Les feux tricolores de Cotonou et d’Abomey-Calavi sont toujours pris d'assaut par les vendeurs à la sauvette qui se faufilent entre les véhicules à l’arrêt au feu rouge, à la recherche de clients circonstanciels. Au feu vert, ils libèrent le passage pour ne pas se faire renverser. Leur nombre s’accroît de jour en jour, malgré les nombreuses interdictions.
Gisèle Houngan, vendeuse de fruits dans les feux tricolores du carrefour Iita à Abomey-Calavi, donne les raisons pour lesquelles elle s’adonne toujours à cette pratique : « Je sais pertinemment que l’Etat a interdit la vente dans les feux tricolores, mais je n’ai pas assez d’argent pour louer une boutique. C’est pour cette raison que je reviens à chaque fois que la police nous renvoie ». Des propos soutenus par Justin Yarou, vendeur de carnets : « Cela fait 3 ans que je vends ces carnets ici. Les policiers n’ont jamais cessé de nous chasser, mais lorsqu’ils partent nous revenons pour chercher un peu d’argent. » Bruno Montcho, sociologue de la débrouille et de la déviance, pense que ces vendeurs ont raison de revenir, car ils ne comprennent pas l’objectif que visent les municipalités de Cotonou et de Calavi.
Ayant constaté que la situation ne cesse d’empirer et constitue une source d’insécurité pour eux-mêmes ainsi que pour les usagers de la route, l’autorité préfectorale a invité ces vendeurs à se diriger vers les centres marchands pour exercer leurs activités en toute sécurité. Malheureusement, ceux-ci n’ont pas cru devoir s’exécuter. Pour Armand Sodokpa, assistant du directeur de la police municipale, « la recrudescence est due à l’entêtement des auteurs malgré l’implication des deux polices, municipale et républicaine. » Le sociologue Bruno Montcho explique que les forces de l’ordre et de sécurité publique très engagées au départ ont, elles aussi, baissé la garde. Un avis que ne semble pas partager Armand Sodokpa. Il estime, par contre, qu’il n’y a pas eu de relâchement mais plutôt un programme de répression que la police suit et met en œuvre de façon périodique.
Au demeurant, le constat qui se dégage est que pour une énième fois, la lutte contre la vente à la sauvette rencontre la résistance des acteurs. Le ballet des vendeurs ambulants, dans les feux tricolores, se poursuit et continue de projeter une mauvaise image des villes?