La Nation Bénin...
Avec l’ouvrage « Cadre juridique et institutionnel de lutte contre la piraterie maritime dans le golfe de Guinée à l’épreuve du temps : analyses et perspectives », lancé, ce samedi 5 avril à Cotonou, le magistrat Flého Marc Gbègnidé signe un essai rigoureux et engagé sur les défis de la sécurité maritime en Afrique de l’ouest.
La
mer a longtemps fasciné, nourri les fantasmes et éveillé les peurs. Mais
aujourd’hui, dans le golfe de Guinée, elle est surtout le théâtre d’un
phénomène aux lourdes conséquences géopolitiques et économiques : la piraterie
maritime. C’est dans ce contexte que s’inscrit la parution de l’ouvrage
intitulé « Cadre juridique et institutionnel de lutte contre la piraterie
maritime dans le golfe de Guinée à l’épreuve du temps: analyses et perspectives
», de Flého Marc Gbègnidé, magistrat béninois. Un ouvrage de 229 pages qui
entend éclairer, questionner et outiller les acteurs du secteur. Formé en 2023
au master en droit et sécurité des activités maritimes et océaniques à
l’université de Nantes, en collaboration avec l’Institut de sécurité maritime
interrégionale (Ismi) d’Abidjan, l’auteur n’en est pas à ses premiers pas dans
la recherche, mais signe ici sa première publication sur cette thématique
cruciale.
Une
plongée dense et structurée dans les dispositifs juridiques et institutionnels
mis en place pour faire face à une menace transnationale aux multiples ramifications.
L’étude s’articule autour de deux grandes interrogations : dans quelle mesure
le cadre juridique actuel est-il efficace face à la piraterie ? Et quels
ajustements sont nécessaires pour renforcer l’arsenal existant ? L’approche est
pluridisciplinaire, mêlant droit international, droit maritime et analyse
politique. La première partie de l’ouvrage se veut une revue exhaustive des
dispositifs internationaux, régionaux et nationaux (notamment la Convention des
Nations Unies sur le droit de la mer et les résolutions du Conseil de sécurité
de l’Onu, le code de conduite de Yaoundé, les initiatives de la Cedeao et de
l’Union africaine). Le Bénin y occupe une place singulière. Le pays est
aujourd’hui pionnier en Afrique de l’ouest à avoir mis en place un système
intégré de surveillance et de sécurisation de sa côte. L’auteur y salue
également les efforts de la Cour de répression des infractions économiques et
du terrorisme (Criet) dans le traitement des affaires de piraterie.
Recommandations
La
deuxième partie porte sur des perspectives d’amélioration avec le renforcement
des législations nationales, la coopération régionale accrue, la dotation de
moyens logistiques, la mise en place d’un fonds régional dédié à la sécurité
maritime. Autant de recommandations concrètes, utiles à la fois aux décideurs politiques, aux acteurs
opérationnels et partenaires internationaux.
Parrain
de l’ouvrage, le contre-amiral Fernand Maxime Ahoyo, préfet maritime, y perçoit
un travail critique, documenté et profondément utile. Pour lui, cet ouvrage
pourrait influencer durablement la stratégie régionale de lutte contre la
piraterie et contribuer à bâtir un espace maritime africain plus sûr et plus
prospère. Adam Moussa, directeur de cabinet du ministre de la Justice et de la
Législation, salue pour sa part une œuvre qui favorise la coopération
internationale, adapte les politiques de sécurité aux réalités du terrain et
sensibilise toutes les parties prenantes. Il insiste sur l’impact économique
direct de la piraterie, qui grève le coût du transport maritime, renchérit les
prix des biens importés et affecte les populations.
Quant à l’auteur, il rappelle le rôle vital des mers pour l’humanité et pour le développement des États côtiers. « Le transport maritime est le poumon du commerce africain. Protéger nos côtes, c’est préserver nos économies », a-t-il clarifié. Le livre est aussi une invitation à la poursuite de la recherche. Car comme le reconnaît Flého Marc Gbègnidé, de nombreux défis subsistent, notamment en matière d’impact économique, d’évolution des stratégies criminelles et de partenariats public-privé pour financer la sécurité maritime. Cette œuvre érudite et engagée s’impose ainsi comme un jalon majeur dans le débat sur la gouvernance maritime en Afrique de l’ouest. Elle ouvre la voie à des réformes courageuses, adaptées aux réalités du golfe de Guinée, et incarne la volonté d’une génération nouvelle de juristes africains décidés à défendre leur espace maritime avec rigueur, intelligence et ambition.