Promotion de l’identité culturelle africaine: Des prix aux porteurs de prénoms indigènes à Abomey

Les prénoms africains disparaissent au profit de ceux des autres.  Ce   constat a suscité des initiatives telles que la remise de prix aux élèves des établissements publics et privés d’Abomey   portant uniquement des noms et prénoms indigènes, organisée par l’Ong Oyédayo pour le réveil de l’Afrique (Ora). Selon Akiorè Oyédékpo Edon, spécialiste des études afro-américaines et président de ladite Ong, il urge de défendre et de restaurer l’identité africaine en perdition dans la mesure où la peau noire et les noms significatifs que ses filles et ses fils portent en fonction de leurs langues, de leurs ethnies, de leurs origines et d’autres facteurs sont les valeurs qu’il reste à l’Afrique après s’être dépossédée de tout. « De façon plus claire, nous, membres de l'Ong Ora, sommes venus vous expliquer et vous convaincre de la nécessité impérieuse de laisser les noms des autres aux autres et de commencer par porter nos noms qui constituent en grande partie notre marque identitaire. Quelques-uns de ces noms sont Fati, Sessi, Bio, Shadé, Ayaba, Cossi, Coffi, Tona, Abakė, Ahovi, Oyédola, Assiba, Dona, Médéton …» a précisé le spécialiste des études afro-américaines. A l’en croire, porter ces noms, c’est affirmer sa dignité, assurer son indépendance et sa liberté. « La mondialisation ne doit pas signifier se renier, renier sa racine, sa source, ou mettre les bagages de quelqu'un soigneusement sur la tête au moment où on laisse les siens sous ses bras trainant au sol », a-t-il martelé. Avec plusieurs exemples et citations d’auteurs africains, il a montré toute l’importance de porter les prénoms indigènes en encourageant les parents qui ont très tôt compris l’enjeu à continuer.

Quant aux autres, il demande de se réveiller et de prendre conscience en se mettant au-dessus des préjugés. « Nous tenons à vous préciser que les noms purement indigènes ne sauraient être synonymes de la malchance ou de la malédiction comme vous le pensez », a-t-il rassuré.  Il a ajouté que le nom n’est pas un critère de réussite, d’échec ou d’accès au paradis ou non. « Accepter de porter les noms des autres contre les nôtres à la fois riches et pleins de sens est synonyme de myopie intellectuelle, d'esclavage gratuit, voire de maladie mentale », déplore-t-il.

Les participants à la cérémonie ont loué l’initiative de l’Ong. Les quinze lauréats, après avoir reçu leurs prix composés d'ouvrages et d’une enveloppe financière, ont témoigné leur gratitude à l’Ong Ora en promettant d’être les ambassadeurs de ce combat de port de prénoms africains.  

Créée le 30 octobre 2022 à Abomey, l'Ong Ora est une organisation pan humaniste. Elle intervient essentiellement dans les domaines de l'éducation, de la culture puis des valeurs humaines, sociales et universelles■