.
Des efforts fournis
Le
Bénin, à l’instar de plusieurs pays de la région, a mis en place des stratégies
spécifiques pour renforcer son secteur pastoral. À travers des projets comme le
Programme de productivité agricole en Afrique de l’ouest (Ppaao) et des
initiatives locales, le pays s’est engagé dans la modernisation de l’élevage.
Des centres de vaccination et des infrastructures de stockage de fourrage ont
été construits pour garantir la santé du bétail et améliorer
l’approvisionnement en nourriture durant les saisons sèches. En 2021, le Haut
commissariat à la sédentarisation des éleveurs (Hcse) a été créé pour mieux
gérer la question du pastoralisme au Bénin.
De plus, le pays a développé des corridors pastoraux et des points d’eau pour faciliter la mobilité du bétail et minimiser les conflits avec les agriculteurs. Cependant, malgré ces avancées, de nouveaux défis se profilent. La Banque mondiale fait savoir que le changement climatique aggrave la désertification et réduit la disponibilité des ressources en eau et des pâturages. La croissance démographique et les tensions foncières accentuent la pression sur les terres, provoquant une augmentation des conflits entre pasteurs et agriculteurs. De plus, les restrictions croissantes sur les mouvements transfrontaliers des troupeaux entravent la pratique du pastoralisme. Dans ce contexte, le Forum de haut niveau Nouakchott+10, tenu en novembre 2024, a permis de réévaluer les stratégies et de renforcer les engagements en faveur du pastoralisme. Les discussions ont mis en avant la nécessité d’une gestion innovante des ressources naturelles, la protection des couloirs de transhumance et l’amélioration de l’accès à l’eau. La sécurisation des zones pastorales, le renforcement des chaînes de valeur du bétail et l’inclusion des femmes et des jeunes dans la prise de décision ont été identifiés comme des priorités. Aujourd’hui, la modernisation et la protection du pastoralisme apparaissent comme des enjeux cruciaux pour la stabilité et le développement durable en Afrique de l’ouest. Pour garantir l’avenir de cette activité vitale, un engagement renouvelé des gouvernements, des bailleurs de fonds et des acteurs du secteur privé est indispensable. La prochaine décennie sera décisive pour relever ces défis et faire du pastoralisme un levier de croissance et de résilience pour les populations.