La Nation Bénin...
A l’issue du Festival des centres et classes sportifs de
volleyball tenu du 1er au 3 août à Lokossa, l’expert Mouhamadou Chabi Talata se
félicite de la qualité de l’organisation, du niveau de jeu observé, mais
surtout des progrès réalisés à la base. Dans cet entretien, il partage ses
impressions, ses ambitions pour le volleyball béninois, et plaide pour une
structuration plus rigoureuse du travail afin d’emmener le Bénin sur la scène
mondiale.
La Nation : Quelles sont vos impressions au terme du Festival des centres et classes sportifs ?
Mouhamadou Chabi Talata :
Au regard du festival des centres d'entraînement et des
classes sportives qui s’est tenu à Lokossa à l’initiative de mon collègue
expert en charge des départements du Mono et du Couffo, Mbaye Dème, je dirais
tout simplement que mes impressions sont très bonnes. Ce festival s’inscrit
dans la continuité de ce qui a été réalisé lors du dernier championnat scolaire
organisé par le ministère des Sports, à travers l’Obssu, à Aplahoué. Pour nous,
techniciens, c’est toujours un plaisir de voir les enfants évoluer et révéler
tout le potentiel dont ils disposent.
J’ai d’autant plus de satisfaction que le centre d'entraînement vainqueur de la compétition chez les garçons U17 est celui de Gbéto, dans lequel j’interviens régulièrement dans le département de l’Atlantique. Il faut souligner que ce même centre, à travers les élèves du Ceg Gbéto, avait déjà été sacré champion du Bénin dans la catégorie U15 au niveau scolaire. Pour ce festival, j’avais fait le choix de les faire évoluer en U17 afin de les confronter à des adversaires plus âgés, dans une logique d’apprentissage. Et chemin faisant, ils ont tenu tête à toutes les autres équipes. C’est pourquoi, je dis que mes impressions vont bien au-delà de mes espérances
Comment jugez-vous le niveau de la compétition chez les jeunes ?
Le niveau a été globalement satisfaisant. Les enfants nous ont gratifiés de très belles rencontres et de gestes techniques très intéressants. Il faut reconnaître que, du côté des garçons, le niveau était plus relevé que chez les filles. Cela s’explique par le fait que les filles ont été intégrées à cette dynamique seulement cette année. Les garçons, eux, avaient déjà eu l’opportunité de participer l’an dernier, ce qui leur a permis d’engranger de l’expérience. Mais je suis convaincu que l’année prochaine, les équipes féminines proposeront un tout autre visage, avec des performances plus abouties.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué lors de ce festival ?
Plusieurs éléments m’ont marqué. Tout d’abord,
l’organisation. Quand ce n’est pas l’État qui porte un événement, mais plutôt
un particulier, on redoute souvent des insuffisances. Mais ici, l’appui des
autorités locales a été déterminant. Je tiens à saluer l’engagement du maire de
Lokossa, du directeur départemental des Sports, ainsi que des chefs
traditionnels. Tous ont répondu présents. En tant que responsable ayant engagé
mes centres, j’avoue que j’avais des appréhensions concernant la prise en
charge. Mais, au final, tout s’est bien passé. Les enfants ont été bien logés,
nourris et la sécurité était assurée.
Un autre fait marquant a été la présence des centres d’entraînement venus du Togo, ce qui a conféré une dimension internationale à la compétition. Il y a aussi eu une grande convivialité entre les délégations. Et surtout, les enfants ont su faire preuve d’un esprit exemplaire : aucune agressivité, beaucoup de discipline, et un réel respect des consignes. L’objectif étant de permettre aux enfants d’exprimer leur talent, je crois que cela a été pleinement atteint.
Avec le travail effectué à la base, pensez-vous que le volleyball béninois a de beaux jours devant lui ?
Oui, assurément. Ce qui se fait actuellement à la base,
avec les centres et les classes sportifs, est porteur d’avenir. La vision du
ministère des Sports favorise désormais une collaboration étroite entre les
experts et les fédérations. Cela permet une meilleure structuration du travail,
une coordination plus fluide avec les entraîneurs, les CTR (Conseillers
techniques régionaux) et autres techniciens. Nous sommes dans une dynamique
d’organisation, de planification et d’encadrement plus rigoureuse.
On n’a pas besoin d’être devin pour comprendre que le volleyball béninois sera l’un des sports phares d’ici cinq ans. Durant ces deux jours à Lokossa, l’engouement des jeunes, leur détermination, leur envie de gagner… tout cela montre qu’on peut espérer. Mon objectif est clair : d’ici 2027, je souhaite que le Bénin participe au championnat du monde des U17. Si le travail continue ainsi, je vous assure que ce rêve deviendra réalité.
Quels sont, selon vous, les axes d’amélioration pour un avenir meilleur du volleyball béninois ?
Il reste des efforts à fournir, notamment en matière de structuration. Il faut planifier, programmer, organiser de façon méthodique nos activités. L’improvisation ne doit plus avoir sa place. Grâce au leadership du président de la Fédération béninoise de volleyball, El Hadj Ali Yaro, on note une amélioration dans la gestion et la structuration du secteur. Quand on voit ces jeunes évoluer avec autant de plaisir, c’est bien le signe que le travail porte ses fruits. Nous pouvons faire encore mieux, mais les premiers résultats sont là. Il faut maintenant consolider ces acquis et poursuivre sur cette lancée.
Nous arrivons au terme de cet entretien. Votre mot de la fin ?
Je dirais que c’est un satisfecit total. J’ai participé à
ce festival avec les équipes féminines et masculines du centre de Gbéto. Pour
les filles, l’objectif était d’apprendre. Quant aux garçons, bien que de
catégorie U15, je les ai volontairement alignés en U17 pour les aguerrir. Et
contre toute attente, ils ont remporté la compétition. C’est une immense
fierté.
Je souhaite que de telles initiatives se multiplient dans
tous les départements. Il serait souhaitable que là où les centres
d'entraînement sont nombreux, on organise ces genres de compétitions, afin de
stimuler l’émulation et d’accroître les opportunités de détection. Cela
permettrait de constituer des équipes départementales plus compétitives et, à
terme, de bâtir une solide équipe nationale.
Enfin, je tiens à souligner le rôle des journalistes dans
cette dynamique. Grâce à vous, le travail accompli est visible. Vous êtes des
acteurs essentiels du développement du sport. D’ailleurs, je vous annonce qu’un
séminaire destiné aux parents sera bientôt organisé dans l’Atlantique-Littoral.
Il est temps de sensibiliser les familles au rôle qu’elles ont à jouer dans la
réussite scolaire et sportive de leurs enfants. Car sans l’implication des
parents, les efforts de l’Etat et des encadreurs risquent d’être vains.
L’expert Mouhamadou Chabi Talata plaide pour une structuration plus rigoureuse